12 décembre 2008

Cuisine interne à Brain : la modération des commentaires

Au sein de l’équipe de Brain, on a des marronniers de discussions, des sujets qui reviennent régulièrement nous tarauder, sans doute parce qu’on n’y répond jamais. 
Au hasard : 
1°) comment tripler nos visites ? 
2°) qui pourrait s’occuper de la pub ? (quand on aura triplé nos visites) 
Et puis, y’en a un autre qui nous a agités pendant pas mal de temps, le problème des comments. Faut dire qu’on avait été un peu choqués par des séries de commentaires atroces de plusieurs catégories. J’avais personnellement eu 
 la formule lapidaire qui fait mal : 
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L’explication qui fait encore plus mal : 
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Le simple con :
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Et l’anthologique : 
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Tout le monde en avait pris pour son grade et un summum avait été atteint après un article de Cyril sur les Groupes de gauche et de droite. On a fait des réunions pour en parler, on a claqué pas mal de tune en alcool pour animer ces soirées, Valentine a même fait un papier sur le sujet au moment de la V2 du site, on s’est engueulés, écharpés, deux clans se sont affrontés : on ferme tous les commentaires (représenté par Cyril2Real) VS on laisse tous les commentaires (moi). Et au milieu quelques personnes qui cherchaient à nuancer un peu les choses et balançaient d’un avis à un autre. Evidemment, comme Cyril est un garçon intelligent, ses arguments se tenaient. Mais inversement, les miens aussi (faut-il en déduire que moi aussi je suis un garçon intelligent ?) 
En vrai mon argumentation n’était pas au point mais je promettais régulièrement de fournir incessamment sous peu une réflexion définitive sur le sujet. Encore un truc que j’ai jamais fait. Donc j’ai rabâché un peu bêtement que les commentaires génèrent du trafic sur un site. C’est la base, c’est une évidence, c’est comme ça (et ça rejoignait notre préoccupation de tripler nos visites). 
Qui plus est, attention lapalissade web08, on ne fait pas un mag sur internet si c’est pour reproduire des formules existantes en version papier. Et l’une des différences fondamentales, c’est la possibilité pour les lecteurs de réagir directement sur les articles. (ouais, je sais c’est une belle lapalissade, avec un niveau de réflexion pareil, l’année prochaine je m’inscris comme conférencière au petit raout de LoïcLemeur.) Un site sans commentaires, c’est un peu un site mort. 
Dans le genre « argument stratégique sur les visites qu’on met en avant pour attirer la rédac-chef de son côté », Cyril faisait jouer que ces remarques d’ados attardés nuisaient à la crédibilité du site. A quoi je répondais que les lecteurs avaient l’habitude du net, on avait tous été éduqués par la force de l’expérience, le niveau des commentaires est souvent affligeant, on le sait, on en tient compte. 
Le problème c’est que ce type de débat ne se résume pas à déterminer qui a raison, qui a tord, qui est dans la vérité, qui est dans l’erreur. Il s’agit de choix personnels, de visions différentes, de priorités distinctes. 
Donc on en a parlé et reparlé, on n’est jamais tombés d’accord (à base de « je comprends ton point de vue mais tu as tord ») et finalement les choses sont restées en l’état à savoir les commentaires sont ouverts. Satisfaction. 
Tout ça s’est fini en 1972, c’est-à-dire en juin dernier quand le débat a brusquement disparu, supplanté par d’autres préoccupations plus estivales.  
Et voilà qu’hier, je reçois un mail envoyé à toute l’équipe, un mail de Cyril intitulé « modération des comments ». J’ai failli m’en étrangler (je mangeais un petit gervais abricot). Je me suis dit « nan, c’est pas possible, il ne va pas remettre ça sur le tapis ? »
Et bin si. 
En fait non. Il ne s’agit plus de verrouiller les commentaires. Il propose juste de rajouter une phrase pour prévenir que les commentaires seront désormais modérés : refus des mots grossiers, des insultes, et des comments sans avoir lu l’article. Le problème c’est qu’avec mon pas trop d’accès internet, j’ai vu défiler sous mes yeux horrifiés les mails disant oui, génial, super, on-est-tous-d’accord-alors – sans pouvoir réagir. 
On est six mois plus tard et je n’ai pas changé d’avis. En fait, si. Je pourrais changer d’avis si la démarche ne me paraissait pas aussi compliquée. Disons que mon taux d’adhésion est de 65% (je me ramollis avec l’âge).
Pour ce qui est des insultes, ça rejoint mon point de vue. Je n’admets qu’une seule forme de modération : celle qui répond à des critères légaux (en cas d’insultes, de diffamation, de menace etc… envers une tierce personne – si je suis insultée en commentaire, je ne vais pas modérer). Dans ce cas-là, ok, on supprime les insultes. 
Deuxième point : les grossièretés. Ca commence à se compliquer. Vu mon langage de charretier, ça serait un peu hypocrite de ma part. En même temps, je comprends l’idée. Ca peut forcer les commentateurs à faire un effort. 
Mais pour le reste, je refuse que les commentaires sur mes articles soient modérés selon un vague « c’est pas possible, cet abruti n’a pas lu l’article ». Là, ça pose un sérieux problème de critères et on revient au même débat impossible à trancher. Je soupçonne que, au moins autant que les insultes, ce qui insupporte Cyril, c’est la bêtise finie de certains commentaires. Ce que je comprends – même si je suis pour la libre expression des cons. 

Exemple : 
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Mais le vrai problème, si on supprime les comments qu’on juge idiots (outre qu’on se prive d’une bonne tranche de rigolade), c’est qu’on applique un critère hautement subjectif et on arrive vite à : 
c’est une connerie -> je ne suis pas d’accord et c’est mal argumenté -> je supprime. 
D’autant que ce ne sont pas les auteurs des articles qui vont modérer. 
Certes, j’anticipe un peu des dérives fascistes inexistantes. 
Au final, j’ai demandé à m’occuper moi-même de la modération des commentaires sur mes textes. C’est complètement nulle comme solution, j’en conviens aisément. Mais je n’en vois pas d’autre que modérer la modération (tant que nous n’aurons pas triplé nos visites et que le site reste parfaitement gérable). 
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10 décembre 2008

God’s name : Frédéric Royer – part 2

Penchons-nous un peu plus sur le grand oeuvre de Fred et ses compagnons (Stéphane de Rosnay, ou Jean-Luc Lemoine pour les seuls plus connus). Le défunt Infos du Monde. 
Quand on en cherche trace sur le net, ce qu’on trouve généralement ce sont des hasards. Le hasard de discussions sur des forums où les internautes évoquent avec tendresse et nostalgie leurs souvenirs du journal. 
Et effectivement, comment oublier des news comme : 
« les inondations ont été détournées de Paris et déversées ailleurs » 
« le visage du Christ apparait dans le feu d’un puit de pétrole »
Des témoignages bouleversants : « Patrick Roy me parle au téléphone tous les soirs à 19h! » (il venait de mourir) 
Et le cultissime scoop : « le pont France/USA qu’on nous cache » PHOTOS A L’APPUI. (si quelqu’un les a, je suis preneuse) 
Pour les néophytes, quelques couvs d’Infos du monde. Et prosternez-vous devant tant de talent. Parce que voilà la preuve en image que n’est pas journaliste qui veut. 
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L’homme qui n’a que des pouces… Génie. 
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Et pour finir, ma couv préférée : 
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[là, je note pour la première fois qu’ils aimaient beaucoup les chiffres à Infos du Monde]
Mais pourquoi ? Pourquoi tant d’adoration et d’admiration ? Il y avait quelque chose de complètement jubilatoire dans ce détournement du support papier. Du concept même de « journal » à travers le titre, la mise en page, le format. Il copiait les codes du « sérieux » au profit d’une déconnade purement gratuite. Parce que, non seulement il n’y avait pas une ligne sérieuse dans Infos du Monde, mais il ne s’agissait même pas d’un canard satirique dans la grande tradition française. Repris d’un concept américain, (auquel le film Men in Black rend hommage) ce vaste n’importe quoi était totalement inédit pour nous.  Et puis, les premiers temps, même si les titres étaient absurdes, ils conservaient l’apparence de la logique ou du vraisemblable, le foutage de gueule restait subtil (malgré de vulgaires photos-montages) dans la mesure où il était masqué par un ton terriblement premier degré. Les infos les plus dingues mais traitées sans aucune trace apparente d’humour (d’où sans doute cet amour des chiffres, une info pseudo sérieuse doit être chiffrée). 
Et pour ceux qui souhaiteraient lire un numéro complet  
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10 décembre 2008

God’s name : Frédéric Royer – part one

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Non, ceci N’est PAS une photo non contractuelle de Frédéric Royer. 

Mon année de cinquième fut riche. (pas d’inquiétude, je ne vais pas tomber dans le post nostalgique, attendez de voir où je veux en venir.) Grunge aussi, mais ça c’est un autre sujet ICI.
Avec des évènements marquants, par exemple Emmanuelle B. qui mima une TS avec tranchage râté de veines dans les chiottes du bahut (grunge spirit quoi – en même temps, la couillonne aurait dû savoir qu’un coupe-ongle c’était pas le plus efficace) ou Tochiro qui tenta d’inséminer son chat avec un stylo bic (suprême grunge). Bref, des évènements essentiels. La cinquième c’est aussi l’année où la classe se soude (certes, on n’avait pas trop le choix, on nous avait parqués en classe dite européenne, coupés du reste de l’établissement). La cinquième c’est l’année où on s’est tous fait tournés les bouquins de Dune. Et la cinquième c’est aussi l’année où tous les jeudis (me semble-t-il), juste avant les deux heures de cours de français, un petit groupe partait en expédition au kiosque à journaux (véritable expédition parce qu’il fallait sacrément feinter pour réussir à sortir du collège). Et revenait victorieux avec, entre les mains, le plus beau trésor, notre bible, notre rayon de soleil sous la forme d’un torchon d’assez mauvaise qualité : Infos du monde
A ce moment précis, il faut saisir l’ampleur du choc pour une pré-ado dont les seules perspectives professionnelles sont médecin/avocat/prof, le choc donc le jour où j’ai compris que des gens, des adultes, étaient payés pour écrire un tissu de conneries. La vie prenait sens, ma vision de l’existence humaine en a été irrémédiablement bouleversée. Le genre de révélations qui d’ordinaire vous frappe devant un buisson ardent. Cette saine lecture me rassurait face à l’angoissante question des adultes : « mais tu veux faire quoi plus tard », à un âge où on n’a pas encore la répartie suffisante pour répondre « pute » mais où l’on se cache derrière sa mèche en grognant avant de retourner mater MTV.
Vu l’absurdité complète de mon parcours professionnel, il arrive encore que des adultes me demandent « mais tu veux faire quoi au juste ? » ou, plus offensivement sarcastiques, passent direct à « en fait t’es pas vraiment journaliste ». Si ces gens avaient eu 14 ans en 1994, ils comprendraient que je suis à peu près aussi journaliste qu’Infos du monde était un journal.
Bref, des années plus tard, la magie d’internet/myspace/le petit milieu parisien, tout ça combiné m’a amenée à rencontrer dieu aka Fred. Un jeune homme charmant, délicieux, caustique (avec tout ça, Fred, je te fournis une garantie pour pécho pendant 10 ans). 
Depuis feu Infos du monde, dieu-est-grand-Frédéric-Royer-est-mieux a eu le temps de produire d’autres conneries qu’il serait trop long d’énumérer, des conneries très drôles qui lui ont coûté très cher (mais quand il s’agit de faire marrer les potes, qu’est-ce qu’un procès avec la mairie de Toulouse et un redressement fiscal dans la foulée ?).
Son dernier délire en date, et qui plus est parfaitement légal, se nomme les Gérards. Vous comprenez maintenant mieux pourquoi lundi soir était comme une consécration puisque j’assistais à la cérémonie des Gérards de la télé où, en tant que journaliste télé émérite, j’étais jurée.
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