13 mars 2015
Salut à toi Têtarus Oedipus
Aujourd’hui, mes amis, nous allons parler promo et psychanalyse mais avant de commencer, prenons des forces en regardant ça :
Mais qui est ce mignon petit garçon de 12 ans ? Mais dites donc, ça ne serait pas Ryan Gosling par hasard ? Mouarf…
Comme la tessiture de mes talents est très vaste, j’ai enchaîné deux articles. Un féministo-rigolo de décryptage d’une pub SFR, l’autre sur la barbarie et la manière dont l’approche des historiens sur le nazisme a évolué. Hop là, grand écart, salto arrière.
Ensuite, l’autre jour j’ai pris cette incroyable photo :
J’étais en caisse avec Frédéric Mitterrand et son bob. Il m’a même offert un bouquet de jonquilles. (Fred, pas le bob.) C’était une occasion inespérée pour lui narrer mon histoire avec son tonton. (Ouais, j’ai une histoire avec François Mitterrand. Elle est à sens unique mais je m’en fous.) Quand j’étais petite, j’ai caressé l’espoir que j’étais la fille de François Mitterrand. J’avais trois preuves irréfutables de cette filiation : comme lui j’aimais bien les livres, comme lui j’avais des canines de vampire, et ma mère me semblait être dans un état d’admiration suspect dès qu’il apparaissait à la télé. (Alors que mon père nourissait clairement une certaine animosité à son égard.) Donc vous pensez bien que quand il a été question de sa fille cachée, j’ai attendu patiemment que les médias viennent me chercher à la sortie du collège en m’interpellant : “Titiou Mitterrand ?”. Mais très vite on a évoqué une certaine Mazarine. Grosse grosse déception pour moi.
Du coup, sentant ma blessure encore à vif, Frédéric Mitterrand m’a fait l’aumône de m’appeler “cousine” pendant notre trajet en voiture. Je ne sais pas si c’était très bon pour mon équilibre mental mais ça m’a fait plaisir. Cette rencontre avec mon cousin mérite peut-être une explication. Il m’a raccompagnée après l’enregistrement de l’émission de Michel Field, Au Field de la nuit. Parce que le roman va BIENTOT sortir de son terrier. Officiellement, ce jour de la marmotte littéraire aura lieu le 26 mars mais en vrai, on pourra le trouver en librairie dès le 19 mars. (Y’a aussi une opé pour avoir la version numérique à 3,99.)
Ce qui nous amène tranquillement au sujet du salon du livre (de Paris, désolée amis du reste de la France). J’y serai donc avec ma Théorie de la Tartine et des feutres pour faire des dédicaces le samedi et le dimanche de 13h à 15h. Et le lundi à 17h30 parce que juste avant, à 16h30, je participe à une table ronde avec Serge Joncour et François Bégaudeau sur le thème “Liberté d’expression des écrivains, les romanciers peuvent-ils tout écrire ou affrontent-ils une forme d’autocensure ?” (Spoiler : ma réponse est oui.)
Et aussi, tant qu’on est en plein planning, sachez que je vais parler pendant un temps assez long à l’université de Paris 8 sur le thème des écritures numériques, c’est le 7 avril à 14h.
Vous êtes plusieurs à aimablement vous inquiéter de savoir s’il faut venir me voir avec un pot de Nutella. Sachez que vous n’êtes pas obligé. Pour les Morues j’étais enceinte donc prête à engloutir des kilos tonnes de pâte à tartiner, là, je peux m’en passer. (Enfin… un pot est toujours le bienvenu.) Par contre, je vous prendrai peut-être en photo pour alimenter mon nouvel album Panini de la Tartine. (Allez-y, cliquez, y’a déjà des photos de toute beauté.) Parce que oui, je réinvente totalement le concept de promotion grâce à cette merveilleuse plate-forme de publication nommée Tumblr. (J’ai décidé qu’un tumblr, c’était un album panini amélioré.) Si vous souhaitez m’envoyer des photos de vous nu avec le livre, foncez.
Maintenant qu’on a synchronisé nos montres, passons à un vrai post. Vous m’excuserez mais je suis dans la nécessité psychologique de faire un mum-post.
Que se passe-t-il ? C’est simple, Têtard fait son Oedipe. Entre ici Têtarus Oedipus.
Alors bon, moi, au début, je me suis dit “ça va être rigolo l’Oedipe, il va me noyer d’amour et de compliments”. D’ailleurs, c’est ce que te disent les gens quand tu annonces “c’est un garçon”. Sauf que pas vraiment.
Voire même carrément pas du tout.
Au début, effectivement, t’as droit à des “ma maman adorée chérie”. Après, quand il t’attrape le visage à deux mains pour te rouler une pelle, tu commences à te sentir vaguement mal à l’aise. Mais tu es une adulte, tu as bien prévu ton coup, tu te lances dans un speech préparé depuis ta première échographie (si vous suivez vraiment, vous savez que j’ai appris dès la première écho que c’était un garçon) : “ça, ce sont des bisous d’amoureux. Mais tu n’es pas mon amoureux. Mon amoureux, c’est papa. Toi, tu es mon fils. On s’aime aussi mais c’est pas pareil.”
Tu te dis que tu as été formidable, que ton message était doux et ferme et que tu as évité à ton fils de trimballer de lourds traumas pour le reste de sa vie et accessoirement à quelques femmes de finir découpées à la hâche dans sa cave.
Ensuite, arrive ce truc étrange qu’on nomme couramment “nid à emmerdes” ou “réalité”. Alors reprenons la définition de l’Oedipe sur Wikipédia
AH AH AH… Inconscient vous avez dit ? Mais vous foutez pas un peu de ma gueule ? Têtard m’a quand même dit “arrête de bouger! Je vais te toucher les seins”. Salut la culture du viol à domicile.
Autre échange :
Moi – Je veux que tu sois gentil avec Diane parce que Diane c’est ma copine.
Lui – Non, c’est pas ta copine. Ta copine, c’est papa.
Moi – Non, papa c’est mon amoureux.
Lui – Non, ton amoureux c’est moi.
Le tout dit sur un ton qui ne souffrait pas de discussion.
Là, tu commences à flipper. Et t’as bien raison. Parce qu’en vrai, ce qui se passe avec ton gamin de 3 ans, c’est exactement la même chose qu’avec les mecs qui avaient un surmoi en papier mâché et à qui tu as foutu un vent.
A l’instar du connard de 20 ans, l’enfant de 3 ans apprécie modérément de se prendre un rateau. Or que fait le connard ?
1°) il comprend et passe à autre chose, vous développez une relation apaisée et cordiale.
2°) il te pourrit la gueule et commence à te tailler dès qu’il te voit sur un mode passif-agressif qui transforme très vite ta vie en enfer.
J’imagine qu’il existe quelques personnes pour qui ça se passe comme dans le cas n°1, des personnes que nous appellerons Carla Bruni. Ces personnes qui voient des arcs-en-ciel le dimanche soir alors que toi tu vois une farandole d’antipresseurs qui te tendent les mains. Ces personnes pour qui tout est “fabuleux”, “merveilleux”, chaque moment magique. (Ce qui me rappelle une anecdote du livre de Justine Levy où Raphaël, après l’avoir quittée comme une crotte pour Carlita, lui demande “mais pourquoi on ne pourrait pas devenir ami ? Carla est amie avec tous ses ex”. A quoi Justine Levy lui rétorque “en même temps, si c’était pas le cas, elle n’aurait plus personne à qui parler à Paris”. o/) (J’ai lu son dernier livre et j’ai trouvé ça vraiment bien. J’aime bien cette fille. J’aime bien ce qu’elle dit. Et la fin est terrible-terrible.)
Donc revenons à Oedipe qui se prend le premier rateau de sa vie.
Il suffit que je rentre dans la pièce pour que Têtard redevienne The Nefarious Tadpole. (Souvenez-vous.) Il hurle à la mort (si possible dans le métro hein), il me tape (plutôt à la maison, il a déjà bien intégré le principe de la violence domestique). Il me nargue (partout, tout le temps). Il me vanne (à la hauteur de ses capacités lexicales bien sûr, “maman ?” “Oui mon têtard ?” “T’es un caca boudin qui sent pas bon”). Il essaie de me rendre jalouse (le grand classique, par exemple il veut aller vivre chez Billy, sa référente à la crèche).
En petit bonus, si je veux lui essuyer ses fesses pleines de merde, il se débat comme s’il était aux prises avec Guy Georges. (Malgré mes nombreuses explications, il pense toujours que je suis porteuse d’une maladie qui a fait tomber mon zizi.)
Alors, forcément revient ce refrain lancinant (allitérations-bonheur) “mais pourquoi ça se passe pas comme ça chez les autres ?” J’ai passé mon adolescence à me poser cette question et maintenant que je suis une adulte et pire, une mère, je me retrouve encore à regarder les autres parents dans la rue et à me demander “mais comment ils font ? Pourquoi j’ai foiré l’Oedipe de mon fils ? Pourquoi je n’ai jamais réussi à faire une omelette ? Pourquoi mon cerveau s’éteint dès qu’un médecin me parle ?”
Du coup, le soir, quand je borde Têtard, j’ai envie de lui dire “c’est pas grave mon têtard, je t’aiderai à débiter en jambon toutes ces vilaines femmes”.
Youhou hâte de lire la tartine ! Ça fait flipper l’oedipe de Têtard,moi je pensais sue la réponse ferme et mure suffisait à désamorcer le bordel ! Il n’a pas encore essayé de tuer Papa ?
le 13 mars, 2015 à 11 h 49 minA la maison, j’ai la version « nan c’est maman qui fait », valable pour l’essuyage de fesses, le finissage de yaourt, l’habillage, le biberon de très tôt le matin ou le racontage de l’histoire du soir… Bref je crois que je ne serai pas contre quelques jours de Nefarious Tadpole de temps en temps !
le 13 mars, 2015 à 12 h 49 minEt vivement le 19 ou le 26, ça va égayer mon printemps ça, merci Titiou.
“Liberté d’expression des écrivains, les romanciers peuvent-ils tout écrire ou affrontent-ils une forme d’autocensure ?”
(Spoiler : ma réponse est oui.)
Oui, certes, mais à quelle partie de la question ?
le 13 mars, 2015 à 12 h 50 minPutain ce que c’est bon ! J’en pleure ! Faut dire aussi que j’ai eu l’agréable surprise d’avoir une fille ! GIRL POWER ! Je vais peut-être faire lire l’article au papa…
le 13 mars, 2015 à 13 h 22 minJe vous rassure: vous n’êtes pas la seule dans ce cas! Courage! Me réjouis aussi du 19.
le 13 mars, 2015 à 13 h 34 minbon ben c’est plutôt flippant tout ça. tu nous duras combien de temps ça dure, cette phase merdique, histoire de s’y préparer (le mien à 1 an et demi).
le 13 mars, 2015 à 13 h 50 minJ’attends la parution avec impatience, je guette la sortie de l’ebook du coup !
En meme temps François Bégaudeau c’est pas comme si il s’auto-censurait quand il écrit des conneries hinhin (je peux pas blairer ce type, surtout quand ses chroniques sportives dans le monde qui me font glapir d’effroi a chaque fois)
le 13 mars, 2015 à 14 h 23 min« si je veux lui essuyer ses fesses pleines de merde, il se débat comme s’il était aux prises avec Guy Georges. »
Cette phrase m’a tué, bravo ! :D
le 13 mars, 2015 à 15 h 36 minCa marche aussi avec les filles. La mienne essaye de me rouler des pelles et de me plotter les seins à tout bout de champ. Quand elle ne me poursuit pas les lèvres à l’air (celle du bas, évidemment sinon c’est pas drôle) pour me montrer ce tout petit zizi qui pousse.
Bravo pour le livre, hâte de le lire.
le 13 mars, 2015 à 15 h 41 minÇa va tartiner sévère dans les prochaines semaines ! :-))
Cette année, j’espère qu’il n’y en aura pas que pour les lecteurs de Paname…
Il ne faut pas attendre que Têtard débite des femmes en jambons, le pédiatre doit bien avoir son avis éclairant sur la question.
le 13 mars, 2015 à 16 h 39 minEt tu as vu ? C’est la reprise de la série « Bates Motel » (saison 3) … Coïncidence ?
le 13 mars, 2015 à 17 h 47 minVivement le 19!!!
le 13 mars, 2015 à 18 h 39 minMon fils aura 5 ans ce mois-ci….et vas y que je te pelote les seins ou les fesses, et que j’essaye de te bécoter … Je lui avais tenu exactement le même discours …
Mais ca s’estompe petit à petit (sauf les seins , Ca …il aime y poser les mains le bougre !!!)
Bizarrement c’est ma dernière qui voulait rouler des pelles à tous bouts de champs, quand à mon unique fils (le pauvre il est entouré de 4 filles) qui a maintenant 11 ans est plutôt du genre à grogner de dégoût s’il aperçoit un nichon… ça aussi ça lui passera un jour…
le 13 mars, 2015 à 20 h 12 minProfite qu’ils soient petits, les miens sont quasi tous ados et j’en peux plus… des envies de meurtre au moins 15 fois par jour.
Je suis sûre que la Tartine est à la hauteur des Morues je vais au moins passer un bon moment, si je m’enferme à double tours.. et je sais pas si ça se dit dans le milieu littéraire mais un gros merde pour la sortie de ton livre!!
honte à moi, « quant à » mon unique fils
le 13 mars, 2015 à 20 h 13 minExcellent !
Ce qui intéressant c’est la différence avec la génération précédente qui niait ça complètement. La phase d’après c’est le complexe de castration : c’est ce qui fait que le petit garçon refoule ses désirs incestueux dans l’inconscient, c’est la peur de perdre son pénis adoré. Généralement ce sont les parents qui lui disent (ou disaient) : si tu continues à te tripoter le zizi on te le coupera.
Mais qui est Nadia Comaneci ? Votre idéal du moi (http://fr.wikipedia.org/wiki/Idéal_du_Moi_-_Moi_idéal) ? Que perdriez-vous en lui ressemblant ?
Votre fils n’a-t-il pas raison quand il dit que c’est une maladie, imaginaire peut-être, qui vous à faire perdre ce précieux quelque chose ? Maladie dont vous vous refusez qu’un médecin vous parle ?
Je vous recommande la lecture de ce livre formidable : Les mots pour le dire, de Marie Cardinal.
le 14 mars, 2015 à 11 h 20 minChez nous, c’est Electre à fond.
Cette réplique mémorable :
« Maman, avant je t’aimais.
.
.
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Maintenant j’aime Papa. »
Le reste est à l’avenant !
le 14 mars, 2015 à 21 h 42 minJ’ai pré-commandé La Théorie mercredi dernier dans ma librairie habituelle…et elle est arrivée hier! J’étais bien contente.
le 15 mars, 2015 à 11 h 57 minEt en passant c’est cool d’entendre pour une fois parler de Justine Levy en bien, je la trouve talentueuse cette fille. Cette vidéo laisse bien entrevoir la personne « hors norme » qu’elle est, bien loin des clichés qu’on aime tellement lui coller:
http://www.ina.fr/video/I09012124
Titiou : « (Malgré mes nombreuses explications, il pense toujours que je suis porteuse d’une maladie qui a fait tomber mon zizi.) »
Zaza : « Quand elle ne me poursuit pas les lèvres à l’air (celle du bas, évidemment sinon c’est pas drôle) pour me montrer ce tout petit zizi qui pousse. »
Je suis vraiment étonné. Je pensais que la perte/l’acquisition du pénis était une symbolique de l’enfant amenée par l’adulte, et qu’à ce titre elle servait uniquement de modèle explicatif pour des comportements. Je ne pensais pas que cela provenait d’une croyance de l’enfant lui-même.
le 18 mars, 2015 à 18 h 29 minJe viens d’acheter mon premier livre numérique, je suis très émue. En cette période de dèche financière, le prix réduit est drôlement appréciable ! Plus qu’à le lire <3
le 20 mars, 2015 à 15 h 06 minJe viens de bouffer ta Tartine. (LOL) (Pardon.) J’ai adoré, encore plus que les Morues. C’est subjectif bien sûr, mais j’ai l’impression d’y retrouver encore plus ta façon de voir les choses, (que perso je cite maintenant régulièrement hein: « tiens, en parlant de ça, vas voir sur girls and geeks, titiou elle dit que….) en tout cas de ce que tu donnes à en voir sur le blog.
le 20 mars, 2015 à 20 h 20 minBisous (allez, hop, soyons foufous)
Bonne continuation
(ps : suite à une erreur de manip j’ai envoyé un premier demi com, pourras tu l’effacer? merci!)
Mmmh, je reconnais quelques comportement de ma fille avec moi. Je me demande si je dois m’inquiéter.
le 21 mars, 2015 à 1 h 36 minAh j’ai bien ri. Lhistoire de l’Infamous Tadpole et son complexe d’Oedipe m’ont ravi.
le 24 mars, 2015 à 0 h 27 minBisous Titiou
PS: T’as raison de ne pas dramatiser, après tout Norman Bates il l’aimait beaucoup sa maman.
Pour Paris 8 le 7 avril c’est en quelle salle à quelle heure ???
le 25 mars, 2015 à 18 h 51 minLea : c’est à la bibliothèque je crois, à 14h.
le 26 mars, 2015 à 11 h 20 minC’que j’me marre !!!!
le 26 mars, 2015 à 16 h 29 minJe comprends mieux les tentatives d’empoisonnement par le fils de ma copine (environ le même âge que tétard).
le 26 mars, 2015 à 17 h 49 minTitiou est passée sur Europe 1 dans l’émission de Taddei. Pour tous ceux qui veulent voir et écouter notre blogueuse/romancière, rdv sur le site pour les podcasts.
PS: je ne fais pas partie de la famille ou de la maison d’édition de Titiou, j’étais juste hyper fière de connaître enfin l’un des invités de cette émission. Pour une fois !
le 1 avril, 2015 à 12 h 08 minFélicitations pour ce nouveau roman, que j’ai acheté le jour même de sa parution et retrouvé tous les soirs avec joie. C’est toujours un plaisir de te lire, les personnages sont attachants, l’histoire captivante, et tes infos web-culture ou analyses sociologiques sont passionnantes. Encore bravo !
le 3 avril, 2015 à 16 h 36 minPour l’OEdipe tu as la solution « petit Grégory » : euh… deep in the river !
le 4 avril, 2015 à 14 h 03 minBon, en même temps, un Têtard… :)