28 octobre 2010

Le top 10 des endroits qui poussent au suicide

Je pense qu’il faudrait faire un top 10 des endroits qui veulent notre mort parce que le capitalisme et les Francs-maçons trouvent qu’on est trop nombreux sur terre et cherchent clairement à nous pousser au suicide.

Je pense que si on faisait ce top 10, Leroy-Merlin serait hyper bien noté.

Déjà, un endroit qui vous conseille de TOUT assortir dans votre maison, c’est clairement un lieu malsain. Faites vous un appartement uniformément vert caca – des assiettes à la housse de couette. Ou uniformément bleu horizon. Ou tout rouge. Je voulais prendre en photo les suggestions déco mais j’ai eu peur que mon iphone gerbe sa carte sim.

Mais j’ai trouvé des exemples sur le site :

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D’abord, je pense qu’il faut qu’ils révisent leur définition de « tons chauds ». Ensuite « On se croirait aux portes du désert »… On se croirait surtout aux portes de La Mer de sable d’Ermenonville.

Tant qu’on y est à dire du mal, on va pas se priver de se foutre de la gueule du site de la Mer de sable – ils ont même pas pensé que ça serait plus classe de prendre un nom de domaine avec des tirets. Nein. Ils ont assumé, l’url c’est merdesable.fr. Et y’a pas à dire, ils savent vous donner envie d’aller vous faire piquer votre portable par des racailloux de 12 ans :

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Si ça c’est pas l’attraction qui fait rêver mes amis! Ca vaut bien le coup d’aller claquer 19,50 euros pour jouer à désembourber un 4×4 enlisé dans le sable.

Bref. Quitte à dire des trucs pas intéressants, revenons à Leroy Merlin. Moi, j’avais un problème de rideaux parce que j’ai une vie absolument fascinante en ce moment. J’ai passé 20 minutes à essayer de comprendre les différents systèmes d’attaches de rideaux – c’était bien utile de lire Baudrillard quand j’étais étudiante si c’est pour rien entraver à des notices d’emploi d’attaches de rideaux.

Après ces 20 minutes, j’ai craqué, je suis allée au rayon rideaux de douche (c’était vraiment une journée palpitante). C’est un mystère pour nombre de psychiatres en France mais le rayon rideaux de douche c’est toujours le rayon où je vais me réfugier dans ce genre de magasins. Je sais pas. Je m’y sens bien. A ma place.

Comme je pouvais pas non plus y rester toute l’après-midi malgré l’intense sensation de bien-être que me procurait la vue des attaches de rideaux de douche (ça c’est de l’attache qui encule, juste des anneaux en plastique qu’on peut tordre), j’ai décidé de remonter et d’affronter la file d’attente.

La file d’attente à Leroy-Merlin, c’est typiquement un endroit où quand tu poireautes, seule, en ayant mal au dos, les mains encombrées parce que t’as refusé de prendre un petit panier qui pousse à la consommation (c’est un truc de gens pauvres, même au supermarché, quand j’étais fauchée, je prenais jamais de panier, le chariot n’en parlons pas, je me disais que comme ça je ne pouvais pas acheter plus que ce que mes mains pouvaient tenir et allez savoir pourquoi, je pensais qu’il y avait une équivalence entre la taille de mes mains et le déficit de mon compte en banque). Donc, j’étais seule et fatiguée et j’attendais. Au début, j’étais calme. Un peu absente. Et puis j’ai commencé à regarder l’environnement autour de moi et là, là, j’ai ressenti la vacuité totale de mon existence. C’était un moment très fort.

Devant moi, y’avait ça :

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Je peux pas dire que j’ai eu envie de mourir parce que c’est pas vrai. J’avoue que j’ai quand même été prise d’une vague envie d’avaler des clous rouillés. Mais j’ai surtout senti que la frontière entre la vie et la mort, parfois, est incroyablement fine et perméable. Un peu comme cette ligne verte pas droite qu’on voit en bas de la photo.

Pour que vous saisissiez l’horreur absolue, je vous fais un tour d’horizon. Donc devant moi, vous avez vu. Au-dessus de ma tête, y’avait ça :

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Evidemment, ce qu’il faut comprendre ce n’est pas « à partir de ce point votre attente ne dépassera pas 5 minutes » (puisque je suis restée coïncée là au moins un quart d’heure) mais « à partir de ce point votre vie ne dépassera pas 5 minutes » (puisqu’au bout de 4 minutes sans avancer, je suis rentrée en état de coma cérébral).

Et à ma gauche, j’avais ça :

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D’abord, on notera que les meufs de C’est du propre, elles sont tellement moches que sur la couv ils ont été obligés de les dessiner (comme dans le générique). Ensuite, Une maison tout en couleurs pour Valérie Damidot c’est une maison qui va du jaune au rose.

A ce stade, j’ai réalisé à quel point ma vie était dénuée de sens, d’orientation, de force, d’intensité. Bref, de beauté.

Mais pourquoi ai-je attendu assez longtemps pour en arriver à ce constat ? Quel problème d’ampleur se présentait pour nous forcer à rester là à réfléchir à nos existences misérables et ridicules ? (Parce que j’ai bien vu que la meuf devant moi elle commençait à se rappeler le jour où elle avait montré sa culotte à son frère et qu’elle se demandait si son problème de frigidité était lié à cet épisode de sa vie.)

Une raison aussi simple qu’insupportable : l’intense besoin de communication des caissières qui visiblement avaient décidé de faire une pause entre chaque client et surtout de commenter leurs achats un par un.

« Ah! On s’attaque à la plomberie alors ? Vous vous y connaissez un peu parce que moi, j’ai essayé de changer un joint la semaine dernière blablabla ».

« Alors, c’est pour faire du jardinage avec ta maman, c’est ça ? »

La mère « non, c’est pour moi. »

« Oh c’est dommage. Ca amuse les enfants de planter. »

« Oui bin elle fera ça à l’école. »

« Ils font ça dans son école ? »

Là, la mère elle a juste décidé de ne plus répondre. Mais elle avait oublié que la caissière avait pris ses achats. Elle la tenait clairement en otage. Il y a eu un silence. Et puis la caissière elle a regardé plus attentivement les produits qu’elle bipait.

« Tiens… Vous plantez des radis ? »

« OUI. »

« Et ça marche bien ? Parce que moi je plante des tomates et c’est super. Ca pousse très bien. »

Mais va-bouffer-tes-radis-par-le-cul-radasse.

Là, j’ai été traversée par une fulgurance qui m’a fait tomber le moral dans les chaussettes. Dans 10 ans, dans 20 ans, dans 30 ans, je viendrai encore à Leroy Merlin, je serai seule, j’achèterai des conneries pour un appart dont je serai même pas propriétaire mais surtout, j’aurai toujours pas compris les différents systèmes d’attaches de rideaux.

Je frôlais donc le désespoir le plus complet devant la débâcle de ma vie future.

Et puis, j’ai tourné la tête un peu plus loin, vers l’avenir et j’ai vu quelque chose qui m’a redonné foi en l’humanité : des caisses entièrement automatisées. Des caisses où tu bipes toi-même tes articles, où tu peux payer sans échanger un seul mot avec un être humain. J’étais heureuse.

Je vous préviens, demain, je pense que je vais aller chez Franprix. On-va-bien-rigoler.

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22 octobre 2010

Enfance et poufiasserie

Dear friends,

Mort ou pas, je passe quand même ma journée sur le web. Et là, je me sens un peu obligée de vous signifier, à vous les vieux, que les gamines du monde entier semblent s’être lancées dans un concours géant de chorégraphies à base de j’ai-des-cheveux / et un abonnement gratuit chez le kiné des cervicales / et le rose ça va tro B1 avec le violet. Willow Smith (un bien beau nom de future sorcière lesbienne), la fille du Prince de Bel Air, sort son premier single sur le label de Jay-Z. Normal quoi. Nonobstant le fait que la môme a 9 ans. Mais surtout sa chanson réinvente l’épilepsie auditive.

Je vous préviens avant que vous écoutiez. Une écoute = une année d’espérance de vie perdue. Non pas que ce soit nul. C’est juste tellement… so… hypnotique, que ça devient impossible de se concentrer sur quoique ce soit une fois que vous l’avez dans la tête. Comme on n’a pas le droit de mettre le clip officiel, ici sur youtube, je mets direct les gagnantes du concours mondial de mini-poufs :

J’avoue : j’aimerais tellement avoir 10 ans. C’est un bien bel âge où on a à la fois un problème de libido exacerbée ET on se demande dans quel sens faut tourner la langue quand on s’embrasse. Ceci étant, si moi, en tant que vieille trentenaire je me filme en train de faire la choré, je me demande si je peux pas ramdamer à mort…

Le visionnage de dizaine de vidéos de mini-utérus hystériques, m’a amené à une réflexion : ces enfants sont habillées exactement comme moi à leur âge.

J’en déduis que le mauvais goût est inhérent à l’enfance. (Précédemment, nous avions déjà vu que les enfants sont de droite.)

Hypothèse validée quand j’ai retrouvé, grâce à Buzzfeed, deux dessins animés über-foireux que je regardais à l’âge des mini-poufs. Le premier, c’est Jem et les hologrammes. Une bien belle daube. Jem avait un ordinateur/maman appelée Synergie (à l’époque, on n’avait pas peur du symbolisme). Plus précisément, c’était un « ordinateur holographique conçu pour être la perfection en matière de synthétiseur audiovisuel » (oui, cette réplique est directement tirée du premier épisode, j’aurais pas pu l’inventer). D’ailleurs, je trouve ça tellement beau que je vais le redire : « un ordinateur holographique conçu pour être la perfection en matière de synthétiseur visuel ». Synergie créait des hologrammes parfaits. Mais comment les hologrammes pouvaient-ils apparaitre loin de Synergie ? Tout simplement grâce à des micro-projecteurs à distance, aka les boucles d’oreilles de l’héroïne. (Et après, on s’étonne que j’ai des problèmes psychiatriques.)

Et le dessin animé des supra-pétasses, celui qui a porté la poufiasserie au sommet de l’art de vivre : le club BCBG. Et ouais. (Enfin non d’ailleurs. J’essaye d’atténuer l’horreur de la chose mais ma probité intellectuelle me pousse à rectifier. Le titre français est encore pire puisque c’est « bécébégé », rien que de l’écrire ça me donne la chair de poule.)

Voilà. Dès 1987, si les analystes politiques avaient été un peu plus à l’écoute de la société, ils auraient pu prévoir la victoire de Sarkozy aux présidentielles 20 ans plus tard.

Juste parce que ça fait trop longtemps qu’on n’a pas regardé d’animaux mignons :

Pour finir, le meilleur papa du monde. Ce mec est un psychopathe de génie. Il se filme en train d’expliquer à ses deux enfants de genre 6 ans qu’ils ne sont pas ses vrais enfants. Qu’ils viennent d’une planète appelée Krypton qui a été détruite et qu’ils ne pourront jamais y retourner.

Il a ouvert un site tellement qu’il était fier de sa connerie.

Entre Abed et lui, je traverse clairement une phase d’attirance pour les dégénérés.

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20 octobre 2010

Le web est mort, vive la quiche lorraine

Un post long et sans blague (je suis une commerciale dans l’âme, je vous offre du rêve).

Firstement, comme j’ai rien à dire sur les manifs, j’ai écrit un papier sur le rap – ou comment faire pour que les rappeurs se transforment en chanteurs de l’Ecole des fans. Offrez-moi vos clics mes amis. Il suffit d’exercer une pression sur votre souris pour que ça s’ouvre dans un nouvel onglet – note pour plus tard : je devrais faire breveter cette technologie avant qu’on me la pique.

Depuis quelque temps, on assiste pour mon plus grand bonheur à un retour en grâce des Gifs animés. Comme si l’internet éprouvait le besoin de revenir à ses fondamentaux, à ce qui l’a constitué culturellement – et ce, parce qu’il sent qu’il est en train de mourir. Le retour du gif, c’est le repli vers une valeur-refuge.

Le web est en crise, vive la quiche lorraine.

Comme me l’ont fait remarquer plusieurs commentateurs, je n’ai pas parlé de Cigar Guy. Je sais. J’ai fait exprès. J’ai sciemment décidé d’ignorer un meme plutôt coolos, de le laisser vivre sa vie loin de mon blog.

Pourquoi ?

Parce que Yahoo et Morandini ont tué le web, ce qui, d’ailleurs, n’est pas leur faute mais seulement la suite d’un processus implacablement logique.

Je m’explique. 4 jours après son apparition sur notre petite planète, Cigar guy était en home de Yahoo news. On peut se dire que c’est über-cool, que c’était un meme rigolo et qu’il est miam bon de le partager avec un maximum de gens. On peut.

En l’occurrence, ma première réaction n’a pas vraiment été de me féliciter de la démocratisation de la culture web mais plutôt de pousser un long cri d’horreur.  D’abord pour une raison très mochement pragmatique : si Yahoo en a parlé, je vais pas en parler. Si je l’avais fait, je sais, oui je sais à l’avance que des commentateurs m’auraient dit « oh, comme t’es trop à la masse, c’était sur Yahoo y’a deux heures». Le seul cas où je parle d’un truc déjà sur-médiatisé, c’est si j’ai quelque chose d’autre à en dire. Dans ce cas, il n’est plus question d’être à la pointe, juste d’apporter une analyse perso du phénomène. (Or Cigar Guy, y’avait pas trop d’analyse à en faire. C’était juste un meme photo comme on en voit toutes les semaines, il ne marquait aucun changement, si ce n’est précisément, le fait qu’il ait été en home de Yahoo.)

Mais cette histoire de Cigar Guy est arrivée la semaine d’une discussion avec Coach kant au web (humour philosophique permettant de souligner la haute tenue intellectuelle de mes échanges avec Coach). On parlait de bienbienbien. Coach me disait qu’il ne voulait plus écrire sur l’interweb, qu’en ce moment, il avait envie de se lancer dans des articles sur la quiche lorraine. Or, la quiche lorraine, c’est typiquement la vie IRL. Que s’est-il passé pour que Coach écrive sur la quiche lorraine, et accessoirement pour que BBB se suicide ? Sur bienbienbien, il y a eu plusieurs problèmes mais je vais me concentrer sur un seul. On ne savait plus de quoi parler. (Ouais, je dis « on » parce que ça explique aussi pourquoi j’ai arrêté de poster dessus.) Pour parler web quand on a la réputation que le blog s’était faite, à savoir un genre de défricheur, il fallait être parmi les premiers sinon on encourrait les foudres d’un lectorat de plus en plus exigeant. (Un problème que j’ai moins ici puisque c’est un blog perso et que je peux aussi bien parler de mes problèmes de cheveux que de memes.) Sauf qu’avec Twitter and co, la vitesse de propagation d’une info s’est démultipliée. L’avantage de Twitter, c’est qu’il suffit de poster un lien vers, par exemple, Cigar Guy. Poster un tweet ça prend approximativement 40 secondes. Poster sur un blog, ça demande de rédiger, de faire un petit historique du meme en question, de rajouter quelques blagues. Si j’étais vulgaire, je dirais que c’est éditorialisé. Ca prend beaucoup plus que 40 secondes. Sans oublier que BBB, comme mon blog, ne sont pas monétisés. Ils rapportent pas une thune (chose dont personnellement je me félicite). Donc ça nécessite de travailler ailleurs pour gagner du sou. Donc d’avoir un temps assez limité à consacrer au blog.

(A l’inverse, les mecs de Buzzfeed sont payés. Ils n’ont donc que ça à faire. Pareil chez Yahoo, Lepost, 20minutes ou Morandini.)

Mais bref, j’ai commencé à me dire un truc absolument terrible (et totalement faux), attention, j’ai honte, j’ai pensé « c’était mieux avant ». Genre le web c’était mieux avant. C’était pas plus riche, plus inventif, plus drôle. Non. C’était mieux parce que c’était plus petit, plus lent et plus réduit.

(A quoi vous pouvez me répondre :

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Via Blup

Et même :

h-20-1750012-1255978919Via Le Post)

Il y a une part de snobisme évidente dans mes regrets. (Y’a un truc qu’on peut pas me retirer c’est la lucidité.) Le snobisme d’avoir eu le sentiment d’appartenir à un petit groupe avec ses propres codes, un groupe auto-suffisant où l’on ricanait des mêmes trucs, entre nous, avec la conviction que très peu de gens pouvaient comprendre la forme et le fond de ce qu’on disait. (Ceci étant, tout n’est pas perdu, ma mère m’a dit l’autre jour qu’elle entravait rien à mon blog.)

Ok.

Mais le snobisme ne suffit pas à expliquer le fond de mon impression. Il faudrait décrire la caractéristique de ce snobisme. C’était le snobisme des asociaux. Parce qu’à une époque pas si lointaine, être sur internet, c’était ringard. C’était honteux. Alors que le snobisme naît généralement d’un sentiment de supériorité, là, il partait plutôt de l’inverse, l’impression d’être entre losers.

On était entre gens qui trouvaient que la vie et les gens étaient plus beaux sur internet. Parce qu’on ne parvenait pas à mimer les codes sociaux irl, ou parce qu’on en avait précisément assez de n’être que dans du mime. Parce qu’à ce moment-là, les gens qui étaient sur internet passaient leurs soirées chez eux, et qu’à la télé, ils avaient rajouté un deuxième écran.

Voir Yahoo, Morandini and co s’approprier un web qui était plutôt underground à l’origine (je ne parle pas du web type Mapy, Google, Facebook mais de la culture web type 4chan) crée donc un sentiment de perte d’autant plus fort qu’on pensait avoir enfin trouvé un truc à nous. Y’avait les autres gens, l’irl, et nous. Les premiers nous disaient avec une voix où se mêlaient l’effroi, la frayeur et la pitié : «  quoi ? Vous êtes devenus amis sur internet ?! » Assumer le nombre d’heures passées devant l’écran, c’était comme l’aveu d’une maladie, une tare terrible. « Tu devrais sortir de chez toi un peu… » Ah bon ? Et pourquoi ? Pour aller boire de la bière merdique dans une soirée où je parlerai avec personne parce que j’aurais rien à dire et qu’il faudra que je sois ivre morte pour commencer à passer une bonne soirée ?

On avait une tare sociale, on l’a transformée en revendication. Et en snobisme.

Et puis, certains ont voulu partager tout ça, en parler, expliquer. Raconter que oui, l’internet inventait des choses, que parfois c’était beau, drôle, touchant, intelligent ou complètement con. Sauf que voilà, comme on l’avait toujours prédit, internet a pris de plus en plus de place dans la société. Et les moindres polémiques Twitter se retrouvent traitées sur le Monde.fr. Bientôt les blagues de 4chan feront la une de Yahoo news. Et la faute à qui ? Bah à nous, à moi. Aux poufiasses qui ont ouvert des blogs et commencé à raconter chaque meme, à faire des papiers sur /b/. Je ne nous félicite pas hein. Mais ça ne pouvait pas se passer autrement.

Il y a plein de conséquences à tout ça. Tenez, le dernier exemple en date c’est la Barbie geek :

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La conséquence positive, c’est que, de toute façon, de plus en plus de gens allaient sur internet, notamment sur Facebook, et oui, il était utile d’expliquer comment ça marchait pour de vrai. Ne pas laisser Envoyé Spécial et toute la télé en position hégémonique pour raconter de la merde sur ce qui se passe sur internet.

Et puis, il y a eu des conséquences négatives (other billet, un autre jour) mais en résumé :

Les boîtes de com ont bien compris l’intérêt économique et la pub virale est arrivée (enfer et damnation).

Et commence désormais le lol-politique. Ce truc insupportable qui va nous faire vomir pendant les prochaines présidentielles. On connaissait les « petites phrases ». On va découvrir les « petits tweets ». N’importe quel tweet, ou vidéo à teneur « clash politique », va devenir un objet médiatique qui se retrouvera 10 minutes après son apparition sur lepost.fr. Ca va créer un effet de saturation et d’écoeurement et on aura envie d’écrire sur la quiche lorraine. (Un autre pilier du web français m’a avoué qu’il envisageait de se reconvertir comme fleuriste.) Donc, la quiche lorraine ou les fleurs.

Mais comme je n’ai pas encore fini ma mutation en vieille conne, le trip c’était-mieux-avant, ça m’a passé assez vite.

D’abord, parce qu’il reste quelque chose d’irréductible. Pourquoi ça c’est drôle, ça ne s’explique pas vraiment :

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Heureusement, y’aura toujours des gens que ça ne fait pas rire.

Ensuite, les cercles du web se réorganisent doucement. L’interweb se démocratise à vitesse grand V. Pour le moment, ça brouille certaines frontières. (Et d’ailleurs, dans le fond, mon article sur la cyber-guérilla des hackers, ça traitait aussi un peu de ça. Leur territoire de liberté totale, qu’un certain Thomas More avait appelé Utopia, commence à être colonisé et ils le refusent.) Mais ce n’est qu’un moment. Et ce n’est pas pour rien qu’en ces temps de crise, le gif animé fait son retour.

Le gif sauvera-t-il l’interweb ?

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18 octobre 2010

Je suis tombée en amour

Ceci n’est pas un vrai post, juste un « breaking post ».

Au début, je voulais faire un post sur la guerre hackers/ayants-droits, avec des Anonymous et du 4chan. Et puis finalement, j’en ai fait un vrai papier (ce qui a l’avantage non négligeable de me faire gagner un peu de sous vu que je suis de nouveau fauchée). Donc c’est là, j’y parle également de J.R. Ewing et de Cliff Barnes parce que je pense que tous les conflits politico-économiques du monde moderne ont déjà été traités dans Dallas.

(je suis en train de tomber malade je crois.)

(j’ai personne à qui me plaindre.)

(ce blog a trouvé une nouvelle utilité.)

Aujourd’hui, deux trucs qui n’ont rien à voir.

Truc numéro un :

Avant de tomber malade, je suis tombée en amour. Je suis tombée folle dingue amoureuse d’un mec. Il suffit que je le vois pour qu’un sourire extatique illumine mon visage tandis que des nuées d’hirondelles s’envolent vers un ciel infini.

Je suis tombée en amour avec Danny Pudi.

Excusez-moi, je la refais : avec  <3Danny Pudi<3

Lui, là, en-dessous :

danny pudi

Ceci est la tête de l’homme avec lequel je veux vivre éternellement. (Même s’il a un peu les épaules tombantes.)

Mais au fait qui est Danny Pudi ? Danny Pudi (tu cherchais Danny Pudi sur Google ? T’es bien content alors d’avoir atterri ici.) Danny Pudi est le meilleur acteur du monde (Michael Cera, t’es mort).

Soyons honnête, pour l’instant, Danny Pudi est essentiellement connu pour son rôle d’Abed dans Community. Et disons-le tout net, en ce temps de déprime généralisée et de maladie grave, il faut regarder Community. Le pitch est effrayant de nullité : Synopsis : Jeff est avocat. Mais Jeff doit surtout retourner à l’université car son certificat a été invalidé. Entre les femmes au foyer fraîchement divorcées et ceux qui reprennent les études pour garder leur esprit actif, Jeff intègre une bande de joyeux drilles qui découvre les joies de la vie sur le campus. Ils en apprennent plus sur eux-mêmes que sur les cours qu’ils suivent…

Merci Allociné. Les premiers épisodes sont bien mais pas oufs, ça prend un peu de temps pour qu’ils trouvent leur truc mais ensuite… ensuite, c’est incroyable. Ensuite Abed prend son envol.

Barney Stinson, t’es mort.

Abed, c’est nous. (A part que sa cousine porte la burqa.) Abed représente le téléspectateur, à savoir celui qui préfère les séries télés à la vie. Du coup, il décide de transformer la vie IRL en un perpétuel sitcom et observe les autres personnages en spectateur. Il commente leurs actions comme le ferait un étudiant en scénario. Il plonge donc la série dans la méta-série ce qui a un avantage incroyable : nous donner l’impression d’être intelligents.

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(je sais que c’est flou mais je suis malade)

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Community, c’est notre série à nous. Certes, je comprends que 20% des références mais ces 20% là valent de l’or.

Le trailer du meilleur épisode de la saison, l’épisode du paint-ball :

Truc numéro deux :

Blogueuse-la-pièce reprend (jusqu’au 29 décembre). Au même théâtre de la manufacture des Abbesses. J’y étais hier (visiblement un commentateur du blog y était aussi). Et il s’est passé un truc incroyable : j’ai éclaté de rire. Les actrices ont réussi à me faire rire avec un texte qui me donne de l’herpès nasal tellement on l’a retravaillé, réécrit entièrement avec notre sang. Et j’ai vécu un moment 50% Proust, 50% Kafka quand j’ai vu Kristina jouer Ouin-Ouin. (Sinon, toujours la même recommendation : c’est « girly », ceux qui ne vivent que pour /b/ vous êtes clairement pas la cible. Comme le dit Télérama « c’est vif et léger », j’ai aussi envie de dire que c’est cocasse et moderne.)

Et en parlant de Télérama, ils ont réussi un fucking exploit. « Titiou » ça a l’air vachement compliqué pour plein de gens. Régulièrement, j’ai droit à « Titou », « Titouan », « Tissiou ».  Bah Télérama, ils ont bien orthographié « Titiou ». Je les remercie.

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Par contre, ils ont réussi à se planter sur « Lecoq ».

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14 octobre 2010

Week-end of massive destruction

Le suspense est à son comble, je vous ai laissés en plein cliffhanger. Avant le départ pour le week-end de désintégration, Titiou était donc dans un piteux état. Que s’est-il ensuite passé ? (Sur Twitter, ils ont quand même donné un # au week -end ces tarés : #WMD.)

Quelques minutes plus tard, mon mal de ventre et moi on entrait dans la voiture. On était 4 dans le premier convoi (5 avec mon mal de ventre). Le chef conduisait. (Je me rends compte que j’ai assez peu évoqué le personnage du chef jusqu’à présent. Ce post aura donc pour fil conducteur un portrait du tortionnaire être de lumière qui m’aide à payer mon loyer.)

Le chef, il a un super pouvoir. Il a la capacité de vous faire culpabiliser sans raison avec un seul regard. Il lève la tête de son ordi, il vous regarde et là, aux tréfonds de votre esprit un mécanisme complètement judéo-chrétien se met en place « oui, je sais, je suis arrivée 10 minutes en retard ce matin, j’ai pas encore passé de coup de téléphone pour mon article, j’ai bâclé l’illustration de mon lien, je suis nulle, je suis une merde, je mérite pas d’être ici, j’aurais dû appeler ma grand-mère avant qu’elle meure, je savais très bien qu’elle était malade depuis des mois. » Sauf qu’en vrai, à ce moment-là, le chef il fait semblant de vous regarder et il pense complètement à autre chose « c’est quoi cette nouvelle mode parisienne de mettre des arbres sur son balcon. » (Oui, ça n’a rien à voir avec la situation mais le chef il est comme ça.) Comme j’ai un problème avec l’autorité, son truc ça a marché trois semaines sur moi. Ensuite, je le regardais avec le sourcil levé pour dire « ouais, je suis arrivée à 11h du mat, ouais, j’ai pas rendu d’article depuis une semaine, ouais, je fais pas de lien parce que ça m’intéresse pas, et j’en ai rien à foutre de ma grand-mère elle votait Philippe de Villiers ».

Parfois aussi, le chef il a des fulgurances étranges. En conf de rédac, quand tout le monde est plongé dans une apathie totale parce qu’on ne sait pas comment traiter le sujet de la crise économique et du déclin inéluctable de l’Europe, lui, brusquement, il se lève, l’oeil illuminé. Il tape sur la table et il décrète : « FAUT FAIRE UN SUJET SUR LES BALCONS. Les balcons parisiens. Parce qu’ils vont tous s’effondrer, je le sens ». (Pause dramatique, il écarte les mains avant de continuer) « on va titrer ça : Panique sur la ville ». Après, il balaye la salle d’un regard effrayant et en général il s’arrête sur le premier stagiaire qu’il trouve « Annabelle, t’en penses quoi ? » Comme le stagiaire est tout en bas de l’échelle alimentaire, le stagiaire sourit et répond « oui ». (Vous pensez que je mens ? La preuve en image et lien.)

Bref. En voiture, le chef il avait mal évalué la situation. D’abord, il avait pas calculé que les 3 jeunes de l’interweb n’avaient évidemment pas le permis (à quoi ça sert d’avoir le permis quand tu vis sur internet franchement ?).Vincent Glad a dit qu’il avait son code et qu’il pouvait lui lire les panneaux. Ensuite, le chef s’est dit que c’était pas grave, qu’on allait lui parler quand même parce que conduire seul pendant 3h c’est relou. Visiblement, il avait oublié qu’on avait chacun un iphone. On a passé le trajet dans un silence studieux, penchés sur nos écrans. En guise de mesure de rétorsion, on n’a pas eu le droit de faire de pause pipi.

Le reste du week-end était top. Bah oui. Pourtant, on parle bien d’un week-end à la campagne. Mais oublions les trucs verts et les insectes. En gros on est restés enfermés dans le château à manger et faire des blagues de l’internet et vivre notre aventure jusqu’au bout. (D’ailleurs, j’ai réalisé un truc. Quand je mange, j’arrête d’avoir mal au ventre. Je pense que cette découverte peut aider la médecine moderne.)

Malheureusement, à un moment, le chef a décrété qu’il fallait sortir de la maison pour prendre l’air. C’était une idée pas bonne. D’abord, devant la maison, y’avait une statue qui annonçait assez bien l’état d’esprit des lieux :

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Statue représentant « la vie c’est de la merde et j’ai envie de mourir éternellement pendant 100 ans ».

Donc la sortie sur les plages du débarquement, non mais franchement quelle idée débile de débarquer une armée sur une plage de galets…

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Un chiffre qu’on nous donnera jamais, c’est le nombre de soldats américains qui se sont foulés la cheville ce 6 juin 44.

Il faisait moche. Et brusquement, je me suis rendue compte que le chef, il ressemble étrangement à un passeur de clandestins :

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Il a l’air sympa hein ?

« Chère maman, après nous avoir défoncé les côtes à coups de pieds, les deux passeurs ont fait une promenade romantique sur la plage. »

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Celui qui porte des lunettes on l’appelle l’intello parce qu’il code des trucs pendant qu’on se fait battre.

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Ils ont aussi obligé Nora à montrer ses seins (elle était plutôt consentante)(ils l’avaient probablement droguée avant)(ou pas).

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Mais indubitablement, le moment le plus fort du séjour a été l’opération chirurgicale.

A un moment, le chef a trouvé qu’on faisait trop de bruit en respirant. Il a fait chauffer trois litres d’eau pour nous ébouillanter vivants. (Il fait aussi ça quand les stats du site sont pas assez bonnes.) Malheureusement, il s’est un peu éclaboussé quand Quentin Girard a essayé de se débattre. Du coup, sa brûlure s’infectait, il fallait opérer.

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Je pense que c’est un fantasme que peu de gens ont eu l’occasion de réaliser. Opérer son chef. Je me suis tout de suite portée volontaire parce qu’à la maison j’ai un coffret DVD des plus belles expériences de Mengele. Et là, pour la première fois, j’ai vu une lueur de peur au fond des yeux du chef. Surtout quand je me suis approchée avec une pince à épiler et des ciseaux pour retirer les bouts de chairs noires. Le chef avait très mal. Vraiment. Il était tout tendu de douleur dès que je soulevais la peau et que je frôlais la brûlure avec le tranchant des ciseaux.

C’est mon plus beau souvenir de ce week-end <3

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