28 février 2012

La vérité sur la maternité

D’abord merci aux tweetos qui m’ont aidée pour mes problèmes informatiques samedi, c’est à peu près réparé.

Ensuite, j’ai fait un Top 10 des déclarations les plus stupides de Carla Bruni-Sarkozy. (Certes, je poste pas beaucoup sur le blog mais en vrai, je continue de bosser. J’ai fait d’autres papiers mais c’est celui-là que je préfère.)

Tu n’es pas du tout intéressé par les histoires de maternité ? Tu peux sauter de deux posts.

Venons-en à l’annonce de mon démoulage, annonce qui a provoqué plusieurs types de réactions. D’abord les félicitations (merci boys and girls). Les « j’y crois pas ». Visiblement, une partie d’entre vous n’envisageait pas que je puisse avoir des rapports sexuels. MERCI HEIN. Certes, j’ai souvent déclaré mon intérêt pour le porno mais enfin mes bons amis, soyons sérieux deux minutes : on peut mater du film de boules ET avoir une vie sexuelle non onaniste.

Il y a le « tu m’as trahie ». Hum… Donc là, y’aurait sans doute des choses très pertinentes à dire sur cette sensation, sur le pacte autobiographique à base de Philippe Lejeune (LE spécialiste de l’écriture du moi), (oh putain… je viens de découvrir que Philippe Lejeune qui, contrairement à ce qu’indique son nom, est né en 1938, a un site absolument digne des Craypions quoi).

Les « tu n’es plus comme nous, tu as rejoint le clan des Autres ». Oui et non. L’exemple de Vieux Félin est à ce titre fort rassurant. Mais bon, l’image de la mère reste un stéréotype très prégnant. (jeu de mot franco-anglais pourri) Je comprends bien que la vision qui s’impose à certains est celle d’une mère épanouie, posée, installée dans une vie confortable et sécurisante.

MOUAAHAHA… Attendez, après ce fou rire, je me remets une côte en place et on reprend.

La vérité, c’est qu’au moment où vous démoulez les filles, vous avez pas brusquement une révélation divine qui vous permettra de comprendre intuitivement votre enfant et d’aborder la vie avec sérénité. (En vrai, vous avez surtout mal.) (La seule révélation que vous avez c’est que l’inventeur de la péridurale devrait être béatifié.) Nota Bene à l’intention des lectrices qui auront peut-être un jour un enfant. La péridurale, c’est génial mais le truc dont personne ne m’avait prévenue c’est qu’une fois le cathéter de la péridurale installé, vous avez plus le droit : 1°) de boire même un verre d’eau 2°) de vous lever, 3°) conséquemment d’aller faire caca. Sachez-le. Perso, j’ai passé 10heures allongée et déshydratée. J’avais pas le droit d’aller aux chiottes mais par contre comme j’avais de la 3G, j’ai pu live-mailer mon accouchement.

Devenir mère ne marque pas la fin des années galères, ne fait pas brusquement de vous une adulte installée dans une vie confortable et sans heurt. Surtout qu’en plus, il a fallu que je corse un peu l’affaire. Des amis n’ont pas manqué de me faire remarquer qu’entre le chemin avec l’écriteau « ATTENTION Marre à caca dans 50 mètres » et « Route tranquille » j’ai un tropisme qui me pousse à choisir systématiquement le premier. Mouais… Je veux bien. Mais même moi je reste assez stupéfaite par ma capacité à scorer mes propres records.

A titre d’exemple, il y a mon inénarrable premier rendez-vous à la maternité où la sage-femme m’a demandé « Votre situation familiale. Vous êtes mariée, pacsée, en concubinage, célibataire ou veuve ? » et où tout ce que j’ai trouvé à répondre c’est « Vous avez pas it’s complicated dans votre formulaire ? » (Je vous déconseille de faire comme moi, ça a pas fait rire la meuf, elle a posé son stylo pour qu’on ait une « discussion » et ensuite elle m’a filé le numéro de la psy du service.) (C’est comme au lycée, il ne faut JAMAIS mettre sur son mot d’absence « raison personnelle ».)

Bref, on dira que je n’ai pas choisi la situation la plus simple du monde.

Après avoir démoulé donc, il vous reste plusieurs étapes dans le chemin de croix.

D’abord, le séjour à la maternité. Assez connement, moi, j’imaginais ça comme un séjour à l’hôtel où une équipe de sages-femmes me chouchouteraient et me transmettraient le savoir ancestral des mamans. Quelques jours de repos quoi.

En vrai, c’était pas du tout ça. Grosse grosse arnaque la maternité.

D’abord, le lendemain du démoulage j’étais pas juste fatiguée : j’avais mal. Plus précisément, j’avais des contractions. What ?! Bah oui, après l’accouchement, vous vous mangez facile 48h de contractions à crever de douleur. Pour vous soulager, toutes les 2h, les infirmières font le tour des chambres pour distribuer des cachetons. L’occasion de voir  de jeunes mères prêtent à aboyer et à sauter dans des arceaux de feu pour obtenir leurs médocs.

En plus, le premier matin j’étais tranquille en train de dormir (je venais quand même de donner la vie merde) quand une meuf est rentrée dans ma chambre en me disant « voilà votre bébé ». Et là, panique. Pendant quelques secondes, j’ai cru qu’elle se trompait. Parce que j’avais pas seulement oublié que j’avais accouché, mais j’avais carrément zappé que j’avais été enceinte. (On va mettre ça sur le compte du shoot de péridurale qui avait pas fini de se dissiper.) On peut aussi préciser à ma décharge que l’expression « le matin » à la mater ça veut dire à 6h du mat.

Donc on m’apporte le têtard, on me colle un biberon dans les mains et la meuf se barre sans rien m’expliquer. Comme je suis pas complètement débile, j’ai fait le rapprochement biberon -> enfant -> bouche. Pas peu fière de moi, une heure plus tard, quand la meuf revient, je lui tends le biberon à moitié vide. Je m’attendais à ce qu’elle applaudisse. Pas du tout. Elle m’a pourri la gueule. « Comment ça vous lui avez donné 50 cl ?! Mais vous êtes folle ?! Fallait lui donner 15 ». Ok… Comment tu voulais que je le sache grosse conne ?

Là, j’ai commencé à comprendre que les puéricultrices ne seraient pas mes amies. Entre autres parce que 95% d’entre elles sont des salopes sadiques.

Par exemple, celle qui était de garde la nuit.

Autrement dit celle qui a un pouvoir de vie ou de mort sur les jeunes mères.

Parce que c’est elle qui décide si elle accepte de vous prendre l’enfant pour la nuit. (Enfin… la nuit = 1h du mat -> 6h du mat.) Donc tous les soirs, vers 23h30, commençait le défilé des mauvaises mères. On arpentait le couloir pour passer devant la baie vitrée de la nurserie en boitant, genre « oh zut… mes sutures d’épisio ont encore lâché », l’air hagard, genre « c’est donc ça le baby-blues » dans l’espoir que la salope de puéricultrice allait avoir pitié et accepter de nous prendre nos progénitures quelques heures. Ou au moins de les mettre en tête de la liste d’attente. OUAIS parce que y’avait une putain de liste d’attente tous les soirs.

Interlude photographique. Dans ma chambre, y’avait une affiche équivalente au « all your base are belong to us ».

Ne me laissez jamais seul : to only leave me never.

Sinon, j’ai vécu une scène RGPP style qu’on aurait dit directement tirée de mon roman. Pendant les interminables examens qu’on m’a fait, je vois ça :

Je demande à l’infirmière « attendez, mais ils vous ont mis le prix du matos pour vous culpabiliser quand vous vous en servez ? » Elle m’a expliqué « Oui, mais avant c’était pire, ils avaient aussi fait des étiquettes pour mettre le prix sur chaque seringue ».

Fin de l’interlude.

Assez paradoxalement, la maternité est un endroit où on vous infantilise – tout en considérant que vous savez déjà tout faire. L’infantilisation passe par le fait qu’on ne vous parle qu’à la troisième personne. « Et la maman elle a pris ses médicaments ? », « et la maman elle a bien donné le biberon ? ».

C’est également un endroit où la dignité humaine est une notion très relative. Déjà, le personnel soignant rentre dans votre chambre sans jamais frapper – ce qui est un peu relou quand, entre deux visites d’infirmières, vous essayez de picoler la bouteille de vin que vous avez cachée dans votre table de chevet. (Merci Ondine.) Ensuite, que vous soyez avec des amis venus vous soutenir, elles s’en contrecarrent le cul. Du coup, vous pouvez être avec n’importe qui, la meuf débarque, vous lui faites remarquer que vous êtes pas seule et elle vous répond que ça la dérange pas. Elle commence alors son sempiternel questionnaire. « Heure du dernier biberon ? »

– 13h30

– Et il a pris combien bébé ?

– 35 cl.

– Et maman l’a changé ?

– Oui.

– Et il avait eu des selles bébé ?

– Oui.

A ce stade, vous espérez très fort qu’elle va avoir la décence de se barrer et de revenir vous poser la suite des questions quand vous serez seule mais non.

– Et la maman ? Elle a eu des selles aujourd’hui ?

– Non, pas ce matin.

La meuf le note sur sa feuille. En général, à ce moment-là, vos visiteurs commencent à se foutre de votre gueule. Vous, vous attendez qu’une chose c’est que la meuf se barre mais elle reste plantée là, pour finir de fouler avec ses crocs rose ce qui vous restait de dignité.

– Et la maman a eu des gaz ?

Mais va te pendre putain…

– Vous avez besoin de couches ?

– Non, j’en ai encore.

– Et pour vous ? Vous avez besoin de couches non ?

Oui, parce qu’à la maternité, les mères portent des couches rapport au fait qu’elles se vident de leur sang.

Ce qui nous amène au très poétique épisode du Foie de veau qui mérite à lui tout seul un post.

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7 février 2012

Décrypteras-tu ce message subliminal ?

Oui, oui, y’a bien un message dans cette vidéo.

Non, non, ce n’est pas un moyen détourné de dire que je me suis faite sodomiser en imitant le cri du cochon (t’as pas vu Délivrance ? Désolée pour le spoil hein.)

C’est juste un moyen très élégant de dire que j’ai démoulé accouché donné la vie. (A un putain de monstre mais c’est un autre problème.)(C’est aussi un peu ma faute, j’avais qu’à lui faire un système digestif correct.) DELIVRANCE donc. (Enfin… ça c’est ce que je pensais avant…)

(D’ailleurs, si un jour on vous demande « Tu préfères accoucher ou te faire sodomiser comme un cochon ? » je vous conseille de bien réfléchir parce que niveau « abandonne toute dignité, franchement ça sert à que dalle dans la vie » ce sont deux expériences qui se valent.)

Evidemment, j’aurais pu faire moults posts sur le sujet de la grossesse mais j’ai été prise d’une crise de superstition. Genre ça va me porter la chkoumoune. En plus, je me suis dit « si j’annonce sur le blog que je suis enceinte et qu’en fait, y’a un problème, ça va être horrible ». T’imagines le post « salut, en fait j’ai fait une fausse couche / il s’est étranglé avec le cordon / une folle déguisée en infirmière l’a kidnappé à l’hosto ». Du coup, j’ai plein de trucs à la bourre à raconter.

Pour autant, pas d’inquiétude, je ne vais pas transformer le blog en Blog de maman. (Par contre, je vais peut-être me lancer dans une campagne active de propagande des moyens de contraception…) D’ailleurs, la preuve que je suis capable de parler d’autre chose : hier j’ai fait un papier sur Facebook, ou Comment un truc gratuit peut valoir 100 milliards de dollars.

Et la semaine précédente, je commençais un blog sur Slate sur la présidentielle vue depuis mon canapé avec une très jolie analyse des cheveux de Nicolas Sarkozy (et une url de langue de pute, je sais).

(Je suis un peu la Rachida Dati du web-journalisme. Sauf que moi, j’ai honte. Quand je pense que des femmes se sont battues pour le congé maternité que je suis en train de fouler aux pieds. C’est moche.)

 

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15 janvier 2012

Le blog est toujours là

Même s’il paraitrait que le rythme de publication a récemment connu une légère baisse déflationniste.

Effectivement, c’est bien la première fois que je poste pas pendant aussi longtemps. Evidemment, j’ai une excellente raison pour ça. On sait bien ce que c’est les petites blogueuses ingrates. On les prend au berceau, on les choie et dès qu’elles croient que le succès pointe le bout de son nez, elles claquent la porte du blog, elles vous font l’aumône une fois par mois d’une mini note pour vous dire que « oulalala… DESOLEE, mais je bosse sur un super projet top secret qui me prend tout mon temps, la-vie-est-trop-belle-même-si-c’est-beaucoup-de-travail, allez, love, tchao mes zamours lol ». Et après, vous découvrez qu’en fait elle est partie se dorer le fion à Hawai avec les indemnités qu’elle a touchées pour avoir fait une pub.

Bon bah rassurez-vous, moi, c’est pas du tout mon cas. Je suis potentiellement riche, c’est-à-dire toujours concrètement fauchée.

Interlude – deux trucs de crevards qu’on fait quand on est vraiment à la dèche :

– chercher partout dans son appart de vieilles feuilles de soin qu’on n’aurait pas envoyées à la sécu pour gratter 23 euros

– récupérer toutes les pièces de monnaies étrangères qu’on a rapportées de lointaines vacances et aller les faire changer en euros sonnant et trébuchant.

Et sinon, je ne passe pas du tout mon temps à travailler entre deux séjours dans des lieux paradisiaques. Ma super raison pour ne pas poster c’est que je branle rien – même pas ma moule. C’est dire.

Parce que j’arrive à rien.

Je crois que j’ai fait une crise de surmenage qui m’a conduite à une crise de sous-ménage.

Je dors 16h par jour, et le reste du temps je regarde intensément le plafond en imaginant tout ce que je pourrais faire si j’étais en forme.

Un peu comme ça mais sans la pipe.

Une fois par semaine, j’ai un sursaut d’énergie que je mets à faire des choses parfaitement inutiles, exactement comme ça :

Ca a commencé juste avant les fêtes. Peut-être que vous avez passé de bonnes fêtes de fin d’années. Pour ma part, Noël a consisté à vomir à 21h24 et à me coucher à 21h40 (j’aime bien me laver les dents plusieurs fois après avoir gerbé). Et le nouvel an ? Bah ça fait maintenant deux ans que j’y ai renoncé. Donc je suis restée en pyjama à mater des séries. Exactement comme l’année précédente.

Mais avant même l’horreur des fêtes, mi-décembre, j’ai frisé une sorte de nervous breakdown, au cours duquel je me suis retrouvée devant une dame médecin qui m’a dit « Vous êtes très fatiguée, il faut arrêter de courir partout maintenant ».

– Non-non. Pas du tout.

– Si-si. Je vous assure. Je les connais, moi, les trentenaires freelances.

– Puisque je vous dis que TOUT VA BIEN. Je suis en pleine forme.

Après, j’ai ricané, je me suis penchée en travers de son bureau et j’ai murmuré :

– Vous le savez peut-être pas mais je suis dieu. Je suis omnipotente. Je peux tout faire… TOUT GERER – là, j’ai fait une pause pour m’arracher une poignée de cheveux et les manger goulûment. Après, j’ai hoché la tête avec satisfaction et j’ai ri très fort en lui disant : JE VAIS HYPER BIEN. JE CROIS MEME QUE JE VAIS ME PRESENTER A LA PRESIDENTIELLE TELLEMENT JE PETE LE FEU DE DIEU.

Là, elle m’a regardée et elle m’a demandée :

– Vous avez remarqué que vous êtes en train de pleurer ou pas du tout ?

– Ah oui… Vous parlez des trucs qui coulent de mes yeux et qui mouillent mon visage ? Ou alors de ma respiration saccadée et de mes épaules qui tressautent ? Non mais parce que ça pourrait donner l’impression que c’est des sanglots alors qu’en fait c’est juste des tics nerveux que j’ai depuis quelque temps en fin de journée. Mais c’est juste PARCE QUE JE SUIS UN PEU FATIGUEE MAIS SINON CA VA SUPER BIEN.

Ensuite, elle a clairement arrêté de m’écouter. C’est dommage parce que j’étais sur le point de lui révéler l’identité du 2ème tireur lors de l’assassinat de JFK. Et puis elle m’a tendu d’un geste assuré une feuille marron, autrement appelée « arrêt de travail ». Comme d’hab, j’ai pris un air blasé. « Non mais je suis free-lance. Vous voulez que je l’envoie à qui votre truc-là ? A François Mitterrand ? » (quand j’ai pas d’idée de chute, je dis toujours François Mitterrand ou Sacha Guitry parce que quand j’étais petite, j’avais remarqué que c’était souvent ça les bonnes réponses au Trivial et qu’une bonne blague c’est comme une bonne partie de Trivial Pursuit.)

Elle a répondu que c’était pas son problème et qu’elle prendrait pas la responsabilité de me laisser continuer de bosser.

Je suis partie en gloussant parce qu’en vrai, je me sentais tout à fait bien. En fait, les problèmes ont commencé le soir-même en rentrant chez moi. Je me suis allongée et j’ai jamais réussi à me relever.

De toute évidence, soit elle est voyante, soit elle m’a maraboutée.

Tout ça pour dire que je suis à moitié DCD et qu’il faut être très gentil avec moi.

Heureusement, même quand vous êtes réduit à l’état d’ectoplasme, internet reste internet.

Le monde, avant Internet, ressemblait à ça (soit l’ancêtre du keyboard cat) :

Maintenant, grâce à l’interweb, on peut passer ses journées à chercher des photos de garçons qui ont trouvé un moyen d’avoir des abdos sans faire de sport :

 

Des photos de filles qui montrent leurs fesses dans des musées :

Et des animaux qui font des trucs mignons :

Mais surtout, on y trouve des sites qui sont comme des pépites de perles blanches. Ainsi de ce site-là, le meilleur de 2012. (Ca n’a d’intérêt que si vous mettez le son hein.) Je crois que ça résume parfaitement l’essence du web.

N.B. : il est possible que le blog rame à mort (un peu comme moi). Problème d’hébergeur. Désolée pour l’inconfort de navigation.

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16 décembre 2011

Bilan 2011 suite – part one /b le roman

Il semblerait que je vais très bientôt récupérer ma vie. Ou en tout cas une vie. Et je pourrai écrire, poster des vidéos de chats, gagner des sous en faisant des papiers, passer la journée en pyjama, ne pas éteindre la télé, manger des tartines, faire des listes, traîner sur l’internet de lien en lien en lien.

En parlant de comment passer un bon samedi en famille, c’est old mais je ne peux pas résister au plus beau fail twitpic du monde. Aka les seins de Tori Spelling – Donna-la-pucelle dans Beverly Hills. Son mari a pas fait gaffe, il a posté une jolie photo de leur fils sur Twitter sauf que…

Bref. Perso, depuis septembre, je passe pas trop mes samedis à me faire photographier les nichons devant mon fils, je les passe plutôt dans des TER pour aller à la rencontre de mon public. Ce qui est un non-sens complet vu que, a priori, quand vous écrivez, c’est que vous aimez bien rester enfermé chez vous sans contact humain. Si vous aimiez rencontrer des gens, vous auriez été acteur ou attaché de presse. Quand vous êtes plutôt du genre solitaire, vous avez le choix entre : écrire ou passer votre vie sur internet. (Ca donne une idée un peu au débotté, grosso modo, de mes capacités naturelles de socialisation.)

Ce qui nous amène subtilement au bilan de mon année 1°) b/

Après, avoir signé un mirobolant contrat d’édition, vous pensez que donc que votre part du job est fini. Sauf que j’avais zappé quelques étapes. Parce qu’au Diable, on travaille tous ensemble. Il a fallu se mettre d’accord sur l’argumentaire de vente, sur la quatrième de couv, et… sur la couv.

Vous n’aviez peut-être pas remarqué jusqu’à présent mais Couverture et Cauchemar, commencent par la même lettre…

L’idée c’était qu’il fallait choisir soit une couv meuf, soit une couv génération, soit une couv polar. Mama Mazauric m’a dit de lui faire confiance, qu’il fallait une couv meuf.

On m’en a proposé une vingtaine. A l’époque, j’ai absolument refusé de les montrer aux gens parce que j’avais un peu honte. Et à chaque fois, j’ai en gros répondu :

C’est moche

Bah c’est pareillement moche en plus foncé

(On a mis assez longtemps à comprendre pourquoi le graphiste tenait tellement à nous foutre un pied sur la couv. Perso, j’y voyais une métaphore inconsciente pour me signifier qu’il foulait aux pieds mon roman de caca. Mais en fait, il s’est avéré que c’était une parabole de l’amitié – comme les 5 doigts du pied. Voilà-voilà.)

Ensuite, y’a eu la période sacs à main…

 

Argh… c’est horrible…

Mais mais mais ne serait-ce pas des larmes de sang qui coulent de mes yeux ?

A ce stade, Mama Mazauric a sensiblement changé de discours. On est passé de « Ne t’inquiète pas, on finit toujours par trouver et on ne prendra jamais une couv que tu n’aimes pas » à « Titiou, on n’a plus le temps. Il va falloir choisir une des couv qu’on t’a proposées ». Jeveuxpasjeveuxpasjeveuxpas.

Ensuite, il y a eu les silhouettes.

A quoi j’ai répondu que c’était pas parce que mes héroïnes s’appelaient entre elles les morues, que pour autant c’était la foire au boudin. (Je sens que là, je pourrais faire un jeu de mots digne d’un stand de la fête de Lutte Ouvrière.) (Cette blague ne sera comprise que de meilleur ami mais tant pis.) (Sachez que selon moi, les jeux de mots se classent en deux catégories : les jeux de mots pourris inspirés des titres de Libération et les jeux de mots pourris du type du nom des stands à la fête de LO.) (D’où nous pouvons en déduire que le jeu de mots n’est pas une valeur de droite.) (De même que l’amour, la solidarité et la bonne humeur.)

Après avoir expliqué que les silhouettes de boudins y’avait pas moyen. Que quitte à faire une couv meuf, je voulais de la bonnasse, on a trouvé l’image des jambes de Barbie.

Donc pour ceux qui détestent cette couv, je vous demande de revoir les images précédentes pour mieux comprendre d’où on revient.

Après la publication, vous attendez les critiques.

Je vais pas faire un best-of des bonnes critiques hein, ça serait pas drôle. (Mais quand même Charlotte a fait un super papier sur mon roman. Et c’est l’occasion de donner un gage d’authenticité à ce blog. Pour les viiieeeux lecteurs, ils se souviendront que j’ai vécu le début de mon cdd à slate comme une punition. On m’avait arrachée mes vêtements et jetée hors du jardin d’Eden des pigistes. Un peu traumatisée, j’avais passée les deux premières semaines à ne pas être franchement conviviale avec mes collègues (alors que je les <3). Mais on aurait pu penser que j’en rajoutais dans l’auto-portrait asociale. Grâce au papier de Charlotte, on a la confirmation que pas du tout.)

Donc voici les meilleures critiques mauvaises que j’ai eues (là, je me dis que heureusement que Mama Mazauric mon éditrice ne lit pas mon blog, sinon elle me fouetterait nue avec des ronces). (Merci à Julien, Charles and co de pas me balancer.)

En général, les critiques ont tourné autour de deux choses : le mélange des genres (polar, meufs, roman psychologique) et le mélange des registres de langage (foutre à l’imparfait du subjonctif). Si y’avait pas eu, deux siècles avant, Victor Hugo et la bataille d’Hernani, j’aurais presque pu croire que j’avais écrit un roman super choquant de modernité. (Tu as quitté l’école depuis plus de deux ans ? Tu ne te souviens pas de la bataille d’Hernani ? En quelques mots : manifeste du romantisme, 19ème siècle, Hugo casse les codes du théâtre classique notamment en revendiquant le mélange des genres comme signe de modernité.)

Il y a eu évidemment tout le « c’est de la chick litt ». Mais ça, franchement, avec la couv qu’on a choisie on l’a bien cherché. En plus je suis une fille. Et j’ai un blog. Et OUI je porte une marinière sur la photo officielle. Donc bon…

En fait, la seule remarque qui m’a étonnée c’est la récurrence du qualificatif de « bobo ». Dans mon esprit, le bobo est un individu blindé de thune. Ce qui n’est pas vraiment le cas de mes personnages. Après réflexion, je pense que ça vient d’une méconnaissance. Les critiques confondent le « bobo » et le « branchet ». Sans doute parce qu’ils ne lisent pas assez Brain magazine. Le branchet est un mélange entre le branché et le déchet, ses mœurs dissolues ont été étudiées par l’éminent Cyril2Real. Typologie du Branchet et lexique pour mieux le comprendre.

Venons-en au TOP 5 des critiques :

5/ La critique qui n’a l’air de rien :

« Malgré un ton et une trame qui frôlent souvent le lieu commun de la génération « filles et Internet » (cf. le titre de son blog), on appréciera la fraîcheur de ce court roman pour terminer l’été. »

Sauf que… le roman fait quand même 450 pages. Clairement, la meuf qui a écrit ça, elle venait juste de relire Guerre et Paix.

4/ La critique que j’aurais dû envoyer à Raphaëlle « Le début du roman m’a un peu rebuté, j’ai trouvé l’écriture assez spéciale. Le fait qu’elle parle d’Ema dans son livre à la troisième personne du singulier m’a un peu dérangé, je n’ai pas su vraiment m’attacher à ce personnage.

Cependant, j’ai quand même passé un bon moment avec ce livre. Mis à part les longueurs et des petits éléments de langage qui m’ont dérangé, je me suis amusé de certains passages.

De plus, le lecteur peut parfois s’identifier aux personnages, et c’est assez plaisant dans un livre d’avoir un point d’attache de ce genre.

je pense qu’il faut le lire pour pouvoir se faire sa propre opinion car c’est un style quand même relativement particulier, on aime ou on n’aime pas. »

3/ La critique qui dit que je parle comme une enfant de catin. « Sans vouloir apparaitre pour la rabat-joie de service, le côté quelquefois un peu vulgaire et grossier m’a rebutée. » http://fibromaman.blogspot.com/2011/08/titiou-lecoq-les-morues.html

2/1/ Ex-aequo, mes deux critiques préférées, dans des genres très différents.

D’abord, celle du blog d’une « shopping-addicte ». « ce livre a un parti pris de politique gauche, à mi-chemin entre l’altermondialiste et le PS. Je n’ai pas aimé, non pas par affinité avec la droite, juste parce que je n’aime pas la politique tout court (et donc lire ce roman n’était pas un plaisir). (…) Trois sujets divers qui auraient mieux fait d’être séparés. Surtout quand l’enquête pseudo-policière ne trouve son réel dénouement que dans l’épilogue au lieu du chapitre précédent. » Et le mieux du mieux : « – l’auteure cherche clairement à provoquer. Elle manie des mots d’intello qui me sont inconnus et les mélange avec des propos très vulgaires, ce qui ne m’aurait pas gêné si cela ne tombait pas comme un cheveu sur la soupe. On dirait juste qu’elle cherche à se faire remarquer. »

Et mon autre préférée : « la verve féministe utilisée par ces morues, rédactrices avides du manifeste des morues qui grosso modo est au féminisme ce que la télé réalité est au journalisme d’investigation. »

\o/

N.B. : à ce rythme, je pense que j’aurai fini mon bilan 2011 pour 2013.

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23 novembre 2011

Le bilan 2011 – part one /a le roman

Avant tout, à l’attention de mes copains profs et de ceux qui ont, un jour, été à l’école, sur Slate, on a co-signé une tribune avec une amie prof qui en chie. C’est ICI.

Tandis que le mois de novembre étend ses branches décharnées vers une fin d’année morose et sans neige (ouaip, j’ai décidé d’écrire chiant et mal), il est temps de se lancer dans un bilan thématique de mon année 2011.

Parce que 2011 c’était un peu MON année.

Putain mais ENFIN QUOI.

(Nota Bene à l’intention de Dieu : on peut savoir ce que t’as branlé pendant les 30 années précédentes ? T’avais perdu mon dossier ? Il avait été oublié dans une benne à ordures c’est ça ?)

Nous allons donc avoir le bonheur et l’émotion de passer en revue les moments forts de MON année. (Oui, je fais aussi dans le blog égotiste et je m’en fous parce que c’était MON année et que c’est aussi MON blog, et que je pense aux lecteurs qui suivent patiemment mes galères diverses et variées depuis 2008 et que ça serait pas très sympa de les exclure de mes satisfactions actuelles.)

Mais les satisfactions étant nombreuses (et accessoirement ma névrose des listes n’ayant toujours pas été réglée), on va faire ça par thème.

Part one donc : le roman. Partie elle-même divisée en deux. Donc voici le 1°) a/

MOUAHAHAHA… J’ai z’été publiée. Un peu comme Balzac ou Simone de Beauvoir. (Ou également Loana, Hervé Vilar et Christian Estrosi.)

Mais ce que vous brûlez de savoir c’est comment on atteint un tel succès ?

C’est très très simple.

D’abord, on prend un boulot à mi-temps, minable, sous-payé et avec un chef qui vous donne envie de vomir sur ses mains pleines de veines noueuses comme les arbres du mois de novembre qui s’étendent vers etc.

Ensuite, on se dit qu’on en a pour deux ans d’écriture et qu’en attendant, tiens, on va aussi ouvrir un blog.

Après, on essaie de pas trop écouter les gens qui, au bout d’un an où ils n’ont pas lu une ligne mais te voient transporter en permanence un petit cahier, te disent « je suis très inquiet pour ton avenir professionnel. Tu veux pas prendre un vrai travail ? »

Au départ, t’as une idée très précise de ce que tu veux faire. Ca va se passer dans un temps indéterminé, dans une ville imaginaire, pendant les championnat du monde d’un sport. Soit une durée de deux mois. T’inventes de A à Z un sport d’équipe. (Oui, j’ai fait ça.) Deux ans plus tard, le roman se passe en fait de nos jours, à Paris, pendant un laps de temps d’un an sans aucune compétition sportive.

Ensuite, tu fais lire à des gens triés sur le volet.

1°) tu fais lire la première version à la fille la plus sympa de Paris, aka Raphaëlle Leyris à l’état civil. Là, Raphaëlle te dit : « ton système énonciatif ne fonctionne pas. Il rompt le pacte de lecture. Faut que tu changes tout. » D’abord, tu trouves que finalement Raphaëlle est pas si sympa que ça. Ensuite, tu commences à lui expliquer qu’elle se trompe complètement, qu’elle n’a sans doute pas perçu que tu cherchais précisément à révolutionner l’énonciation romanesque.

Elle te répond « fais comme tu veux ».

Tu changes tout le système énonciatif.

Du coup, t’es obligé de réécrire tout le roman parce qu’au niveau du style, ça ne va plus.

2°) tu fais lire à ton coach la deuxième version. Dont tu sais qu’elle est parfaitement géniale et qu’il va s’évanouir d’admiration. Là, Coach te dit : « elle est bien ton intrigue politico-policère. C’est dommage qu’on n’y comprenne rien. » Cette fois, tu gagnes du temps. Tu abandonnes l’idée d’expliquer à Coach qu’il n’a pas bien saisi l’ampleur de ton génie et tu passes un mois à te demander pourquoi tes amis ne sont pas plus lucides quant à ton génie. Puis un mois à te dire que t’es une merde. Puis quatre mois à chercher comment refaire ton intrigue principale. Ensuite, tu réécris tout le roman.

3°) le roman est fini. Tu décides de mettre au point des stratégies pour le publier. En parlant à ton nouveau Chef, parce qu’entre-temps, t’es vaguement devenu journaliste, il te dit « tu veux pas que je le relise avant que tu le donnes aux éditeurs ? » Tu sens à plein nez l’arnaque venant du Chef qui retoque tous tes papiers. Mais comme t’as plus aucun égo, tu lui donnes quand même. Trois semaines plus tard, il débarque au café avec une version entièrement corrigée en rouge et t’explique : « ça fait beaucoup de pages ton livre. Faut enlever des adverbes. »

Après avoir donc tout réécrit trois fois, il ne te reste plus qu’à attendre la gloire, le cul sur le canapé. Accessoirement, tu attends aussi les réponses des éditeurs qu’on peut trier en 3 catégories :

1°) ceux qui te répondent que Cher monsieur, après une lecture attentive de votre manuscrit, nous avons le regret de vous annoncer que nous n’en avons pas de place dans nos collections pour votre ouvrage pourtant plein de qualités. (Là, où ça fait mal c’est quand la lettre commence par Cher monsieur, alors qu’en page 1 du manuscrit t’as foutu ton cv avec une photo de toi pour suggérer que tu étais prête à poser nue pour une éventuelle promo si besoin était.)

2°) ceux qui te répondent qu’ils ont absolument détesté, haï, honni ce manuscrit qui ne ressemble à rien, qu’on n’écrit pas trois livres en un et qu’on ne conjugue pas « foutre » à l’imparfait du subjonctif, et que même pas ils torcheront le bâtard de leur labrador avec. Sincères salutations.

3°) ceux qui te répondent que c’est pas mal, moui, pourquoi pas. On veut bien vous signer un contrat. Et vous expliquent qu’ils sentent que ça peut faire un excellent livre de plage pour les filles.

4°) tu rencontres Mama Mazauric et Charles et vous tombez amoureux. Tous les trois.

Charles 4EVER <3

Là, enfin, tu peux retourner à ton canapé en attendant le coup de téléphone de ta banquière qui viendra s’aplatir d’excuses pour n’avoir pas cru en toi avant. (Alors oui hein, quand t’es publié, tout de suite, tu penses à tous les gens qui un jour t’ont fait chier, par exemple cette pute de Mathilde Bréchet en 4ème, et tu te dis que ça va leur faire une belle jambe. C’est seulement après que tu réalises que 1°) ils ne sauront sans doute jamais que t’as sorti un livre. 2°) ils n’ont aucun souvenir de t’avoir humilié il y a dix ans. 3°) Du coup, ils seraient même capables d’être contents pour toi de ce qui t’arrive.)

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