4 décembre 2014

Un peu de sonde et de rien

J’ai été dans l’incapacité de bloguer ces derniers temps essentiellement parce que j’ai passé des heures et des jours sur un article. 32 000 signes. Des citations, des gifs, des extraits de dialogue, sur J’ai re(re)vu l’intégrale de Buffy contre les vampires – cherchez pas, il est pas encore en ligne. Et bein, même avec 32 000 signes (il en faisait plus de 40 000 au début), je suis frustrée. J’ai l’impression de ne pas avoir dit le 5ème de ce que je voulais. Je devrais écrire un livre sur le sujet.

spike-vie

En faisant des recherches sur Buffy, je me suis retrouvée sur le twitter d’Esprits criminels (parce que Nicholas Brendon évidemment), et j’ai vu cet extrait de scénar qui m’a fait rire :

esprits-criminels

Après j’ai aussi fait un article sur Bruno Le Maire qui m’a pris un paquet de temps (parce que lui, quand il écrit un livre, c’est pas 120 pages grosse police). Et comme il n’y a jamais assez de photos de Jacques Chirac :

GEORGES-BENDRIHEM- AFP

J’ai ri en lisant La politique pour tous (Josselin Bordat, Tristan Bertheloot)

pol-1

pol-2

pol-3

Sinon, pas grand chose dans ma vie ces derniers temps. (Euphémisme pour désert total.) Le summum de ce qui m’est arrivé d’un peu foufou récemment c’est ce commentaire reçu sur le post de blog sur la Grèce :

« tu est trop conne vulgaire pas propre a la place du chauffeur je t aurais fais netoyer ta merde ensuite je t aurais laisser derriere car la merde on la laisse derriere soit je suis marocain je vis a athene je vais souvent a paris voir ma famille je bouge pas mal j esper ne jamais rencontré une pouilleuse comme toi »

J’ai aussi découvert l’existence de pilules de caca.

Un soir de profond désoeuvrement, j’ai voulu savoir ce que Google pensait que les gens pensaient. Ca a donné ça :

judaisme

islam

Et j’ai appris qu’il y avait une autre raison que le pur esthétisme pour que les bodys de bébé aient des cols avec des genres d’encoche bizarre. C’est pour pouvoir l’enlever par en bas en cas de fuite excrémentaire. (Plutôt que de le passer par la tête du môme qui se retrouve avec sa merde collée au front.)

Pendant qu’on y est, reparlons une dernière fois de l’accouchement. (D’ailleurs, j’attends toujours des nouvelles de la DRH de la mater où sévit la connasse qui a laissé Curly seul, elle se renseigne sur des éléments et ne manquera pas de me tenir informée d’ici quelques années.) Après la sortie de la mater, il y avait donc eu le rendez-vous chez Denis, mon gynécologue d’amour. Il m’avait dit “cette fois, tu es obligée de faire la rééducation du périnée.” (La fois précédente, j’avais privilégié une approche plus ludique.) (J’avais acheté un coffret de boules de geisha.) Et il m’avait aussi dit “je ne veux pas que tu ailles chez un kiné pour faire une rééducation avec la sonde. Parce que la rééduc avec la sonde, ça ne fonctionne pas. C’est comme faire des abdos avec sport élec.”

Résultat : je suis allée chez une kiné pour faire une rééduc avec une sonde.

En gros, amis novices, je vous explique. Après que la grossesse et le passage de l’enfant également appelé délivrance, vous devez remuscler le périnée. Périnée = une paroi musculaire qui retient certains de vos organes. Et messieurs, apprenez que vous en avez également un. Avec l’âge, il se détend, et comme il retient notamment la vessie, c’est pour ça qu’il existe des pubs pour les couches Téna.

Pour le remuscler, deux choix s’offrent à vous :

– avec une sage-femme. Mais j’en avais un peu marre des sages-femmes (sans offense hein). Et puis, on m’avait raconté qu’elles disaient des trucs comme : “imaginez que votre vagin est un pont-levis que vous devez fermer.”

– avec une kiné spécialisée. J’ai donc opté pour ça. Vu l’importance que j’accorde à mon sexe (primordiale) et mon côté bonne élève, tout devait bien se passer. En plus, Denis s’était planté. Il pensait que la kiné allait me mettre la sonde, balancer le courant, partir et revenir trente minutes plus tard.

“balancer le courant” ? Oui. Exactement ça. Balancer un courant électrique dans l’intérieur de ton sexe. (Je n’aurai pas le mauvais goût de comparer ça à la gégène, vu que là c’est juste extrèmement désagréable.) Le courant contracte les muscles pour que l’organe retrouve sa tonicité d’antan. En fait, ma kiné, que nous appellerons Mlle Périnée, ne me faisait ça que 5 minutes à la fin de la séance.

Le reste du temps, pour être claire : je jouais aux jeux vidéos avec ma chatte. Comme si la sonde était un joystick. Face à toi, un écran qui affiche des figures que tu dois reproduire. Quand tu contractes, ton curseur monte etc.

Rigolo ?

Non. Ca aurait dû m’amuser mais dès le début, ça a été la galère. D’abord, parce que c’est hyper fatigant. Mais il y avait autre chose. A chaque fois que j’allais chez Mlle Périnée, je me sentais nerveuse, irritable, de mauvaise humeur. Bref, ça n’allait pas. J’ai mis quelques semaines à comprendre le problème : je ne supportais plus qu’on touche mon sexe dans un but non sexuel. Un immense ras-le-bol assez violent. Je me forçais parce qu’il le fallait, mais plus je me forçais, plus je me sentais mal. Pendant la grossesse, votre sexe ne vous appartient plus vraiment. Il est palpé, ausculté, trituré. C’est un objet d’étude médicale. (Je me souviens, pendant ma première grossesse, une sage-femme m’avait expliqué qu’elle faisait toujours attention à demander à la patiente son accord avant de lui faire une palpation du col de l’utérus. Evidemment, c’était purement rhétorique comme question. Mais elle avait remarqué que le fait que la patiente dise “oui”, prononce le mot, simplifiait nettement les choses. C’est la seule que j’ai rencontrée qui faisait ça alors que ça coûte rien.) Mais après l’accouchement, au moment où tu penses récupérer l’usage de ton corps, ça se poursuit. Or, c’est mon sexe. Et dans sexe, il y a… et bien il y a sexe. Comme dans sexuel. Comme dans “niquons comme des oufs”. Pas comme dans “médical”, “examen”, “touché vaginal”, “palpation du col”, “frottis”, “introduction d’une sonde”.

Le jour où j’ai compris ça, j’ai pris mon courage à deux mains et j’ai annoncé à Mlle Périnée que c’était fini. Elle ne me reverrait plus. Elle s’en foutait comme d’une guigne mais moi, j’en suis ressortie complètement euphorique.

Et puis j’ai découvert une astuce : le meilleur moyen de remuscler son périnée, c’est d’avoir des orgasmes.

Ce qui m’amène à une autre réflexion : l’impossibilité de nommer le sexe féminin. En fait, tous les noms sonnent faux, il n’y a pas d’entre-deux. Soit c’est médical : vagin, vulve. Soit c’est le retour du XVIIème siècle : berlingot, abricot. Soit c’est infantile : foufoune. (Et je ne mentionne même pas le minou, la minette, la zigounette.) Chatte, moule, fouf ou schneck sont marrants mais pas employables dans n’importe quel contexte. Et je ne parle pas des surnoms que tout un chacune peut employer, ça me met mal à l’aise, au même titre que les mecs qui donnent un surnom à leur bite. Je ne veux pas un surnom, ni un truc poétique, ou marrant, ou ultra vulgaire. Juste un mot. Comme si c’était pas déjà assez compliqué d’être une femme, mais en plus si on ne sait pas comment nommer son sexe, on s’en sortira jamais. (Sexe n’étant pas satisfaisant non plus, ne serait-ce que parce que ça désigne aussi la sexualité et le sexe masculin.)

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22 commentaires pour “Un peu de sonde et de rien”

  • meilleur lapsus : « les couches ténia »

    le 4 décembre, 2014 à 12 h 57 min
     
  • Voilà, c’est exactement ce que j’ai dit à mon mec (qui fait des jeux vidéo) après ma première séance de rééduc : « c’est comme si je jouais aux jeux vidéo avec ma chatte ».

    J’avais bien aimé mes séances moi, hormis le questionnaire un brin anxiogène de ma kiné, pendant lequel je me suis projetée en future mamie complètement incontinente l’espace d’un instant.

    le 4 décembre, 2014 à 13 h 16 min
     
  • Sur votre dernière réflexion, c’est la même chose pour le sexe masculin (c’est que ça console hein..) : soit c’est médical (froidement descriptif), soit c’est un niveau de vocabulaire restrictif (« bite » ne me semble pas plus exact que « chibre » ou « braquemard » – même si j’aime la sonorité délicieusement médiévale de ce dernier :-).
    Vos trouverez peut-être votre bonheur là-dedans : http://livre.fnac.com/a1490395/Florence-Montreynaud-Appeler-une-chatte.
    Et, en tant qu’homme, j’apprécie que vous parliez aussi librement de sujets aussi féminins : ça permet d’avancer dans la compréhension mutuelle.

    le 4 décembre, 2014 à 13 h 20 min
     
  • Sooooo true pour la sage femme. « Imaginez une fleur qui se referme, un pétale, puis l’autre »… J’ai tellement ri que je sais pas trop si mon périnée est ok mais j’ai de bons abdos grâce à ça (et la sage femme ne veut plus me voir…)! Sinon j’ai le coffret de buffy dans un coin, ça me donne une bonne idée pour attendre Noël ! Merci !

    le 4 décembre, 2014 à 13 h 53 min
     
  • « le meilleur moyen de remuscler son périnée, c’est d’avoir des orgasmes »

    Ton gynécologue d’amour te l’a confirmé ?

    le 4 décembre, 2014 à 14 h 18 min
     
  • Moi aussi j’ai séché en me disant que j’aurai qu’à refaire un autre moême ou deux ou trois jusqu’à ce que je sois prête psychologiquement ! Mais à mon avis on l’est jamais, ça devient tellement lassant d’être porte-ouverte dans sa culotte ! Par contre moi ma sage femme était pas trop genre fleurs et pont levis, donc ça aurait été côté lexical !

    le 4 décembre, 2014 à 14 h 44 min
     
  • Ça me rappelle la jolie chanson de Brassens sur l’absence de dénomination du sexe féminin (il parle même du « con » qui est quand même un nom affreux). C’est le blason : https://www.youtube.com/watch?v=6lVhNSnXUeg
    Bon il fait pas avancer le schmilblick au final mais c’est toujours un plaisir de l’écouter !

    le 4 décembre, 2014 à 16 h 05 min
     
  • Les « pilules fécales », ça m’a fait penser au dernier billet de Marion Montaaigne : http://tumourrasmoinsbete.blogspot.fr/2014/12/mercredi-cest-fleuri.html :-)

    L’avantage du mot « chatte », c’est que ça passe bien, mais c’est un peu « fourre-tout ». ^^

    le 4 décembre, 2014 à 19 h 37 min
     
  • Je sais que mon avis ne sera pas écouté par la foule mais la seule solution pour ne pas avoir les sphincters qui se relâchent c’est le YOGA.

    le 4 décembre, 2014 à 22 h 59 min
     
  • C’est très troublant, le premier gif est le même que sur un précédent article qui était resté longtemps en première page (c’était une période de vacance sur ce blog, mais je vérifiais très régulièrement qu’il n’y avait rien de nouveau…)

    Mais c’est Spike, et c’est pour annoncer quelque chose d’encore plus grandiose sur Buffy, donc rien que du positif !

    le 4 décembre, 2014 à 23 h 17 min
     
  • Intéressant comme remarque, je suis justement en pleine lecture de Lacan, le type du non rapport sexuel. Du coup j’aurais tendance a dire que c’est ce qui signifie le sexuel dans l’organe qui est innommable (la valeur ajoutée quoi :p), l’organe lui, ben c’est un pénis ou un vagin.

    Bon voilà, euh… je sais pas trop comment conclure alors comme je commente pas très souvent (hum) je me contenterais du classique : continue toujours un plaisir de te lire (on se tutoie ?).

    le 5 décembre, 2014 à 15 h 46 min
     
  • Complètement d’accord avec toi sur le fait qu’il manque carrément un mot courant pour parler du sexe, mais d’ailleurs je trouve que c’est pareil pour le sexe masculin (en tout cas moi je trouve pas d’intermédiaire entre bite, insortable en société, et le trop médical pénis)

    le 5 décembre, 2014 à 16 h 43 min
     
  • J’ai moi-même vu une kiné pour rééducation du périnée il y a quelques temps – moi c’était pour « démuscler » ou plutôt décontracter mon périnée, histoire qu’on puisse éventuellement espérer réintroduire un truc dans mon vagin un jour (oui, ça marche aussi dans ce sens-là, ça s’appelle avoir le vagin atrophié) (graou) et j’avais trouvé ça assez rigolo, en fait. Pas de joystick pour moi, par contre, elle me fourrait juste un doigt dans la chatte avant de me demander de contracter à droite puis à gauche, de haut en bas, en deux, trois puis quatre fois… Pendant des mois. Elle me faisait faire des figures avec mon périnée, quoi. J’imagine que c’est le même principe. C’était plutôt marrant.

    le 5 décembre, 2014 à 18 h 08 min
     
  • comme toi je ne trouve pas de nom pour désigner un sexe de femme qui conviennent en toute circonstance. J’ai lu un article qui expliquait qu’en Suède ils cherchaient à trouver un mot pour désigner la masturbation féminine.

    Concernant la rééducation pelvienne, j’ai fait à chaque fois de la gymnastique hypopressive et il n’y a rien d’intrusif. Tu travailles à la remuscultation des abdos et à la tonification du périnée. Par contre, t’as une gueule de con quand tu le fais. C’est super efficace. J’ai quand même eu droit un petit peu à la sonde et j’avais l’impression que ça marchait super bien.

    le 5 décembre, 2014 à 18 h 28 min
     
  • Cunt est un trés chouette mot en ce qu’il désigne le sexe entier, clitoris vagin utérus trompes, the whole fallafel. J’aime bien dire con parce que ça ressemble à cunt. & ça fait très millerien.

    le 6 décembre, 2014 à 14 h 47 min
     
  • Pour les animaux, le sexe n’a pas de mot. Mais je ne suis pas sur qu’ils en tirent de semblables ravissements. Hasard?

    J’ai longtemps cru antinomiques ces deux assertions: « Dans la gène pas de plaisir » et « Pas de plaisir sans gène »…

    https://www.youtube.com/watch?v=q6Wk_zYLnqY#t=177 (Extrait de la pièce « Les mots et la chose » avec JP. Marielle) Joyeux Nawel

    le 7 décembre, 2014 à 22 h 21 min
     
  • C’est clair qu’après l’accouchement, moi aussi j’en avais marre du côté « portes-ouvertes ». J’ai quand même choisi l’option sage femme en me disant que je pourrais peut-être glaner de bons conseils, un peu comme si je prenais l’avis d’un coach sportif.
    Je suis tombée sur une porte de prison qui ne m’a pas donné envie de rire avec ses histoire de pont-levis et de grotte. Néanmoins j’y ai quand même appris des choses intéressantes :
    – contracter le périnée quand on porte des charges lourdes ou qu’on éternue pour éviter les Tena à 60 ans
    – éviter à tout pris de faire des abdos en remontant le buste
    – savoir donner du plaisir à mon mec avec la vague qui part d’un côté et vient s’enrouler de l’autre côté du vagin…

    le 9 décembre, 2014 à 17 h 47 min
     
  • Et là je te dis MERCI car je vais maintenant pouvoir changer mon fils sans lui coller toute la merde dans les cheveux ! Quand j’ai commencé à te lire je n’aurai jamais cru que j’apprendrai ce genre de choses sur son blog (ni que je serai un jour confrontée aux « fuites excrémentaires » d’un enfant, mais c’est un autre sujet)…

    le 10 décembre, 2014 à 9 h 29 min
     
  • J’ai maudit mon gynécologue accoucheur le jour ou il m’a gentiment entaillé avec son ciseau pour les forceps ….
    Quand il m’a dit pas besoin de rééducation, j’ai pas cherché, hors de question à continuer d’écarter les cuisses …
    Tu m’étonnes pour la direction de la maternité … Mais quelque chose me dit que tu vas attendre encore un peu ..(moi, fâchée avec le corps médical , si peu ;))

    le 10 décembre, 2014 à 20 h 10 min
     
  • Très intéressant! Je suis moi-même une « Mademoiselle Périnée », enfin je n’aime pas trop le terme, bref, une kiné spécialisée du périnée. J’utilise la fameuse sonde, mais juste ce qu’il faut de stimulation et ensuite, le Bio Feed Back, les jeux vidéos réalisés par son périnée. Après des années d’expérience, j’ai revu ma façon de travailler. Et oui, je compatis, (étant moi-même passée par là), en particulier après un accouchement, on en a ras-le-bol de subir les portes ouvertes. Je me suis spécialisée en sexo, et j’aimerais vraiment que l’image de la rééducation ne soit plus la même!.. Dans mon cabinet, je reçois (presque) comme chez moi, il y a de la musique, du thé, des petits gâteaux, et, une fois les questions « sérieuses » sur tout ce qui n’est pas réjouissant passées en revue,on parle de ‘intérêt d’être là: s’enlever de la tête cette idée fausse, l’image de son intimité devenue toute abimée et sûrement toute moche, et j »explique comment se réapproprier son périnée. Souvent d’ailleurs, les jeunes mamans découvrent qu’elles en ont un (c’est même très fréquent, normal on n’a pas été élevées comme des geishas), et apprennent à s’en servir. C’est le moment d’évoquer le couple, les joies des suites de grossesses, la libido souvent en berne.. Bref, c’est ça peut (ça doit) être très positif!
    Renseignez-vous bien sur le choix de la Kiné (ou sage-femme)..

    le 11 décembre, 2014 à 21 h 46 min
     
  • Warning! Détournement de sujet par une nullipare:
    Hey Titiou, quand et où aura t on le plaisir de lire ce fameux article sur Buffy? Grande fan de tes billets et de la série, je me dis que les deux ne peuvent faire que bon ménage…
    Vivement!

    le 12 décembre, 2014 à 12 h 34 min
     
  • Le sexe féminin , Sade l’ appelle le temple .

    le 26 décembre, 2014 à 21 h 29 min
     

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