18 août 2008

Rupture, étape 3

Ca fait un moment que je n’ai pas parlé de ma rupture et comme il se trouve que c’est quand même un excellent filon pour bloguer, revenons-y. Pendant ce premier mois, j’ai donc brillamment passé la phase une (rappelez-vous : se bourrer la gueule et claquer plein de thunes). La phase deux (rester enfermée chez soi à regarder le plafond). Arrive désormais la phase trois : reprendre ma vie en mains, à deux mains, à pleine main.

En général, ce type de grandes déclarations assez floues recouvrent une réalité beaucoup moins séduisante à savoir se confronter avec le principe de réalité et se taper toutes les corvées matérielles qu’on avait reportées sous prétexte de « pas en état, c’est trop tôt, je dois m’occuper de moi en priorité, j’ai un record de zookeeper à battre et une saison de How i met your mother à finir ». Et dans les corvées, il y en avait une en particulier que je remettais de jour en jour : l’envoi du préavis pour quitter « notre » nid d’amour et lieu de tensions ménagères.

Acte hautement symbolique s’il en est. Comme si on couchait noir sur blanc que oui, c’est fini. Comme si Mister Rum (le proprio) était une sorte d’instance supérieure qui seule pouvait entamer cet état de fait. Bref, la semaine dernière, j’ai décrété qu’il était grand temps de sortir de cette période floue parce que bordel de zob je suis une femme indépendante et déterminée. Tenez, illustration.

Photobucket
Est-ce que ça c’est pas l’image d’une femme libre ? Bref.

Me voilà donc partie pour la Poste du 11ème. Sachant que j’habite à Montreuil, ça demande une explication. Malheureusement, je n’en ai pas en-dehors du fait que j’adore ce bureau de poste. Et puis c’est de là que j’avais envoyé mon précédent préavis – celui qui allait nous permettre d’emménager ensemble (je ne le dirai qu’une fois mais franchement quelle enculade la vie à deux).

Dans la file d’attente, déjà, j’ai comme un début de doute.

Quand le guichetier guadeloupéen m’adresse un sourire chaleureux pour me faire comprendre que c’est mon tour, je me demande si je ne vais pas me chier dessus en traversant les cinq mètres qui nous séparent (oui, la fameuse distance de sécurité qui est sensée protéger les agents de la vindicte populaire). J’arrive devant lui en pensant « il faut que je me décide. L’envoie. L’envoie pas. J’ai pas envie mais c’est ce qu’il y a de mieux pour moi » (d’ailleurs, vous pouvez m’expliquer pourquoi la « bonne chose » n’est jamais celle dont j’ai envie ?). Il me donne le bordereau à remplir. « Là votre adresse, ici celle du destinataire ». Je commence à le remplir. Première panique, j’ai évidemment oublié de prendre l’adresse de mon proprio. Je le fais de tête. Non, c’est pas ça.
« Heu… Excusez-moi, vous pouvez m’en donner un autre ? J’ai raté »
Deuxième bordereau : je le remplis et là, deuxième horreur. J’ai inversé les cases.
 » Heu… Chuis vraiment désolée, m’a suis encore trompée. »

Troisième bordereau. A ce stade, le guichetier a adressé son fameux sourire à une nouvelle personne qui vient donc récupérer un colis Chouchou les 3 Suisses contenant à tous les coups un lots de sous-pulls Damart le 5ème à moitié prix et le 6ème offert si vous en achetez 9, pendant que je gribouille nerveusement sur le bord du comptoir mettant fin à mon histoire d’amour. Vous comprenez bien que la situation me trouble. Rebelote, Cruchonne 1ère se replante entre destinataire et adresse de l’envoyeur.
 » Heu… Chuis vraiment désolée. Je suis une grosse merde toute nulle. »

Le guichetier me tend un quatrième bordereau en me disant « z’avez pas envie de l’envoyer ce recommandé dites-donc ».
Je baisse piteusement la tête.

Le résultat de cette action de femme indépendante et déterminée, c’est que le 15 novembre je suis officiellement sans domicile fixe.
JFF recherche studio.
(JFF = jeune femme fauchée)
partager ce post sur: facebook | twitter |

 

«                 »

 

Un commentaire pour “Rupture, étape 3”

Poster un commentaire