24 octobre 2012

Lectures du moment

Pagedeuxcentquatrevingtseize.

Soit p296.

Non, c’est pas là où j’en suis de ma future grande œuvre romanesque (putain… ça serait tellement beau). C’est la page cornée depuis une semaine sur mon exemplaire de Fifty Shades.

Ouais, désolée. JE SAIS qu’on nous a saoûlés jusqu’à l’overdose avec ce bouquin.

Mais il n’empêche que vous n’aurez lu nulle part ailleurs quelqu’un qui vous dit « je ne peux plus. J’en suis p296 et je crois que je ne peux pas aller plus loin. J’ai fait tout mon possible. J’ai alterné avec d’autres lectures (le Roi Pâle, autant dire que le choc était violent), j’ai lu en diagonale, j’ai sauté quelques dialogues mais là, je cale. Continuez sans moi les copains, ne perdez pas de temps, ces putains de viets sont partout, prêts à nous massacrer, je vous ralentis, allez-y, continuez, allez chercher de l’aide. »

Parce que dans la masse phénoménale de papiers sur ce bouquin, on dirait que tout le monde a lu les 551 pages en intégralité. (Ce moment désespérant où tu commences à compter combien de pages il te reste à lire…) Bah, pas moi et j’ai le courage de le dire haut et fort.

Pourquoi je ne peux pas finir ce livre ?

– Pas du tout à cause du cul qui serait trop soft. Parce que ça, c’est n’importe quoi. Soft ou pas soft, c’est excitant et c’est en gros ce qu’on lui demande. D’ailleurs, collègue arc-en-ciel a fait un super papier qui résume exactement ce que je pense sur le ton condescendant qu’ont eu la plupart des journalistes pour parler de « porno pour maman ».

– C’est mal écrit mais en même temps, j’aime bien, parce que ça me rappelle vachement un roman inachevé que j’ai écrit à 14 ans (dans lequel mon héroïne avait également un orgasme rien qu’en se faisant tripoter les nichons).

– Le contrat. J’ai lu pas mal de critiques qui poussaient des cris d’orfraie à cause de cette idée de contrat entre les persos. Un contrat, c’est un peu comme une liste, donc c’est pas peu dire que l’idée m’a plu.

Le vrai problème, c’est l’humour.

Parce que sachez que 50 shades est ponctué de touches d’humour qui, au début, m’ont plutôt fait sourire, j’avoue. Et pourtant, porno et humour ça marche pas ensemble. D’ailleurs, plus généralement, faire une blague en niquant, c’est pas vraiment une bonne idée. (Je parle d’expérience.) (En plus, allez comprendre pourquoi les meilleures blagues me viennent toujours pendant les fellations.)

Ce qui m’a écoeuré dans 50 shades c’est que c’est la même blague qui revient dans toutes les pages (en tout cas jusqu’à la page 296). Blague de l’héroïne Anastasia qui consiste grosso modo à balancer une vanne sur le fait que le mec qui est censé être son grand amour ne rêve que de lui fister le cul. La première fois c’est drôle mais ça devient assez vite agaçant. Elle la décline en monologue intérieur face à sa meilleure amie et son père, puis en dialogue avec Christian. Inlassablement le même ressort comique encore et encore. A partir de la page 200, alors que j’aurais dû être en pleine identification avec Anastasia, le processus s’est inversé. A chaque fois qu’elle sortait sa putain de vanne, j’étais prise d’une brusque envie de lui fouetter le dos jusqu’au sang avec une cravache à clous puis de faire couler du vinaigre sur ses blessures.

Voilà pourquoi j’abandonne Fifty Shades of Grey.

Par contre, j’ai une autre lecture à vous conseiller. Un excellent texte sur les jeux vidéos en ligne – ce qui correspond un peu à un autre Internet, assez éloigné de celui des adultes. (Quoique, il fait un parallèle avec les sites de cul assez pertinent.) En gros, il commence par le constat que les jeux gratuit en ligne pour les gosses sont hyper genrés et que les jeux pour garçons sont très graphiques, beaux, hyper bien foutus alors que les gamines n’ont droit qu’à des machins tout pourraves où il faut juste habiller de façon stylée une poupée et/ou lui trouver un mari.

« je vois les petites filles s’abrutirent en posant des faux cils sur des têtes à coiffer pixelisées jusqu’à la mort, tandis que les garçons mettent au point des stratégies militaires en temps réel avec plusieurs dizaines de pions virtuels. » Et comme il le dit très intelligemment « Le sexe ne précède pas la mise en connexion des individus sur les machines : le sexe est le processus et le produit de cette connexion.” C’est-à-dire que ces jeux qui font semblant d’avoir été fabriqués pour correspondre à ce qu’aiment les gamines, font en réalité le travail inverse et disent aux gamines “c’est ça que tu dois aimer parce que tu es une fille”.

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18 commentaires pour “Lectures du moment”

  • J’ai lu fifty shade cet été à la plage, et je dois dire que ça m’a fait agréablement passer le temps. La pauvreté du vocabulaire m’a permis de le lire en VO sans problème (une fois que tu maitrises les Grin, Smirk, Groin & co tu as déjà facile 50% du vocabulaire en poche).
    Ce qui me donnait envie de fouetter Anastasia et de jeter mon livre dans la mer, c’était plutôt le mordage de lèvre toute les 2 lignes…. J’ai testé sur mon mec, mais bizarrement ça ne déclenchait pas la moindre réaction type « I’ll fuck you if you don’t stop ». Cheated !

    Bon, j’avais aussi emporté « Crimes et châtiments » comme lecture estivale, mais ça n’a pas eu le même succès…

    le 24 octobre, 2012 à 13 h 50 min
     
  • Le truc des lèvres mais oui merde! En fait, je crois que ce qui a eu raison de ma tenacité en général c’est le côté répétitif.
    D’ailleurs, si je veux bien qu’on me raconte la fin, si quelqu’un a le courage…

    le 24 octobre, 2012 à 14 h 01 min
     
  • L’image de Femanon, c’est du tout bon ! :-)

    Sinon, pour  » Fifty shades… « , je préfère : http://img1.etsystatic.com/005/0/6656846/il_fullxfull.362598041_fopd.jpg

    le 24 octobre, 2012 à 14 h 28 min
     
  • Je te rassure, je me suis aussi arrêtée. Vers la page 250. J’ai feuilleté un peu après, voir s’il se passait un truc. Non.
    J’en pouvais plus, de la « déesse intérieure », des « Holy cow ! Holy Fuck », des mordillages de lèvres, du contrat dont des extraits sont parsemés un peu partout (non, mas c’est ridicule, ce contrat). Quel ennui !
    Donc, tu n’es pas la seule. Et parmi mes copines, la seule qui a été au bout est traductrice pour Harlequin et c’était plus une lecture professionnelle qu’autre chose. Elle a même pas réussi à dépasser la moitié du volume 2…
    Donc, rassure-toi, tu n’es pas la seule.
    D’ailleurs, j’aimerais bien les chiffres de vente du volume 2. Parce que que des gens se fassent avoir par le buzz, je veux bien. Mais qu’ils poursuivent cette torture qu’est la lecture de 50 shades par un 2ème ou un 3ème volume … Je ne comprends pas.

    (PS : par curiosité, j’ai été lire les dernières pages : elle se fait fouetter pour de vrai, elle aime pas ça, elle part en claquant la porte. Tout ça pour ça …)

    le 24 octobre, 2012 à 15 h 28 min
     
  • L’article de Slate est parfait ! Il résume enfin ce que je pense de ce livre et des réactions autour ! Décidément, Slate c’est le bien.

    le 24 octobre, 2012 à 16 h 31 min
     
  • Oui, c’est super répétitif, et les scènes de sexe sont expédiées en 1 ou 2 paragraphes max. Entre ça, tu dois te taper 20 pages de la fille qui se mordouille les lèvres, qui se pose des questions existentielles, qui découvre qu’elle peut avoir « sa propre adresse email » (WTF ?!). C’est ça qui est usant finalement !

    Quant à la fin, si je me souviens bien, Grey lui met une grosse fessé. Du coup, elle a mal, elle pleure, elle se dit que finalement ce mec est complètement dingue, et puis elle se casse. L’idée d’acheter le tome 2 ne m’a même pas effleuré….

    le 24 octobre, 2012 à 16 h 35 min
     
  • Je dois être un des seuls qui ne se sont pas intéressés à ce bouquin, et savent à peine de quoi ça cause (enfin, depuis que j’ai lu ce post, avant je ne savais même pas du tout).

    En tout cas, je ne suis pas du tout tenté de le prendre…

    le 24 octobre, 2012 à 18 h 38 min
     
  • Titiou tu confirmes bien que j’ai d’autres chattes à fouetter que de lire cette daube (ok, c’est nul, je sors) !!!!

    le 24 octobre, 2012 à 21 h 47 min
     
  • Je suis le seul a vouloir relever la véritable injustice de ce post? L’hypocrisie latente qu’il porte en son sein?

    Comment oser laisser un bouquin aussi cheaté que celui de Nick Vucijic? Moi aussi je pourrais passer toute une vie sans me masturber en étant dépourvu d’appendice brachiaux…

    Sinon niveau qualité texte c’est genre Musso ou mieux/pire?
    Je voulais en faire cadeau pour déporter les goûts d’une personne commençant à apprécier la lecture…

    le 24 octobre, 2012 à 22 h 04 min
     
  • Il y a des blogs qui traitent de la thématique du livre… de très bons blogs, bien écrits. une écriture qui vous prend le bide (ou la chatte). du vécu, des interrogations face aux plaisirs que l’on peut prendre à être dans le jeu dominant/dominé. qui traite très bien de la complexité, de ce que l’on peut ressentir qd on se surprend à aimer être dominé…

    à vous de les chercher…

    le 24 octobre, 2012 à 22 h 37 min
     
  • Moi je dis que je l’ai lu en entier dans le sens où j’ai lu les trois premiers chapitres, les dernières pages et toutes les scènes de sexe entre les deux. Donc voilà, j’estime avoir bien fait le tour du bouquin.
    http://www.nombrepremier.com/article-fiftyshadesofgrey-106037686.html

    Oh, et ce mordillement de lèvres intempestif toutes les trois lignes, très relou!

    le 25 octobre, 2012 à 10 h 26 min
     
  • Bon bah c’est un livre nul on le sait alors pourquoi tout le monde l’achète ?

    le 25 octobre, 2012 à 14 h 05 min
     
  • J’aimerais bien étudier la corrélation entre les ventes du livre et l’augmentation de la violence conjugale… « Oh chérie je me suis loupé désolé mais je voulais faire comme dans 50 Shades tu vois je t’aime ma girafe ».

    le 26 octobre, 2012 à 16 h 54 min
     
  • « Bon bah c’est un livre nul on le sait alors pourquoi tout le monde l’achète ? : »

    One direction, justin bieber, windows, apple, Obama, nike, le foot, le /gif/ de 4chan, le mousseux, les boîtes, la musique disco, les hipster, BHL, coluche, baffie, la télévision, nrj, le web, facebook, league of legends, l’astrologie, les magazines féminins, le christianisme, redbull, madonna, britney spears, 20 minutes, gangnam style, je continue ou c’est bon ?

    le 26 octobre, 2012 à 23 h 03 min
     
  • (En plus, allez comprendre pourquoi les meilleures blagues me viennent toujours pendant les fellations).

    Voila maintenant je suis obligé de t’imaginer en train de sucer (plutot agréable). C’est mentale,ça m’a bloqué j’ai fantasmé pendant 5 bonnes minutes.

    Coté fantasme cette phrase vaut plus que tout le bouquin 50 Shades.Quelque chose de puissant
    La nature est ainsi faite ,rien de pervers.

    le 27 octobre, 2012 à 1 h 08 min
     
  • C’est étonnant cette faculté de s’imposer des lectures alors que même si tu vis 142 ans et 9 semaines et demi, tu ne pourras jamais lire (voir, couter, etc…) TOUT ce qui t’intéresse.

    Et entre deux chapitres de ce roman insipide et inutile, le visionnage du dernier Bond (le dernier, vraiment ? ouf !), la bio de Zlatan, le débat Copé-Fillon ?

    Sinon, on peut avoir des précisions sur tes fellations chaplinesques, des images, tout ça… ? ^^

    le 27 octobre, 2012 à 21 h 46 min
     
  • « un roman inachevé que j’ai écrit à 14 ans (dans lequel mon héroïne avait également un orgasme rien qu’en se faisant tripoter les nichons). »

    WOW ! Tu devrais le déposer sur un site d’auto-publication comme http://www.lulu.com/fr sous un pseudo genre Titiou L. James, ça devrait t’assurer un bon début 2013.

    le 30 octobre, 2012 à 14 h 26 min
     
  • Cinquantes nuances de Bleu.
    L’air de rien, le Grey là, il manipule quand même une ingénue à force de :

    « je te cogne mais après je m’excuse avec des cadeaux (et des cadeaux avant aussi, comme ça j’ai de la marge) »
    « je te cogne puis je te fais l’amour gentiment pour te montrer que tu es une déesse, mais après, je te cogne encore ».

    Résultat : La pauvre biche se sent coupable de se faire cogner, de se laisser cogner, de ne pas vouloir se laisser cogner et de s’être fait cogner. Peuchère. Au deuxième tome, elle attaque le lexomil.

    le 9 janvier, 2013 à 8 h 06 min
     

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