5 février 2009

Photobucket for free, not forever

Ce blog vient de perdre 57,34 % de son charme depuis que les photos ont disparu. (chiffres tirés de la même enquête Ipsos-Le Figaro sur le thème « les lecteurs de G&G sont-ils de bons coups : Oui. ») Donc non, ce ne sont pas vos ordis qui merdent (hein Lulu, au lieu d’incriminer le matériel de ton lieu de travail). C’est juste que Photobucket m’a écrit. Oui, à moi, titiou.

« Attention titiou

You have exceeded the 25 GB monthly bandwidth limit on your free
Photobucket account. As such, your image and video links have been
temporarily disabled. Your images and videos have not been deleted but
will be reactivated on the 08th of the month, when your bandwidth
usage resets to zero. »

Evidemment, comme ils sont top sympas chez Photobucket, ils me proposent un abonnement à « $39.95 for a full year ». (Preuve s’il en est que la voix d’Edwy Plenel, le Victor Newman de Mediapart, est entendue dans les plus hautes sphères.) Mais il est hors de question que je dépense un centime pour cette espèce de monstre qui vampirise ma vie (aka le blog). (Je vois venir les commentaires corrosifs du genre : ça te vampirise vachement tes deux posts par semaine alors qu’il y en a qui en font trois par jour. Mais oui, figurez-vous que la mauvaise conscience, la culpabilité toute judéo-chrétienne de ne pas tenir mes propres engagements me prend un temps fou. Voir les longues minutes passées à psalmodier « il faut que je fasse un post, il faut que je fasse un post ».)

Peut-être que la solution serait de cesser de faire des photos qui pèsent la moitié d’un disque dur et mettent 48minutes à être uploadées…
Du coup, pour l’illustration du jour, je fais avec les moyens du bord et hop, je rends hommage aux artistes anonymes qui pratiquent l’art ASCII.

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30 janvier 2009

Petit retour du friday sex

Petit retour dans la mesure où il s’agit juste de poser quelques postulats.
La dernière fois qu’il y a eu un vendredi du sexe – autant dire que ça commence à remonter puisque vendredi dernier j’ai passé mon tour (je sais Gwendoline, je suis une grosse flemmarde) – il y a eu un commentaire très juste qui m’a particulièrement interpelée. C’était l’idée que le porno c’est de la fiction. Et oui, bien sûr, ça n’a pas une valeur de documentaire. Pour autant, se limiter à cette affirmation, c’est quand même simplifier quelque chose qui, par essence, ne l’est pas.

D’abord parce que même siliconés et bodybuildés, et donc quelque part dé-réalisés, ce sont des vrais corps que l’on mate. De vrais corps meurtris et maltraités – principalement dans le gonzo américain.

Gonzo américain qui pose le problème de la surenchère. Les hardeuses françaises qui ont tenté l’expérience outre-Atlantique, dans l’espoir d’acquérir le statut de véritables stars, n’ont pas très bien vécu l’expérience – aussi courageuses et endurantes soient-elles. De ce point de vue, les scènes de Katsumi aux States sont… heu… parlantes. (J’hésite à mettre un lien vers du pas du tout Safe For Work et du pas très joli en prime… Disons que, pour les curieux, vous tapez Katsumi gang bang dans le moteur de recherche de pornhub et vous constaterez par vous-même les dégâts.) Et on peut, en un sens, lui reprocher ce refus complet de dire stop quand il devient évident qu’elle est au bord de l’évanouissement. Ce faisant, elle participe à ce que les réals exigent autant des autres filles.
Parce qu’il y a une espèce de surenchère perpétuelle et qui bizarrement ne se joue pas sur du « toujours plus de douceur et d’orgasme ». Par rapport aux pornos qu’on matait quand on était petits/petites, il y a quand même une montée en puissance du sadisme assez nette qui se joue plutôt autour du défi « jusqu’où le corps et la psyché féminine peuvent-ils tenir ? » question qui semble être le noeud de la majorité des productions récentes. (Même si, bien sûr, ce n’est pas le cas de toutes mais c’est suffisamment courant pour que Dorcel lui-même s’en plaigne).
Qu’est-ce que ces femmes sont capables d’accepter, qu’est-ce qu’elles sont capables d’endurer, jusqu’où va leur soumission – quelque chose qui relève de l’entreprise de déshumanisation. (Des questions que Rocco Siffredi a su très bien exploiter pour son bien-être commercial. Incroyable comment ce connard hypocrite a réussi à se faire passer pour « un homme qui aime les femmes » et être invité sur tous les plateaux de télé alors que dans le milieu il est connu pour être l’inventeur des scènes de levrette où l’actrice a la tête plongée dans la cuvette des chiottes).
Personnellement, je suis convaincue que ces hardeurs, si on leur faisait subir la moitié de ce qu’ils tournent comme scène, ils s’effondreraient complètement.
Mon propos n’est pas de déterminer les responsabilités en la matière, entre producteurs et consommateurs, juste de souligner une évolution du contenu pornographique avant de spéculer sur les implications dans notre sexualité quotidienne. Parce que ces scènes trash, bien que chacun fasse la différence avec la sexualité vécue, elles contribuent à cristalliser de nouveaux fantasmes qui alimentent ensuite, de manière plus ou moins assumée et explicite, les jeux sexuels de la vie quotidienne.

Et je mets en lien mon interview de Milka Manson.

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28 janvier 2009

Du Tigre à l’enthymème

On a beaucoup parlé de l’enquête du Tigre qui a retracé des moments de la vie d’un parfait inconnu en cherchant et recoupant les traces qu’il avait laissées sur internet (encore un sujet que je vais éparpiller sur dix posts, autant vous prévenir).
Mais alors même que le Tigre déclare s’intéresser à « la confusion entre vie privée et vie publique » et à « l’idée qu’on ne fait pas vraiment attention aux informations privées disponibles sur internet, et que, une fois synthétisées, elles prennent un relief inquiétant  » la parution de cette enquête a plutôt alimenté la thèse du monstrueux internet qui est comme une pieuvre géante qui pénétrerait dans nos maisons, violerait nos fils, volerait notre fric et surtout enfoncerait ses tentacules dans nos trous de nez pour nous lobotomiser le cerveau et se nourrir de sa substance blanche. Internet EST bodysnatchers. Une entité mystérieuse qui à elle seule serait la plus forte parce que conjuguant : 
le conseil des sages de Sion et leurs protocoles pour conquérir le monde
les réseaux de pédophiles (notamment toulousains) 
les sections Al-Qaida basées notamment en Seine-Saint-Denis. 
Rassurez-vous cependant. 
Internet a deux ennemis qui le combattront jusqu’à la mort s’il le faut : la télé et Frédéric Lefebvre. 
Parce que rire deux minutes par jour est nécessaire, on se refait un bout de la déclaration du député UMP des Hauts-de-Seine, proche du Président, et pas un genre d’homme à s’emballer pour rien et à faire de la démagogie en jouant sur les pires peurs plutôt que de s’adresser à la rationnalité du citoyen, non, Frédéric, il est au-dessus de ces procédés populistes, démonstration :
« Il aura fallu attendre que des établissements financiers soient en faillite, que la croissance soit au point mort, que des pays soient au bord du gouffre, pour que le monde se réveille et accepte enfin de construire un système régulé au plan international. Faudra-t-il attendre qu’il y ait des dégâts irréparables pour que le monde se décide à réguler Internet ?
L’absence de régulation financière a provoqué des faillites. L’absence de régulation du Net provoque chaque jour des victimes ! Combien faudra-t-il de jeunes filles violées pour que les autorités réagissent ? Combien faudra-t-il de morts suite à l’absorption de faux médicaments ? Combien faudra-t-il d’adolescents manipulés ? Combien faudra-t-il de bombes artisanales explosant aux quatre coins du monde ? Combien faudra-t-il de créateurs ruinés par le pillage de leurs œuvres ?
Il est temps, mes chers collègues, que se réunisse un G20 du Net qui décide de réguler ce mode de communication moderne envahi par toutes les mafias du monde.
[…] La mafia s’est toujours développée là ou l’État était absent ; de même, les trafiquants d’armes, de médicaments ou d’objets volés et les proxénètes ont trouvé refuge sur Internet, et les psychopathes, les violeurs, les racistes et les voleurs y ont fait leur nid. »
L’échange à l’Assemblée Nationale est à lire en entier ICI
On notera que Fredo a potassé son Zola, et connait le pouvoir d’une anaphore bien placée (« combien faudra-t-il » x5). Il connait surtout la valeur d’un sophisme. Et moi, personnellement, j’adore reconstruire les sophismes sous-jacents aux argumentations foireuses. Là, il s’agit plus précisément d’un enthymème (c’est-à-dire qu’une des prémisses n’est en réalité qu’un préjugé couramment répandu). 

Prémisse majeure : le système économique mondial est le théâtre d’excès dont la société est victime (vrai) 
Prémisse mineure : internet est le théâtre d’excès dont la société est victime (= préjugé courant sur la dangerosité du net) 

Conclusion : internet et l’économie mondiale libérale suivent le même régime, ce qui est bon pour l’un est donc forcément bon pour l’autre. (comprendre régulons l’un et l’autre) 
En rhétorique, l’enthymème, bien que fort efficace, c’est un peu le sophisme du pauvre, une suite d’impressions mises bout à bout pour faire croire à une logique implacable là où tout n’est qu’amalgame boiteux.  
A ce rythme, je me demande combien je peux mettre de posts pour arriver à mon sujet. 
Et puis, comme il fallait une photo, bah voilà :
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27 janvier 2009

4chan for god

Un post geek mais alors très très geek qui risque de n’intéresser que très très peu de lecteurs au point que je me demande depuis deux jours comment convaincre les gens que c’est un sujet important.
Bref, j’ai décidé qu’il était grand temps de parler de Boxxy, l’étrange meme du début d’année.
Pour les néophytes, quelques précisions.
Un meme = du rien du tout, photo ou vidéo, avec un caractère vaguement ridicule dont des internaute vont s’emparer et dont les caricatures et déclinaisons vont faire la célébrité.
Ces malicieux internautes se réunissent généralement sur le board /b/ de 4chan. 4chan ? Board b ? En résumé très très court, une sorte de forum où se retrouvaient à l’origine des espèces de génies intégristes du net qui ont fait la culture internet. Les rois et les garants d’un certain internet. J’en ai déjà parlé là. Ils s’échangent des conneries, se foutent de la gueule de parfaits inconnus et puis, de temps en temps, y’a une blague qui prend plus que les autres et devient un phénomène web planétaire : c’est le meme.
Un exemple de petit meme : un crétin poste sur un forum une photo de sa meuf posant devant sa voiture.

Vu la tête de la fille (et son léger problème de dents, nez, bouche et yeux) il aurait dû savoir qu’il se ferait chambrer. Et que la vie de cette pauvre fille serait définitivement brisée (quelques heures plus tard, les petits plaisantins avaient trouvé sa page myspace, son adresse mail, son nom, son numéro de sécu et son téléphone). Vous voyez un peu l’esprit : flugly, méchant et sale. Et génial.

Donc voilà Boxxy, une ado vaguement gothique et gentiment hystérique qui poste une vidéo. Ca, c’est le rien.

Et puis, arrivent les déclinaisons et caricatures, qui ici ont pris la forme de remix de la vidéo originale.

Si la vidéo originelle existe depuis un an, il a fallu attendre qu’elle atterrisse sur le board /b/ de 4chan pour que ce soit le cataclysme. Mais il s’est produit un phénomène inattendu. Alors que la tradition de /b/ veut que tous les participants unissent leur force pour faire le meilleur lulz (mauvaise blague) du monde, cette fois l’histoire a tourné au règlement de compte. Les channers se sont scindés en deux groupes antagonistes : ceux qui voulaient voir mourir Boxxy et ceux qui voulaient l’engrosser.

C’est là où le cas Boxxy devient totalement unique. Il va provoquer la renaissance de la guerre civile qui avait déjà agité le site l’été dernier. Alors que les « nouveaux » (« the newfags », comprendre « les nouveaux pédés ») se passionnent pour Boxxy, cherchent par tous les moyens à trouver sa véritable identité (via une opération joliment nommée Valkyrie) et ne parlent plus que d’elle, (allant jusqu’à la nommer Queen of /b/) les anciens (« the oldfags ») commencent assez vite à être agacés par cette obsession pour une « cute girl » et autant dire que « les anciens pédés » de 4chan, ils aiment pas trop le côté cute. Le mignon, ça leur donne envie de gerber – à peu près autant que les emo kids. Et pour eux, il ne s’agit pas d’un véritable meme né spontanément, mais d’un meme forcé, créé par les puceaux de 13 ans qui polluent leur site. Boxxy devient alors à leurs yeux l’archétype du cancer qui ronge le site, l’esprit 4chan, et plus généralement l’underground internet.
A ce moment, le board b de 4chan est totalement envahi par les admirateurs de Boxxy. Rien d’autre n’existe. Le 10 janvier, Moot, un des administrateurs du site, prend alors une décision extrême. Pour tuer Boxxy, il faut tuer le site, il le fait donc crasher pour quelques heures. Mais même après ce nettoyage, dès que le site revient à la normale, le cancer Boxxy reprend. Tous les utilisateurs postant un message mentionnant Boxxy sont alors systématiquement bannis pour deux jours.

Au final, on a une gamine de 16 ans qui n’a rien, mais alors vraiment rien demandé à personne, qui se retrouve menacée et toutes ses infos persos éparpillées sur le net. Et une guerre pour savoir ce que doit être 4chan et plus généralement l’underground viral. En gros, la première guerre civile intra-geeks. Et si ces mecs-là décident de se faire la guerre, ils sont capables d’aller jusqu’à une espèce d’Hiroshima virtuel.

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