25 novembre 2008

Nadia Daam live-blogguée

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Je vais tenter de live-blogguer une bloggueuse. Périlleux.

C’est bien la première fois que je vais me farcir cette émission au nom joliment moderne « @la carte ». Notons que l’@ ne sert à rien, ça reste de la télé avec des témoignages de gens qui par exemple ont un livre à vendre. Comme Nadia dont je vais live-bogguer la prestation télévisuelle.
Le sujet du jour « qui va garder les enfants ? » c’est fou ce que je me sens pas concernée… Peut-être qu’avant ils ont fait « qui va m’engrosser ? » et que je l’ai loupé.

16h28 Nadia s’assoit avec un léger problème de constipation. Elle a choisi une tenue sobre, noir et bleu.

16h32 putain déstresse Nadia.
Nadia commence fort avec un propos un peu polémique : elle a découvert qu’une journée ne faisait que 24h…

16h33 une phrase tendancieuse sur les grèves dans les crèches…

Notons que l’animatrice lui mâche le travail – ou lui parle comme à une demeurée. Au choix. C’est-à-dire que la réponse de Nadia est sensée reprendre la fin de la question de la présentatrice. Ca me rappelle les exercices en cours d’espagnol.
« Est-ce que vous sentez ce regard sur vous ? » comprenez vous assumez vraiment d’être une mauvaise mère.
« Oui je sens ce regard sur moi [complétez] »

16h38 Nadia fait semblant d’écouter la dame à côté d’elle. Redresse-toi ma chérie.

16h41 lancement d’un reportage avec clin d’oeil de la présentatrice vers Nadia. Un reportage sur un théâtre dans lequel tu peux amener tes enfants pour les faire garder. Génial, non ? Une série de mères extatiques « on peut sortir et avoir les enfants pas loin. »J’espère que Nadia va oser expliquer que c’est exactement l’inverse de ce qu’elle prêche. Parfois, on ne veut pas avoir les enfants juste à côté. Mais j’ai un doute, ça dépendra sûrement de l’état de son transit.

16h44 retour plateau « ah c’est la fête! » commente la présentatrice dans son décor d’une tristesse toute soviétique.
Nadia se dégonfle. Elle dit rien.

16h52 les dames disent que la garde d’enfant au noir c’est mal.
Nadia n’apparait pas à l’écran. Le caméraman a compris qu’elle ne se sentait pas concernée par ce terrible danger.

16h54 Nadia a envie de se pendre.

16h55 Nadia a parlé mais j’ai pas écouté. Merde.

16h57 Si à chaque fois que je rajoute un truc je dois aller dans modifier messages, ça va pas être simple.

16h59 Elles ont toutes gloussé au mot « sésame ». Pas compris. Ca doit être une blague de maman.

17h02 Nadia a encore parlé : « On est obligées de faire avec parce que voilà ».

17h03 Un reportage coolos sur des grands-parents qui ne veulent pas voir/garder leurs petits-enfants. J’aime bien.
Retour plateau. Putain… les enculés… je vois plus Nadia. On dirait qu’elle a disparu pendant le reportage… Elle est peut-être en train de se faire lyncher en coulisses.
Merde, ils l’ont remplacée par une moche à carreaux.

17h11 Je suis perdue. Je vais pas live-blogguer les Frères Scott quand même…

17h15 je viens de recevoir un sms de Nadia qui me traite de « sale pute ». C’est beau la technologie. Ca veut aussi dire qu’elle est vivante. Peut-être enfermée dans les toilettes de France 3.
Vas-y, tu peux sortir des chiottes chérie, personne n’aura vu cette émission à part moi.

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23 novembre 2008

Les blogs, la pub et Narvic

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Pour les néophytes, dans ce qu’on nomme la blogosphère, il y a quelques blogs importants qui doivent leur légitimité et leur audience à l’indiscutable qualité de leur contenu. Parmi eux : Novövision.
Mais ces derniers jours, Narvic a fait deux posts coup sur coup qui ont de quoi étonner.
Dans un premier, il prévient que le contenu de son blog n’est plus sous licence libre Creative Commons mais passe en « tous droits réservés ». Dans le second il annonce qu’il va accepter la pub sur son blog. S’il se justifie à chaque fois, la concomitance des deux décisions marquent tout de même un tournant sur Novövision, une entorse à ses principes de base.
S’agissant de la pub, les explications me paraissent, à titre personnel, passablement foireuses – et ce n’est pas l’emploi des smileys qui va atténuer cette impression.
Mettre de la pub relèverait ici de la « provocation » et de « l’expérimentation ».

Hum…

Faudrait m’expliquer en quoi mettre de la pub est une provocation. Ah si, peut-être quand on a dit et redit combien la pub était dangereuse pour la liberté des bloggeurs. Mais dans ce cas, le terme « provocation » pourrait aussi bien être un euphémisme pour « changement d’opinion » ou « retournement de veste ».
Il présente également ça comme une expérience, une occasion d’étudier les mécanismes des relations pub/blogs.
S’ensuit ce qui, à mon avis, relève du contre-sens (et qui doit avoir un nom en rhétorique), une explication dans laquelle il se critique lui-même sur le thème « c’est un peu facile de ma part de dénoncer les dérives publicitaires des autres alors que moi je refuse la pub et les classements. » Plutôt que facile, ça me parait justement être la meilleure position dans la mesure où elle permet d’éviter de se retrouver en porte-à-faux.

Je ne suis pas farouchement opposée à la pub sur les blogs. Ca reste effectivement le meilleur moyen de se financer. En fait, je n’ai pas vraiment d’avis sur la question mis à part que, vu l’état de mes finances, si je pouvais me faire de la thune par ce biais je ne m’en priverais pas. (Et pourtant, la pub c’est mal etc… tiens, je vais même m’auto-linker pour l’occasion)
Si Narvic expliquait j’ai besoin d’argent, ce blog me prend beaucoup de temps, j’ai envie d’être rémunéré pour le travail que je fournis, je n’aurais rien à y redire. Ce qui me dérange c’est justement qu’il évacue totalement l’aspect financier et reste cantonné à un jeu d’esprit « je fais une expérience ». Et pourtant, je ne mets pas en doute qu’il en soit lui-même convaincu. Mais ce discours me parait d’une naïveté inquiétante pour la suite.

Il se demande si la pub rend les lecteurs suspicieux quant à l’honnêteté du contenu d’un blog. En général, je n’en ai aucune idée. Mais dans ce cas particulier, je tendrais à répondre que oui ne serait-ce que parce que cela marque par essence un tournant dans la ligne éditoriale de Novövision. Heureusement, si Narvic fait des erreurs et comme tout le monde se leurre parfois, à la différence des autres il finit généralement par l’admettre.

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19 novembre 2008

Du branding à Lacan – soi comme un autre

Bon… On va un peu lâcher Pascale pour tenter une approche plus intello. 
Mais on commence en douceur avec une autre arnaque un autre excellent article sur le sujet, rien que le titre est porteur des plus belles promesses poétiques : « le personal branding ou comment se positionner comme une marque ». Pour un individu, se positionner comme s’il était une marque est effectivement un objectif majeur dans sa construction et son épanouissement.  
Pas besoin d’un diplôme de marketing pour créer votre propre marque personnelle : du bon sens, de la persévérance et du goût pour l’introspection suffisent !” 
Mais de l’introspection positive, pas de l’introspection qui cherche les névroses. Plutôt le type de questionnement autoréflexif qui vous fait vous demander quelle fleur vous seriez. 
Construire sa marque personnelle, explique Béatrice Cuvelier, c’est mettre en œuvre une démarche qui prend en compte vos compétences, votre personnalité, vos qualités distinctives pour en dégager une identité unique.”
Autre approche pour définir la marque personnelle, celle de Peter Montoya, le pape américain du Personal Branding : « Votre marque personnelle, c’est tout simplement l’idée claire, forte et positive qui vient immédiatement à l’esprit des personnes qui vous connaissent quand elles pensent à vous ». 
En fait, votre “marque personnelle” ressemble étrangement à un assemblage de vieilles notions complètement ringardes comme la personnalité ou la réputation mais transférées à un objet/produit. L’originalité consiste ici à réifier l’humain. 
Non mais si Lacan et son putain de stade du miroir entendait ça… (subtile transition vers un truc chiant)
Entre l’apparition du net et le développement d’un certain système de valeurs (les deux étant évidemmment conjoints) c’est comme si l’humanité entière (enfin blanche riche occidentale) était restée coïncée au stade du miroir. 
En bonne pédagogue, je vous propose une petite illustration du stade du miroir lacanien : 

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Limpide n’est-ce pas ? 
Pour les sceptiques qui nouriraient un doute sur le sens de ce schéma, laissons la parole à Merleau-Ponty qui commente chez l’enfant la découverte de son reflet dans le miroir.  
« Reconnaître son visage dans le miroir, c’est pour lui apprendre qu’il peut y avoir un spectacle de lui-même. Jusque là il ne s’est jamais vu, ou il ne s’est qu’entrevu du coin de l’œil en regardant les parties de son corps qu’il peut voir. Par l’image dans le miroir il devient spectateur de lui-même. Par l’acquisition de l’image spéculaire l’enfant s’aperçoit qu’il est visible et pour soi et pour autrui. » 
(in Les Relations à autrui chez l’enfant)
L’analyse s’applique de façon troublante à la problématique de l’identité numérique. 
On dirait presque que Merleau raconte les premiers jours de mon inscription sur myspace. Les réseaux sociaux ne sont qu’un immense spectacle de soi-même où l’on devient spectateur de l’identité numérique qu’on se crée, spectacle pour les autres et spectateur des autres. 
L’architecture des sites en elle-même n’est qu’un réseau de miroirs d’individus, de reflets numériques.  
La différence essentielle étant que l’image spéculaire que découvre l’enfant dans le miroir lui est imposée. Il pourra modifier son apparence – pour autant il y aura toujours une image dans la mesure où le miroir n’est qu’une étape dans la confrontation aux autres, alors que le fait d’avoir une identité numérique relève d’un choix (en tout cas, pour le moment). 
« L’image propre en même temps qu’elle rend possible la connaissance de soi, rend possible une sorte d’aliénation : je ne suis plus ce que je me sentais être immédiatement, je suis cette image de moi que m’offre le miroir. Il se produit, pour employer les termes du docteur Lacan, une ” captation ” de moi par mon image spatiale. Du coup je quitte la réalité de mon moi vécu pour me référer constamment à ce moi idéal, fictif ou imaginaire, dont l’image spéculaire est la première ébauche. » 
Je jouis. 
Même si on a l’impression de tout contrôler (c’est-à-dire de tout mettre en oeuvre pour paraitre à son avantage), on est pris dans le même sac à merde identitaire qu’un enfant au stade du miroir. Si l’imposition du reflet est moins brutale puisque l’adulte ne cesse d’orienter son profil (comme on pencherait la tête à gauche devant le miroir pour paraitre plus beau), on se retrouve tout de même avec un double de nous, un double idéalisé au possible auquel on risque de se référer de plus en plus.  
Et on subit alors le même phénomène de « captation de soi » par son identité numérique. On est d’autant plus pris au piège enfantin de cette exposition perpétuelle de soi que constituent les réseaux sociaux qu’on est encore aux prémisses du phénomène. On découvre cet univers (son profil, sa page), on se l’approprie comme un nouveau jouet sans être éduqué pour, ni même préparé. Chacun improvise son mode d’emploi. (Improvisation totale puisque même sur le plan intellectuel le sujet n’a pas encore traité en profondeur.)  

« En ce sens je suis arraché à moi-même, et l’image du miroir me prépare à une autre aliénation encore plus grave, qui sera l’aliénation par autrui. Car de moi-même justement les autres n’ont que cette image extérieure analogue à celle qu’on voit dans le miroir, et par conséquent autrui m’arrachera à l’intimité immédiate bien plus sûrement que le miroir. »  
Là, on retrouve une source d’inépuisables malentendus sur facebook ou myspace, l’impression d’avoir été arnaqué par le profil de quelqu’un – plus rarement la sensation d’arnaquer l’autre en se construisant un personnage. 
N.B. : je parle d’identité numérique en sachant que le terme évoque un flou artistique tellement il est employé avec des significations différentes. 
 
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