24 novembre 2009

L’informatique, 6eme sens humain. Ou pas.

Pendant un temps, mon cheval de bataille a été de lutter contre la dualité vraie vie/vie virtuelle. J’essayais d’expliquer aux réfractaires autour de moi que non, internet n’était pas un monde virtuel proposant un succédané de vie, une espèce de sous-existence à moindre valeur ajoutée mais que les deux se mêlaient, qu’il y avait une interaction.
C’est aussi ce qui m’exaspérait chez une catégorie de mecs de quarante ans qui se permettaient des propos sur internet qu’ils n’auraient jamais tenus IRL. Il ne s’agissait même pas du confort de l’anonymat puisqu’ils le faisaient sous leur identité civile, ni du plaisir de parler à une inconnue, ils s’adressaient à des femmes qu’ils croisaient régulièrement au travail. Mais seulement, dans leur esprit, c’était pas pareil, c’était internet. Cette inconscience qu’il y avait une portée des actes et des paroles sur le web m’ahurissait.

Bref.

Un petit génie/gros allumé nommé Pranav Mistry est en train de travailler sur quelque chose qui écrabouille mon minuscule discours théorique. Il s’agit carrément de créer une interactivité physique entre les deux mondes, autrement dit de faire disparaitre ce qui apparaissait comme la frontière indépassable entre eux. Faire rentrer le monde dit « virtuel » dans le monde dit « physique » via une technologie qui deviendrait un 6ème sens pour l’humain.
Certains vont dire que ce n’est pas une grande nouveauté et pourtant si parce que je rappelle à toutes fins utiles que Minority Report, jusqu’à preuve du contraire, c’est un film, une fiction. Le vrai argument, c’est que ça fait un moment qu’ils y travaillent à ce 6eme sens mais là, ils ont quand même l’air de bien avancer – et ça ouvre un champ des possibles aussi abyssal que ma perplexité.

En deux vidéos. Dans la première, sa directrice raconte les recherches du petit fou.

Dans la seconde, c’est Pranav Mistry le dingo lui-même qui raconte ses inventions.
Quand je regarde ça et qu’après je me connecte à Facebook, j’ai l’impression d’essayer d’allumer ma clope avec un silex.

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20 novembre 2009

Treiber mange des animaux dans la forêt

On me propose d’écrire sur la fessée.
Le souci c’est que j’ai pas trop d’avis sur la question. A part qu’il faut cesser de légiférer sur n’importe quoi et de lancer des polémiques médiatiques (ou comment le marketing viral a été récupéré par les partis politiques).

Revenons donc à des choses un peu plus primordiales que les problèmes de maltraitance des enfants avec cette vidéo qui eut pu être mignonne si elle n’était empreinte d’une sensation de malaise étrange.


Tout a l’air normal et « so cute » mais en réalité, en la visionnant, votre inconscient enregistrera une série d’anomalies angoissantes :
– qui a appris à ce chiot à faire le grand écart ?
– comment un chat sait-il donner des gifles aussi parfaites ?
– pourquoi ces chiens miaulent-ils ?
– quelle est cette maison/ou qui sont ses occupants qui mettent un genre de tapis de sol Winnie l’ourson pour leur famille de chiens attardés et paralysés du cul ?

[Tiens, Jean-Claude Treiber a été arrêté. Dans le milieu du pure player et des breaking news, c’est l’ébullition. De mon côté du bureau de l’open-space, je regarde des vidéos de chats. Tout va bien.]

Sinon, pour ceux qui s’ennuient en attendant la fin de la semaine, Kek a créé un générateur de Rothko. Il suffit de cliquer sur le tableau. C’est bête et beau à la fois.

[Je cherche toujours un sujet hein mais à ce stade du post, j’ai pas encore trouvé. Je vous tiens au courant si ça vient.]

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20 novembre 2009

C’est pas du recyclage, c’est de l’information

Comme tout le monde n’est pas mon ami sur Facebook (d’ailleurs, gros problème sur mes critères d’acceptation des friends sur Facebook) je linke mon travail d’hier.

Déjà, j’ai fait la plus jolie url du monde qui m’assure un grand avenir au Post :
http://www.slate.fr/story/13271/foot-scandale-maillot-sexe-argent

« Le match de mercredi entre la France et l’Irlande a choqué la plupart des téléspectateurs et téléspectatrices. Dans les maisons, au sein des familles, entre amis, dans un bar et encore ce matin à la machine à café, les sourcils étaient froncés, les fronts plissés, chacun s’interrogeait, le débat était ouvert.
– «Qu’est-ce que t’en penses?
– Moi y’a un truc qui me gêne là-dedans.
– Oui moi aussi. Je crois que ce sont les bandes noires derrière qui me dérangent.
– Non c’est surtout qu’il est beaucoup trop cintré.»

Le choc
Parce que oui, évidemment, ce qui a occupé les téléspectateurs mercredi pendant un match somme toute moyen entre deux équipes moyennes (avec le trio magique: pas de vitesse, pas de stratégie, pas d’acrobatie), c’est cette espèce de moule-pectoraux qu’arboraient les joueurs de l’équipe de France en guise de maillot qu’il doit être bien difficile de tirer. Ce n’était pas la première fois qu’ils le portaient, ils l’avaient étrenné lors du match aller.
Mais quelqu’un s’est-il demandé si les supporters étaient prêts pour un tel changement? D’abord, ce maillot est tellement moulant que les joueurs semblent plus nus que si on les croisait à la sortie de la douche. C’est d’une indécence folle, inouïe. On frôlait l’apparition du carré blanc mercredi à 21h sur la première chaîne. Chaque muscle est non seulement souligné mais amplifié, accentué. (Les footballeurs ont-ils des implants en silicone au niveau des pectoraux?) Le souci étant qu’on finit par se demander s’ils ne se sont pas trompés dans leur commande et si c’est vraiment sérieux de donner des maillots en taille 12 ans à des hommes ayant de toute évidence fini leur croissance.
Ensuite, ledit maillot est bardé de lignes noires qui se croisent dans le dos en un X hautement sexuel et qui a provoqué à la rédaction de Slate un débat de fond: cette croix vous évoque-t-elle plutôt un club de SM gothique ou une milice privée de citoyens? »

Donc  la suite sur Slate HERE

Post plus long devrait suivre dans la journée – si je trouve du sujet avec de l’intérêt dedans.

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16 novembre 2009

Strange life + Jocelyn Quivrin

C’est assez terrible d’avoir autant envie de bloguer et autant pas le temps. Et autant de fatigue. J’ai l’énergie d’une crevette morte après s’être débattue dans du mazout.
Aujourd’hui, j’avais donc décidé de bloguer coûte que coûte mais j’avais pas trop de sujet. Je n’ai pas pris de photo la semaine dernière donc de post semi-biographico-visuel, point. (Où vous découvrez que le concept du post du dimanche est donc semi-biographico-visuel.)
Je savais juste que je voulais faire un lien vers mon dernier papier pour Slate. Parce que c’est un papier auquel je tiens – et dont je suis à peu près satisfaite. Et que publié un mercredi 11 novembre à 10h du mat, il est un peu passé à la trappe (comprendre : faut cliquer pour compenser). Bref, ce papier je le recycle mais en le réécrivant presque tous les ans. C’était d’abord un extrait d’une nouvelle (oui, tout le monde fait des erreurs, d’ailleurs si vous voulez savoir, c’était pire qu’une simple nouvelle, c’était une nouvelle épistolaire). Dans un éclair de lucidité, je me suis rendue compte que l’histoire était pourrite. Mais j’ai gardé cet extrait-là pour le réinjecter dans une autre trame. Et puis, j’ai pensé que c’était dommage que personne n’en profite alors j’en ai fait un papier pour Brain. Et là, avec l’anniversaire de la chute du mur de Berlin je l’ai encore réécrit. *chute du mur de Berlin ou vu par lolchaton Ferenczi :

*
Mon papier générationnnel donc :
« Alors que les célébrations pullulent, que les portfolios consacrés à la chute du mur de Berlin se multiplient, que les cinquantenaires et une partie des quadras se racontent où ils étaient à l’époque, les trentenaires échangent un regard silencieux. Nous, on sait bien où on était. Le soir du 9, du 10, du 11 et de toute cette semaine de novembre 1989, on était à table pour le dîner. On avait sûrement un contrôle le lendemain et peut-être même que pendant le reportage télé sur l’événement de l’année, l’événement qui devait marquer la «fin de l’histoire», on se demandait si c’était jouable de viser un 10/20 en ayant révisé en tout et pour tout un quart d’heure.
Autant dire que la chute du mur, ça ne nous évoquait pas grand-chose.
Bien sûr, à l’agitation des parents, on sentait bien que voir les Berlinois danser sur un gros tas de pierres avec des larmes d’euphorie constituait un moment historique. On a peut-être même été touchés par le concert de Rostropovitch célébrant cette réconciliation, mais sans être réellement concernés. Pour une raison simple: notre monde, c’était déjà celui d’après. La guerre froide, ça n’avait jamais vraiment été la nôtre et devenus adultes, on s’étonne toujours un peu que le temps de notre enfance ait pu correspondre avec ce climat politique-là. »
La suite ICI SUR SLATE DONC.
Donc l’humeur était plutôt à un retourenarrière.
Et puis, la semaine dernière, j’ai revu une vieille amie avec qui je n’avais pas parlé depuis des années. Après mon retour sur les années 90′, c’était donc mes 2000′ qui resurgissaient.
Mais toute cette nostalgie allait-elle suffire à faire un post digne de ce nom ? Autrement dit un post de plus de 4000 signes. Voilà les pensées qui m’occupaient ce matin dans le métro, quand arrivant au travail – j’en étais alors à me demander si vraiment je devais continuer à lire l’intégrale de Bourdieu pour faire un article sur le Petit Journal de Yann Barthès – en arrivant au boulot ce matin donc, l’une des stagiaire balance « tiens, Jocelyn Quivrin est mort ».
Han…
… 
J’ai une longue histoire avec Jocelyn Quivrin.
J’ai longtemps cru que j’allais finir ma vie avec lui. Ou alors une année. Ou bien une nuit. Enfin un truc quoi. 
Je l’avais découvert dans Rastignac et autant dire que j’avais zété très très convaincue par son interprétation d’un Rastignac moderne qui serait animateur radio et pratiquerait la sodomie dans un ascenseur (avec la marquise d’Espard je crois mais je suis pas certaine). 

Pas de plaisanterie sur la mode graphique de l’année 2000.
J’avais donc assez vite compris qu’on avait un machin à vivre ensemble. Together. C’était même devenu une espèce de running gag avec mes amis. On plaisantait, on en plaisantait mais au fond de moi, je savais bien qu’un jour, le destin ferait naître la possibilité pour notre idylle de s’épanouir sous les feux de Cupidon. (J’ai aussi pensé ça assez longtemps pour Brad Pitt et jusqu’à nouvel ordre, la preuve du contraire n’a pas été apportée, nonobstant le fait que nous soyons chacun « in a relationship » but not together.) Et figurez-vous qu’un dimanche de septembre, il y a de cela de nombreuses années, alors que je sortais de chez moi en pyjama après deux jours de chiale, le visage bouffi, les cheveux gras, je me suis dit « tiens, si j’allais manger au Mac do ». Je vais donc au Mac Do de Parmentier. Je prends mon menu sur place. Je m’asseois, je commence à engloutir mon big mac et comme je pleure en même temps, j’écarte mes cheveux et mes larmes avec mes mains pleines de gras. C’est probable que je me sois essuyée sur mon sweat en pensant que de toutes façons, au point où j’en étais dans ma misère existentielle… Quand on se sent comme une poubelle, on se traite comme une poubelle, tous les psys le disent (d’ailleurs c’est sûrement le titre d’un bouquin de Cyrulnik) . Je renifle encore un coup le filet de morvouille qui coulait et je me sens tellement malheureuse de me sentir aussi mallheureuse. (Oui, j’ai énormément d’empathie pour moi-même et me voir malheureuse me rend encore plus triste.) Bref, je relève la tête et là, tel un ange miraculeux, à la table en face de moi,  je vois… Jocelyn Quivrin dans toute sa blondeur, en train de manger des frites. Vous ne pouvez pas comprendre ce qui s’est alors passé dans mon cerveau. D’ailleurs moi non plus, des années plus tard, je ne le comprends pas trop. Une conjonction de facteurs je crois. D’abord, j’étais sentimentalement dans un marasme total. Je finis par sortir de chez moi pour me sustanter et je tombe sur lui, lui avec qui je me voyais assez bien pousser un landeau ou prendre un ascenseur, le champ des possibles était vaste, lui donc dans mon mac do, mangeant aussi sur place, et seul. SEUL. Scotché à son téléphone certes mais seul. Et alors j’ai été traversée par ce qui sur le moment me parut être une inspiration divine. Je devais aller lui parler. Le hasard était trop énorme, le scénario était trop romanesque pour que je passe à côté.  J’ai un peu hésité mais fichtre, pensai-je, ne suis-je donc pas une femme libre, forte et indépendante ?
Bon… bin je vous le dis tout de go hein : je suis effectivement allée lui parler.
Je ne tiens pas à m’apesantir trop longuement sur cet épisode et ce malgré mon goût certain pour l’auto-mortification.
Je vous dirai juste que c’était lamentable.
Que lui a été parfait mais que pour ma part, j’ai chié dans les grandes largeurs de mon jogging informe. Faut dire que j’étais en très mauvais état. Je lui ai adressé deux phrases à peu près claires avant de tomber dans une bouillie verbale incompréhensible sur la vie et le hasard et la contigence et le nécessaire. Et puis mon corps a dû refusé de poursuivre cette humiliation et ma voix s’est éteinte. Sauf que mon esprit, ce petit traître,  était toujours fixé sur son objectif landeau + ascenseur. Du coup, je suis restée plantée devant lui en silence, en me balançant d’une jambe sur l’autre ce qui lui a permis d’observer l’incroyable variété des tâches qui maculaient ledit jogging de déprime. Et cet instant-là a duré longtemps. Longtemps. Longtemps. Suffisamment longtemps pour inquiéter tout individu sain d’esprit. Mais lui a continué à me sourire gentiment tandis que je continuais à faire passer mon poids d’une jambe à l’autre. Et il a attendu patiemment que je me décide à partir.

Ironie du sort, quelques mois plus tard, je me suis retrouvée à fréquenter la famille Taglioni et j’ai appris qu’Alice sortait avec Jocelyn. J’ai alors dû m’escrimer pour éviter une soirée poker avec eux, de peur que Jocelyn ne reconnaisse le tas de boue en jogging qui s’était allongé à ses pieds dans un mac do quelques mois auparavant. Mais comme je squattais parfois le studio d’Alice, je voyais les mots d’amour qu’il lui laissait dans l’appart.
Bref.
Avec les années, j’ai suivi de loin leur histoire d’amour. Neuf ans donc.

Alors ce matin, quand ma collègue a sorti « tiens, Jocelyn Quivrin est mort » (il aurait eu un accident de voiture dans le tunnel de Saint-Cloud) j’ai pris un petit uppercut. Je me suis souvenue que Jocelyn était orphelin. Et j’ai pensé que maintenant c’était aussi le cas de son fils, âgé de 8 mois. Et que je pouvais rayer une chose sur la liste des trucs à faire avant de mourir. (Non, ce n’était plus coucher avec Jocelyn Quivrin, c’était juste lui raconter un jour cette histoire.)

Et comme c’est le début de la semaine et qu’on n’a pas trop envie de se plomber le moral, vaut mieux finir sur une vidéo d’animaux. Et voilà, ce qui se passe quand on protège trop les espèces animales : (attention, une loutre s’est cachée dans ces images) 

PS : et puis voilà, le couple quoi…

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