9 septembre 2008

le métro – un sujet passionnant pour un post fascinant

Je nourris une passion secrète pour le métro depuis mon enfance. Le côté souterrain, dangereux, le crissement des trains, les tunnels obscurs, les étincelles, les tags, et bien sûr Christophe Lambert qui disparaît sous le métro dans Subway (même si j’étais amoureuse de Anglade).

C’est un lieu tellement intégré à ma psyché que j’en rêve souvent. Je me félicite de constater que les petits parisiens continuent à défier leurs parents en refusant de s’accrocher à la barre « tiens-toi à la barre! Tu vas tomber! » Ado, j’y ai beaucoup traîné quand on manquait de thune pour se payer un café et que dehors il caillait. Et puis ça a été un lieu de happening artistique, d’engueulade, de rencontre, d’agression, de fou rire – la vie quoi. Je fais partie de cette minorité qui ne comprend pas qu’on désigne le métro comme le summum de l’enfer de la dépersonnalisation parisienne. Le métro, c’est la vie.

Il y a une spécificité parisienne que les guides touristiques devraient absolument traiter : les filles qui pleurent dans le métro. Je me suis souvent demandée si c’était comme ça dans d’autres grandes villes et des amis « d’ailleurs » m’ont assuré que non. Que c’était un truc de parisienne. La parisienne est mince, bien habillée et elle chiale dans le métro. C’est un phénomène tellement usuel que je m’étonne qu’aucun groupe Facebook n’ait été monté sur le sujet.
Evidemment, j’appartiens à la race de ces filles qui pleurent dans les transports en commun – ça doit même être le deuxième endroit où j’ai le plus pleuré après mon canapé. Certes, la parisienne pleure rarement à gros sanglots mais si vous y prêtez attention, dans votre wagon, il y a souvent une fille seule dont les yeux se mettent brusquement à rougir et qui tourne la tête vers la fenêtre pour se contrôler.
Et pourquoi ? Parce qu’elle sort d’un rendez-vous difficile, d’une journée de merde, d’une soirée pourrie (d’ailleurs, la preuve en est qu’elle rentre seule) et que par un effort de volonté surhumain elle n’a pas pleuré pendant ce rendez-vous/cette journée/cette soirée, elle a fait bonne figure et puis elle s’est levée et elle a pris le métro pour rentrer s’effondrer chez elle. Sauf que la durée moyenne d’un trajet en métro étant de 20 minutes, forcément, à un moment, ça déborde. C’est mathématique, c’est lacrymal. J’adore ces filles qui chialent dans le métro peut-être parce que j’ai le sentiment d’appartenir à une vaste confrérie secrète. Parce que ça satisfait mes instinct pervers de voyeuriste. Parce qu’elles ne sont pas insensibles. Et parce qu’elles ont l’infinie délicatesse d’attendre d’être dans l’anonymat de la ratp pour craquer.

J’appartiens également à la confrérie des gens qui ont vomi dans le métro mais c’est moins poétique et beaucoup plus embarrassant. Ma meilleure amie appartient elle à la confrérie des gens qui s’évanouissent dans le métro mais ça, c’est parce qu’elle a toujours voulu en faire plus.

PS : Putain… L’air de rien je viens de poster ma première vidéo…

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27 août 2008

Je peux mourir en paix

J’avais annoncé une suite de posts inintéressants, attention, les voilà! Après cet été pourri, c’est enfin la rentrée, on se remet au travail. JE me remets au travail comme vous ne manquerez pas de le constater. Comme ce blog tient à délivrer une certaine morale, vous constaterez également que le message du jour est « quand on veut, on peut » et « tout travail est récompensé » puisque (roulement de tambours)

TINTINTIN VICTOIRE EXPLOIT

Ca vous en bouche hein ?

Et oui, j’ai l’impression d’avoir une vie riche et pleine. Oui, j’ai la sensation d’avoir accompli quelque chose d’important. Je travaille à plein régime à l’édification de ma gloire future.
Par contre, depuis ce record du monde, je suis un peu désoeuvrée. Sachant qu’il est humainement impossible que je ré-atteigne jamais un tel score, ce jeu a considérablement perdu de son attrait. C’est la fin d’un challenge.
Ceci étant j’avais écrit un texte très triste sur le bilan de ma rupture, un texte à faire chialer les plus gros cailloux de Clermont – mais ce sera pour plus tard.
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18 août 2008

Rupture, étape 3

Ca fait un moment que je n’ai pas parlé de ma rupture et comme il se trouve que c’est quand même un excellent filon pour bloguer, revenons-y. Pendant ce premier mois, j’ai donc brillamment passé la phase une (rappelez-vous : se bourrer la gueule et claquer plein de thunes). La phase deux (rester enfermée chez soi à regarder le plafond). Arrive désormais la phase trois : reprendre ma vie en mains, à deux mains, à pleine main.

En général, ce type de grandes déclarations assez floues recouvrent une réalité beaucoup moins séduisante à savoir se confronter avec le principe de réalité et se taper toutes les corvées matérielles qu’on avait reportées sous prétexte de « pas en état, c’est trop tôt, je dois m’occuper de moi en priorité, j’ai un record de zookeeper à battre et une saison de How i met your mother à finir ». Et dans les corvées, il y en avait une en particulier que je remettais de jour en jour : l’envoi du préavis pour quitter « notre » nid d’amour et lieu de tensions ménagères.

Acte hautement symbolique s’il en est. Comme si on couchait noir sur blanc que oui, c’est fini. Comme si Mister Rum (le proprio) était une sorte d’instance supérieure qui seule pouvait entamer cet état de fait. Bref, la semaine dernière, j’ai décrété qu’il était grand temps de sortir de cette période floue parce que bordel de zob je suis une femme indépendante et déterminée. Tenez, illustration.

Photobucket
Est-ce que ça c’est pas l’image d’une femme libre ? Bref.

Me voilà donc partie pour la Poste du 11ème. Sachant que j’habite à Montreuil, ça demande une explication. Malheureusement, je n’en ai pas en-dehors du fait que j’adore ce bureau de poste. Et puis c’est de là que j’avais envoyé mon précédent préavis – celui qui allait nous permettre d’emménager ensemble (je ne le dirai qu’une fois mais franchement quelle enculade la vie à deux).

Dans la file d’attente, déjà, j’ai comme un début de doute.

Quand le guichetier guadeloupéen m’adresse un sourire chaleureux pour me faire comprendre que c’est mon tour, je me demande si je ne vais pas me chier dessus en traversant les cinq mètres qui nous séparent (oui, la fameuse distance de sécurité qui est sensée protéger les agents de la vindicte populaire). J’arrive devant lui en pensant « il faut que je me décide. L’envoie. L’envoie pas. J’ai pas envie mais c’est ce qu’il y a de mieux pour moi » (d’ailleurs, vous pouvez m’expliquer pourquoi la « bonne chose » n’est jamais celle dont j’ai envie ?). Il me donne le bordereau à remplir. « Là votre adresse, ici celle du destinataire ». Je commence à le remplir. Première panique, j’ai évidemment oublié de prendre l’adresse de mon proprio. Je le fais de tête. Non, c’est pas ça.
« Heu… Excusez-moi, vous pouvez m’en donner un autre ? J’ai raté »
Deuxième bordereau : je le remplis et là, deuxième horreur. J’ai inversé les cases.
 » Heu… Chuis vraiment désolée, m’a suis encore trompée. »

Troisième bordereau. A ce stade, le guichetier a adressé son fameux sourire à une nouvelle personne qui vient donc récupérer un colis Chouchou les 3 Suisses contenant à tous les coups un lots de sous-pulls Damart le 5ème à moitié prix et le 6ème offert si vous en achetez 9, pendant que je gribouille nerveusement sur le bord du comptoir mettant fin à mon histoire d’amour. Vous comprenez bien que la situation me trouble. Rebelote, Cruchonne 1ère se replante entre destinataire et adresse de l’envoyeur.
 » Heu… Chuis vraiment désolée. Je suis une grosse merde toute nulle. »

Le guichetier me tend un quatrième bordereau en me disant « z’avez pas envie de l’envoyer ce recommandé dites-donc ».
Je baisse piteusement la tête.

Le résultat de cette action de femme indépendante et déterminée, c’est que le 15 novembre je suis officiellement sans domicile fixe.
JFF recherche studio.
(JFF = jeune femme fauchée)
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12 août 2008

Les trolls, part three

Et, miracle, on arrive enfin à l’article du NYT!
Il s’agit de trolling dans la mesure où le mauvais esprit est à son maximum mais un mauvais esprit qui prend des proportions telles qu’on bascule dans ce que certaines âmes appellerait de la méchanceté pure et simple.

Le reportage commence avec l’affaire Mitchel Henderson, un jeune qui s’est suicidé d’une balle dans la tête au printemps 2006. Les trolls de /b/ (une des sections de 4chan – pour résumer on va dire que c’est un forum de geeks) ont trouvé cette histoire très drôle (surtout d’établir une corrélation avec le fait que peu de temps auparavant, Mitchel avait perdu son ipod). Un délire s’ensuit. Mais ce qui aurait pu rester un simple délire pendant une soirée entre potes (jetez-moi la première pierre ceux qui n’ont jamais fait une blague sur le petit Grégory) a pris, via la caisse de résonance que représente le net, des proportions hallucinantes. Feu Mitch est devenu une sorte de star, de running gag des trolls.
De la simple amplification de ce qui se pratiquait auparavant de façon uniquement privée (la fameuse soirée entre potes) on passe à quelque chose qui ressemble à du harcèlement. Certains trolls ont récupéré le numéro de téléphone des parents de Mitch et l’ont balancé sur la toile. Résultat : un an et demi d’appels sur le thème « bonjour, je suis l’i-pod de Mitchell, je veux rentrer à la maison ». C’est le principe de la surenchère, de l’effet de groupe – mais à l’échelle d’un groupe de milliers de personnes… La page myspace de feu Mitchel a été hackée, certains poussant la plaisanterie très loin sont allés sur la tombe de Mitch, y ont posé un ipod et ont pris une photo.

Deuxième affaire. En novembre dernier, un fait divers fait scandale. Megan Meier, une gamine de 13 ans, se suicide par pendaison. Une des explications avancées est qu’elle entretenait un flirt sur myspace avec un garçon de son âge qui a fini par la détruire. Or, il se trouve que derrière la page de ce garçon, nul adolescent mais Lori Drew, une respectable mère de famille, plus précisément la maman d’une ancienne amie de Megan qui s’est amusée à manipuler la gamine. Histoire incroyable qui ne pouvait pas échapper aux adeptes d’humour noir. Quelques jours après que le scandale ait éclaté, Fortuny, un célèbre troll, crée un blog dans lequel il crache tout son fiel contre feu Megan en se faisant passer pour Lori Drew. Les plus grandes chaînes d’infos ont discuté l’authenticité de ce blog, et la présentation plus que tendancieuse qui y était faite de Megan, la petite suicidée, a suffisamment été relayée pour déformer la vision qu’on avait de ce fait divers.

Ce qui dérange, au-delà d’une question de bon ou de mauvais goût sur quoi je ne me permettrais pas de trancher, c’est la notion d’acharnement. Quand les trolls s’y mettent, ils peuvent lancer une véritable chasse à l’homme. On « trolle » quelqu’un. Souvent un bloggeur qui exaspère. Les trolls étant de bons pirates, quand ils se fixent sur une victime, ils pratiquent un harcèlement systématique et récupèrent pour les répandre dans la webzone, adresse, numéro de téléphone, numéro de sécu etc…

Ils peuvent également pirater des sites. Mais le terme de trolls est-il encore pertinent ? Il y a certes des piratages malveillants et gratuits comme l’attaque dont a été victime le site de la fondation des Epileptiques, attaque qui a consisté à balancer sur le forum des images flash et des liens vers des animations colorées. Pas très sympa certes, c’est un peu comme faire un croche-pied à un aveugle. Mais d’autres ont choisi comme cible privilégiée l’église de scientologie et foutent régulièrement en l’air son site. Si vous êtes contre la scientologie, vous trouverez peut-être leur action salutaire, c’est une question de convictions personnelles. Vous me direz que la différence majeure est que dans le cas des anti-scientologues, leurs actions ne sont pas gratuites mais portée par un discours politique. Mais il se trouve que des trolls comme Fortuny ou Weev (même si c’est le cas de la minorité) tiennent également un discours pseudo-politique d’extermination des abrutis (à savoir tous les demeurés qui ne travaillent pas sous Linux), leurs connaissances en informatique leur donnant visiblement un sentiment de toute-puissance qui les autorise à décider de l’existence d’autrui.
La différence devient dès lors très difficile à faire entre ce qui est salutaire ou néfaste et n’est plus qu’une question de valeurs subjectives.

Aux Etats-Unis, le problème qui commence à se poser est celui de la répression ou non de ces phénomènes et là, il devient urgent d’établir des règles qui tiennent sur autre chose que des jugements de valeur du type « ça c’est une bonne blague / ça c’est de mauvais goût ». La question que pose le journaliste à Fortuny : « Is there anything that can be done on the Internet that shouldn’t be done?” nous ramène à un problème à la fois éthique et légal que pour l’instant la société n’a pas affronté : le web doit-il rester un espace de liberté absolue ? Un encadrement doit-il être mis en place ? Le principe démocratique dans lequel nous vivons veut que ce soit la majorité qui décide de la réponse.

Il est remarquable que cette question soit absolument absente des débats en France où on se limite au seul « problème » du téléchargement (pour des raisons éminemment économiques) alors qu’elle constitue une nouvelle ligne de démarcation politique essentielle.

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