16 octobre 2011

Le salon du livre de Saint-Etienne – part one

J’avais décidé de vivre ce salon du livre comme un film hollywoodien qui se serait intitulé « 2 nights in Saint-Etienne ».

Mais en réalité, avouons-le tout net : mon périple à Saint-Etienne a mal commencé, c’est poursuivi de façon pas terrible et a fini moins mal (sans doute rapport au fait que je rentrais dans ma maison).

D’abord, le vendredi je devais courir en taxi d’Issy-les-Moules (où j’étais pour une interview sur France 24) à Gare de Lyon pour choper mon train.

En fait, dès France 24 j’ai été chafouinée parce que je préfère le maquillage TF1 au make-up France Télé. Le maquillage France Télé, sur moi, il tient une seconde. A la première expression de visage, il commence à se craqueler. Des failles apparaissent sur le fond de teint et vont en s’élargissant de plus en plus comme la croûte terrestre dans un film catastrophe. Je commence à sourire. Zoom sur la fissure qui s’élargit à toute vitesse, court en même temps que les coins de ma bouche remontent. Résultat : on dirait que je porte un masque de poupée fendillée, craquelée. De vieille petite-fille. A l’écran, ça se voit pas mais sous la lumière blâfarde des chiottes c’est la cata. J’ai l’impression d’être Bette Davis dans Qu’est-il arrivé à baby Jane ? film génial qui m’a complètement trauma :

Ca donc :

A voir :

 

Bref.

Je sors du plateau, prête à sauter dans mon taxi quand on m’apprend que quelqu’un me l’a volé. What ? Une personne est montée dans le taxi G7 qui m’attendait, le chauffeur lui a demandé « vous êtes bien Titiou Lecoq ? » et l’individu a répondu oui alors que de toute évidence c’était faux puisque c’est moi et que les homonymes y’en a pas trop dans le genre.

Résultat, on m’appelle un autre taxi. Je vais l’attendre dehors pour gagner 10 secondes.

Au bout de 20 minutes, je re-rentre pour dire qu’il fait froid. J’apprends que le taxi m’attend depuis 15 minutes à une autre entrée.

Je cours.

Je monte à bord.

En route, je lui demande si c’est bon pour être à 17h20 à Gare de Lyon. Il m’assure sans l’ombre d’un doute qu’on y est dans 45 minutes facile. Easy la vie. Comme c’est son métier, j’ai tendance à le croire.

1h30 plus tard, alors qu’on est à l’arrêt à un feu vert, coïncé dans un bouchon interminable et qu’il est approximativement 17h25, le chauffeur se tourne vers moi pour me dire « désolé ».

Je réponds pas.

Je râte le train de 17h24.

Je râte le train de 17h54.

J’arrive pour celui de 18h20. Je cours à la borne. Je suis dans un état de nerfs proche de celui du type qui était de garde à Tchernobyl le jour J. Je mets mon billet dans la fente pour l’échanger. La machine l’avale puis s’éteint.

Je sais pas si vous voyez bien le bordel ambiant gare de Lyon le vendredi à 18h30. Au milieu de toute cette agitation, je lâche mes sacs et roule des yeux. Je me dis que je vais craquer, que la vie est une grosse connasse.

Malheureusement, la vie m’entend, le prend hyper mal et décide de me le faire payer par un truc qui ne m’était jamais JAMAIS arrivé de ma vie : mon soutif craque.

Je me retrouve avec le soutif qui me remonte d’un coup sous la gorge et toujours le visage de Bette Davis à 82 ans quand elle se déguisait en fillette.

Dans un ultime sursaut, je décide d’acheter quand même un autre billet. J’ai évidemment raté le train de 18h24. (Donc 3 trains de loupés à mon actif en une aprèm.) Je prends une place pour celui de 19h. 130 euros ta mère la pute. (A ce prix-là, je pourrais me payer 25 cunnis chez les putes chinoises de mon quartier.) (Ouais, à cet instant, je suis très triste et fatiguée et je me dis que le seul truc au monde qui pourrait me consoler c’est un cunni. Chacun son truc.)

Là, parce qu’il flaire la meuf désespérée, que je suis maquillée comme une actrice de porno POST tournage et accessoirement que j’ai les nichons à l’air, un mec essaye de me brancher.

Le puits de l’enfer est-il vraiment sans fond ?

Je refuse de lui répondre. Je suis trop fatiguée pour le dégager. Je décide donc de l’ignorer. (Pas facile vu qu’il est debout devant moi.) Du coup, je baisse la tête pour regarder mes chaussures. (Evidemment, vu de l’extérieur, cette réaction n’a aucun sens.) J’ai des chaussures vernies. Parfois, leur vue suffit à me redonner de l’énergie vitale. Sauf que là, à côté de mes chaussures, je vois un pigeon. Un putain de pigeon vivant qui bouge la tête pour tourner son œil aussi rond que vide dans ma direction.

Le pigeon me regarde sans parler.

On se regarde.

Il se passe aussi peu de choses dans son cerveau que dans le mien.

Peut-être qu’il attend aussi que le mec relou se casse ?

Brusquement, je relève la tête. J’ai un éclair de génie. Je sais ce qu’il me faut. Du toblerone.

J’abandonne mec et pigeon et pars m’acheter du toblerone. Inventé en 1908 par Theodor Tobler, le toblerone est la première barre chocolatée de l’histoire. (J’essaye de faire du Houellebecq pour changer un peu de style.)

Ensuite, j’ai tweeté mes chagrins. Et après, j’ai pris le train.

J’ai fini la journée à 1h du mat en fumant une clope toute seule sur le parking d’un hôtel dans la banlieue de Saint-Etienne en pensant qu’on n’était que vendredi soir et que le salon n’avait même pas commencé.

J’étais pas loin de regretter la Suisse.

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32 commentaires pour “Le salon du livre de Saint-Etienne – part one”

  • Pfffiiiouuu !!! C’est rocambolesque !!! Mais quelle galère !! je compatis, du fond du cœur. :)
    J’espère que la « part two » sera moins tragique.
    Courage !! :))

    le 16 octobre, 2011 à 11 h 04 min
     
  • Est-ce que c’est mal si j’ai bien rigolé en lisant ce post?

    Sinon, je suppose que les frais ne sont pas remboursés dans ces cas la? (le train, le taxi qu’a du coûter cher lui aussi, l’hôtel sur place…)

    le 16 octobre, 2011 à 11 h 18 min
     
  • nous ne t’oublions pas

    le 16 octobre, 2011 à 11 h 30 min
     
  • Tu connais After Hours de Scorcese ?

    le 16 octobre, 2011 à 11 h 49 min
     
  • Très belles chaussures vernies.

    le 16 octobre, 2011 à 12 h 02 min
     
  • Et voilà, Janine Boissard beats Titiou Lecoq.

    La victoire de la sagesse face à la jeunesse dépravée qui mise tout sur son maquillage et sur le fait de ne pas porter de soutien-gorge lors d’un salon.

    Bon, mais tu l’auras à l’usure. Tu as le temps pour toi, alors qu’elle… plus trop.

    le 16 octobre, 2011 à 12 h 03 min
     
  • Ouille… Je compatie, autant pour ta journée que pour saint Étienne… Ville que j’ai le malheure de bien connaître…

    le 16 octobre, 2011 à 12 h 16 min
     
  • Très belles chaussures, en effet. Hâte de savoir la suite du périple!

    le 16 octobre, 2011 à 12 h 37 min
     
  • Le visage qui se craquelle fait aussi penser à « Black swan ». Un double maléfique te pourrirait-il la vie (en chopant tes taxis)?
    « J’ai fini la journée à 1h du mat en fumant une clope toute seule sur le parking d’un hôtel dans la banlieue de Saint-Etienne en pensant qu’on n’était que vendredi soir.. »
    Le final est aussi très houellebecquien.

    le 16 octobre, 2011 à 12 h 40 min
     
  • le deuxième paquet de toblerone est gratuit chez monoprix c’est les 9 jours fous je crois que cela se termine lundi
    comment tu nettoies tes chaussures vernies ma fille en a des roses mais elles ont des taches noires et j’ai peur d’oter le vernis en frottant

    le 16 octobre, 2011 à 12 h 40 min
     
  • Je m’insurge et crie au fake !

    le 16 octobre, 2011 à 12 h 41 min
     
  • Comme quoi tu aurais du t’acheter un iPad .. :)

    le 16 octobre, 2011 à 12 h 58 min
     
  • Pour l’individu qui a piqué le taxi? Oui c’était un fake de Titiou effectivement.

    le 16 octobre, 2011 à 12 h 58 min
     
  • J’approuve totalement ton commentaire pour Bayby Jane, mais je ne comprends pas bien le passage du soutif.

    Il craque ? Mais de quelle partie ? UNe bretelle ? les attaches ? Et comment peut-il remonter, il devrait pas plutôt pendouiller lamentablement ?

    Merci du complément d’information, je pense qu’il est bon de partager ce genre de situation afin que chacune soit informée.

    (et vivement le passage sur Janine Boissard).

    le 16 octobre, 2011 à 13 h 17 min
     
  • Je me sens coupable mais j’ai beaucoup ri. Mention spéciale pour le cunni comme antidépresseur. On attend la suite avec impatience.

    le 16 octobre, 2011 à 13 h 20 min
     
  • T’en fais pas, y a des gens pour qui c’est la vie de tous les jours ça, et ils n’en font pas tout un fromage ;-) (Je n’assimile bien sur pas du tout ton blog à un fromage hein)

    Tu veux pas venir respirer un air frais et pur dans les Hautes Alpes? J’ai un super espace culturel dans mon Leclerc de campagne. Et t’auras au moins (facile hein) 2 lecteurs assidus. Et pot de Nutella promis.

    le 16 octobre, 2011 à 13 h 22 min
     
  • Le dernier paragraphe et la photo qui suit résument bien l’ambiance pourrie (déjà les hôtels en périphérie la semaine c’est pas la joie, je n’ose même pas imaginer à la veille du week-end).

    En tous cas bon courage, la fin du malheur est proche, du moins si tu ne retrouves pas bloquée à Saint-Étienne…

    le 16 octobre, 2011 à 13 h 41 min
     
  • C’est pas ce qu’on appelle en psychologie le phénomène des actes manqués?
    En meme temps je te comprends, aller faire un salon du livre a St Etienne…
    C’est moi ou les types qui gèrent ta promo t’envoient dans les coins les plus absurdes de l’hexagone?

    le 16 octobre, 2011 à 13 h 55 min
     
  • C’est drôle. Archi!

    le 16 octobre, 2011 à 14 h 41 min
     
  • Je te conseille alors Direct8…

    http://www.canalplus.fr/c-infos-documentaires/pid1830-c-zapping.html?vid=529505

    le 16 octobre, 2011 à 18 h 06 min
     
  • Sur la dernière photo, on voit parfaitement que tu ne portes pas de chaussures vernies. Donc :
    1- tu t’es changée une fois arrivée à l’hôtel
    2- tu as tout pipoté
    3- comme ton soutif, tes chaussures vernies ont craqué dans le train
    4- ce texte n’est qu’une immense illusion

    le 16 octobre, 2011 à 18 h 57 min
     
  • J’ignorais que les putes font des cunnis. Je pensais qu’elles avaient une clientèle masculine essentiellement.

    Le soutif qui craque c’est moche (ça risque pas de m’arriver cela-dit).

    La sncf c’est des chacals, tu loupes ton train d’une minute (voir t’es devant le porte et tu vois le train partir et t’as envie de claquer le contrôleur [mais faut pas …]) et tu dois refaire la queue et repayer plein pot. J’aurais simulé un malaise (en tombant sur le dos bien sûr).

    Sinon Ema et Blester vont faire des bébés ?

    Je me suis rendue compte de mon ignorance quand j’ai compris que le RGPP existait en vrai (mais je suis loin du monde du fonctionnaire ça explique peut-être aussi).

    le 16 octobre, 2011 à 22 h 30 min
     
  • Oups ! il y a maldonne! je ne voulais pas  » des détails sur le viol d’ema » mais comprendre un peu mieux cette héroine et notamment sa sexualité qu’elle évoque comme sado maso en seulement quelques lignes dans un bouquin de 500 pages tout en révélant que c’est vraiment ce qui la branche le plus dans le sexe…
    (ce qui d’ailleurs semblerait l’éloigner de son compagnon?)
    Peut-être le thème du prochain opus ?
    Je ne voudrais pas être relou mais bon…

    le 17 octobre, 2011 à 0 h 00 min
     
  • http://www.youtube.com/watch?v=nHC55GpmtAo

    tiens ! c’est pour te remonter le moral !

    le 17 octobre, 2011 à 0 h 09 min
     
  • http://make-everything-ok.com/

    le 17 octobre, 2011 à 4 h 30 min
     
  • @Bastien: non, on peut très bien voir que ce sont des chaussures vernies, ou je m’y connais pô.
    Ou elle a photoshoper sa chaussure. Donc nous mentir, donc la rendre encore plus misérable et malheureuse suite à la perte de ses fans.

    @Titiou: Nous somme tous avec toi Titiou, tu t’es salement fait bitchslaper la face par la vie.
    Tellement salement que tu devrais contacter le Guide Des Records.
    Bref.
    Courage.
    Tu as survécu à ton Vendredi soir.

    le 17 octobre, 2011 à 4 h 46 min
     
  • Une question se pose, les locaux de France 24 ne sont pas les mêmes que France Télévision ? Dans ce cas, au lieu de poireauter 20 minutes pour un taxi qui de toutes manières t’enverras dans les bouchons, pourquoi ne pas prendre le RER C a la gare d’Issy Val de Seine ?

    Certes, à cette heure-ci c’est blindé, mais ça reste toujours plus fiable qu’un taxi en plein milieu du bordel parisien non ?

    Sinon belle histoire de loose, ça me fait penser a mes cauchemars récurrent où je met 3 heures pour enfiler mes pompes et me font rater mon train, c’est assez horrible.

    le 17 octobre, 2011 à 9 h 33 min
     
  • Saint-Etienne, c’est le triangle des Bermudes français, ‘faut pas y aller c’est maudit… Essaye de dire 3 fois « Saint-Etienne dans un miroir, tu verras le bordel que sera ta journée !

    le 17 octobre, 2011 à 11 h 52 min
     
  • Il y’a tout juste 25 mn, j’ai suivi la rediffusion de votre passage sur France 24,dans l’émission culturelle, et je dois dire,que ma curiosité, aprés vous avoir écouter,m’a poussé à jeter un coup d’oeil sur votre blog où je vous trouve pleine d’esprit, malgré vos péripéties sur la route de Saint-Etienne. Mais je dois dire aussi, que le sujet sur la femme violée, j’allais dire voilée( ce n’est pas violer la libertée ça..?)et votre réponse, c’était interessant.
    Bonne continuation.

    le 17 octobre, 2011 à 13 h 37 min
     
  • « Le pigeon me regarde sans parler. »

    6 mots qui feront mon bonheur pendant plusieurs jours.
    Merci.

    le 17 octobre, 2011 à 17 h 29 min
     
  • Hurler de rire aux malheurs des autres, ce doit être inscrit quelque part sur le catalogue des immoralités que vraiment, non, il ne faut pas.
    Homme, je ne saurai jamais la sensation du soutif qui craque au mitan d’une aprème de merde, mais j’ai compati quand même après la saine rigolade que vraiment, merci.

    le 18 octobre, 2011 à 9 h 00 min
     
  • Tordant, comme toujours. Cependant, entre deux fous rires, j’ai relevé une toute petite erreur : France 24 n’appartient pas à France Télé mais à l’Audiovisuel extérieur de la France (AEF). Bon, on est d’accord, c’est pas essentiel, mais ça me tenait à cœur.

    le 17 novembre, 2011 à 17 h 55 min
     

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