29 septembre 2015
Vacances en immersion – Part 2
Attention ami lecteur, ceci est la suite d’un texte qui commence donc précédemment.
Quand tu as moins de 55 ans et que tu te retrouves à patienter devant le Monop à l’ouverture, tu deviens ipso facto un objet d’exotisme pour toutes les personnes âgées qui sont présentes. Elles te regardent en souriant comme si le fait d’être calée sur leur rythme biologique impliquait que tu avais rejoint leur univers. En même temps, l’expérience m’a plu pour une raison que ne comprendront que les gens qui, d’après moi, devraient sérieusement aller consulter un psychiatre : ça me donnait l’impression d’être grande. Je jouais à l’adulte. (Mon rapport au réel est essentiellement basé sur des jeux de rôle.) Et là, je pouvais difficilement faire plus “adulte” que de jouer à la meuf qui trimballe ses gamins en pyjama pour faire l’ouverture du supermarché.
Par contre, aux alentours de 10h30, j’en avais ras-le-bol de jouer à l’adulte responsable. Mon moi intérieur, qui est donc âgé de 5 ans, avait besoin de pioncer. C’est le moment où tu penses aux autres parents et tu te demandes pourquoi ça a l’air facile, ou au moins naturel pour eux, de gérer le quotidien alors que toi, t’as l’impression de vivre une expérience extrême.
Maman, les mouettes elles font le même bruit que les sirènes des pompiers.
Pendant ces quelques jours, j’ai aussi pas mal pensé à ma mère. De même que je n’ai aucun souvenir de l’avoir vue coudre des étiquettes à mon nom sur mes fringues (après vérification, elle m’affirme qu’elle l’a fait), je n’ai pas le souvenir de l’avoir vu galérer comme ça. Jamais. Ceci étant, elle a fait deux enfants avec 15 ans d’intervalle, ce qui lui a permis de gérer simultanément le bac de l’une et les couches de l’autre.
Je n’ai qu’une photo où elle a l’air d’en chier à cause de moi. (Justement en vacances, comme quoi…)
(c’était ma période sans culotte)
Et une où clairement elle gère par la décontraction une crise de ma soeur.
Après des matinées aussi folles, retour bien mérité à la maison. (Vers 10h30 donc.) La maison, le lieu de vacances où tu te reposes, tu souffles un peu. Mais pas dans mon cas. Parce que qui dit maison de vacances, dit maison non sécurisée, dit danger de mort à chaque coin de meubles. Et ce qui fonctionnait très bien à deux adultes, se révèle nettement moins pratique à un. Par exemple, la cour où les enfants pouvaient jouer était joliment agrémentée d’une arme de mort.
Et l’intérieur de la maison (pour aller du salon/cuisine aux toilettes par exemple) :
On dit que les parents ont des yeux derrière la tête. Bah ils ont bien de la chance parce que pas moi.
Et du coup, je me suis retrouvée face à des choix cornéliens. Par exemple : chier ou surveiller ma progéniture. Il faut savoir que j’ai le caca présidentiel. Pour mon organisme, le caca, c’est maintenant. Pas dans dix minutes. Si caca il y a, je dois courir aux chiottes, ce qui implique de laisser les enfants seuls. Donc à chaque fois que je suis allée aux toilettes, j’étais perclue de culpabilité. Je m’imaginais Têtard ou Curly mourir dans un escalier, la police ou leur père me demander “vous étiez où ?” et comment oserai-je répondre “aux cabinets” ?
Dès le deuxième jour, j’ai pris conscience que j’allais être confrontée à un autre sérieux problème : l’alimentation.
La mienne. Les premières 24h, je me suis nourrie d’une fin de sucette saupoudrée de grains de sable que Têtard avait laissée trainer par terre et j’ai raclé des fonds de petits filous. Figurez-vous que mes enfants font quatre repas par jour. Chacun. Et qu’ils ne mangent pas la même chose. 8 repas par jour. En 48h, j’en avais déjà servis 16, j’avais l’impression de rebosser à la trattoria des Champs-Elysées. Le problème étant que ce boulot de serveuse, je l’avais lâché au bout de 12 heures parce que je trouvais ça ultra chiant. Il avait fallu me rendre à l’évidence : je préférais niquer les serveurs qu’être serveuse. Autant dire que me préparer un déjeuner, c’est un truc qui m’a tout de suite semblé injouable.
Mais je pouvais peut-être miser sur le fait de bouffer le soir. Sauf qu’après la plage, la douche de l’un des deux (je tirais au sort lequel j’aurais le courage de laver), la bouffe de l’un, la couche à changer, la bouffe de l’autre, l’engueulade entre les deux pour la tablette (oui, déjà), l’histoire et le câlin de l’un, l’histoire et le câlin de l’autre, il était 21h et le dernier truc dont j’avais envie, c’était de me faire à manger. Evidemment, j’aurais pu aller me chercher de quoi grailler dehors. Sauf que nos normes sociétales actuelles interdisent de laisser des enfants dormir seuls dans une maison même dix minutes. Du coup, j’ai repensé à Hemingway.
L’époque bénie où tu laissais ton bébé seul plusieurs heures dans son lit à barreaux pendant que t’allais glander au café…
Bref. J’ai finalement trouvé la solution définitive à mon problème d’alimentation :
Dieu n’a pas créé que l’univers, il a également inventé le pâté. Un truc salé, comme ça, t’as quand même l’impression de faire un vrai repas, qui ne nécessite pas de cuire quoique ce soit, tient au corps et demande un minimum de temps et d’énergie. (Parce que ces « vacances » auront été le moment pour approfondir ma théorie selon laquelle le temps, c’est de l’énergie.)
Ensuite, il fallait aller à la plage. J’adore la plage. D’abord, j’aime me baigner dans la mer. Pas dans une piscine. Si vous voulez mon avis, les gens qui disent « moi, je préfère la piscine » sont sans doute les mêmes peine-à-jouir qui utilisent des ronds de serviette. Mais là, seule avec deux petits, la mer est restée un truc à la fois très proche (de quatre mètres) et complètement inaccessible.
Et ce que je préfère c’est quand tu reviens de ta baignade. Tu t’allonges sur ta serviette et tu fermes les yeux. Au début tu as un peu froid et puis le soleil commence à te piquer. Si tu entrouvres les yeux, en te concentrant bien, tu peux même réussir à voir le sel collé entre tes cils. Tu refermes les yeux et tous les bruits te parviennent différemment, à la fois plus précis et éloignés.
Là, au lieu de me détendre, j’ai dû rester dans un état de vigilance maximale.
Bon, gros coup de bol, Curly a horreur du sable donc il ne quittait pas l’espace délimité par la serviette. Par contre, surveiller Têtard s’est révélé au-dessus de mes capacités. Un échec cuisant. Dès le premier jour, on allait rentrer à la maison quand j’ai perdu simultanément ma sandale et mon fils. C’est-à-dire que je cherchais désespérément ma sandale dans le sable, sandale qui avait sans doute été enfouie par l’enfant en question, quand j’entends 45 secondes de silence. Effrayée, je lève la tête. Plus de Têtard. Je ne peux pas courir pour le chercher vu que j’ai la poussette avec le Curly. Je remonte donc péniblement la poussette jusqu’aux planches, je lance un dernier regard à la plage où se trouve ma sandale, et puis je pars en roulant à la recherche de l’enfant. Que j’ai retrouvé très loin devant. Il avait entendu que je disais “on va rentrer” et il s’était barré, tranquille. J’ai donc fait le chemin de retour avec une seule chaussure, la bave aux lèvres, vociférant sur Têtard que je secouais d’une main tandis que je manoeuvrais la poussette de l’autre, et en prime mes lunettes de soleil cassées dans la panique. J’avais l’impression de faire le chemin de croix d’une Cersei version Lidl.
Lors de ces trajets à pieds, je me suis beaucoup interrogée. A chaque fois que je croisais d’autres parents, je cherchais des indices pour me rassurer. Peut-être que simplement les autres parents dont j’ai l’impression qu’ils gèrent si facilement, galèrent aussi mais que ça ne se voit pas au premier coup d’œil. (Une perspective rassérénante puisqu’elle sous-entend son inverse à savoir que possiblement, je n’ai peut-être pas l’air de galérer non plus vue de l’extérieur. Même si les regards compatissants de 90% des gens que je croise me laissent un doute quant à cette hypothèse.) Sauf que non. Je vois bien que les autres parents ne rentrent pas de la plage pieds nus, qu’ils n’ont pas perdu une chaussure en route qu’ils n’ont pas pu chercher parce que leur gamin avait fugué. Je vois bien que leurs lunettes de soleil ne sont pas pétées et portées de traviole. Je vois bien que leurs gamins n’ont pas des traces de morve séchée qui remontent sous leurs yeux. Je vois bien que leurs fringues et leurs cheveux sont propres. J’en ai même vu, le père, la mère, le gosse de 3 ans qui portaient tous les trois des shorts beige. BEIGE.
Evidemment, ils avaient sans doute une machine à laver, alors que notre maison de vacances en était dépourvue, possibilité que je n’avais pas vraiment envisagée quand j’avais préparé les valises. Mais en fait, vu notre degré de crasse, il aurait suffi qu’un t-shirt propre entre en contact avec la peau de mes enfants pour se retrouver souillé de tâches de gras. Heureusement, ce n’était pas près d’arriver. J’avais pris un seul pyjama pour Têtard qu’il renfilait tous les soirs pour s’endormir dans l’odeur du nesquick qu’il renversait dessus chaque matin.
Et dans le genre dialogue de la la honte : INT/JOUR 21h. Salle de bain.
Têtard « Maman, on n’a pas lavé mes dents aujourd’hui. »
Moi « Ah oui… » Gros plan sur le visage exténué de la mère. « On fera ça demain hein, c’est pas grave. »
Têtard « Mais hier non plus. »
Moi « Ah oui… C’est vrai… »
Silence lourd de sens que Têtard n’a malheureusement pas la finesse de saisir. Il a fallu qu’il se mette à hurler « je veux me LAVER LES DENTS!! » réveillant du coup Curly, double source de cris enfantins, pour que je cède. Cette fois-là.
Parce que dans cette configuration avec mes enfants d’amour, il a fallu faire des choix. Et j’ai unilatéralement décidé que l’hygiène, on pouvait s’en passer.
Et en même temps, il y a eu un phénomène assez remarquable. J’en chiais mais le fait d’être en permanence avec eux me donnait envie d’être encore plus avec eux. (Alors que là, concrètement, c’était pas possible de faire plus, à moins de me rétrécir à une échelle microscopique pour pouvoir entrer dans leur organisme.) Ils agissent comme une drogue. (Et à l’instar de la drogue, ils sont en train de niquer ma santé.) En fait, j’ai développé un syndrôme de Stockholm avec mes propres gamins. Autre effet secondaire : la raison qui vacille. En état de privation de sommeil et coupé de tout contact avec d’autres adultes, tu as des moments de folie. Les verrous qui sautent. Ces moments sont très faciles à identifier. C’est par exemple quand tu te mets à quatre pattes dans le salon et que tu imites le cochon qui vomit. (J’ai aussi fait une imitation d’orang-otan qui déclame du Corneille mais ils ont moins aimé. Ils n’ont aucun goût.) Bref, ça, c’est hyper cool. Tu t’autorises n’importe quoi devant d’autres êtres humains qui, de toute façon, quoique tu fasses, ont chevillé au corps la conviction que tu es la chose la plus merveilleuse de l’univers. Je ferais caca sur la table, ils applaudiraient à tout rompre. (Ca ne va pas durer, je sais. Mais c’est quand même la première fois de ma vie que ça m’arrive.) (Non, ma mère aurait modérément apprécié que je chie sur la table en bois du salon.)
Un autre jour, Têtard a voulu jouer dans le square derrière la plage. J’ai trouvé un endroit stratégique qui me permettait à la fois de laisser la poussette à l’ombre et de surveiller Têtard. Il se trouve que cet endroit se situait à côté de la poubelle. Et bin, je me suis rarement sentie autant en adéquation avec mon environnement. Et puis, au moins, on ne faisait pas tâche. Et c’est comme ça que j’ai fait connaissance avec les dames au fond. (Et j’ai eu droit à mon énième : “Oh mais vous savez, là c’est difficile, mais dans quatre ans, ça roulera tout seul.”)
Mes copines de vacances.
Heureusement, ces vacances ont été sauvées par l’intervention de deux hommes. C’est-à-dire qu’à un moment, tu as besoin de respirer et de retrouver le monde normal, un monde où tu ne t’écries pas « ohhh… un chien! » à chaque fois que tu croises un clebs. Seul(e) avec tes enfants, tu es en immersion dans un univers particulier, un monde parallèle régi par des lois absurdes, où tu acquiers des réflexes à la con comme imiter le cri de chaque animal après avoir dit son nom (« oh, un chien! Waouf waouf! », « oh un chat, miaou »).
D’abord, Guy Birenbaum m’a récupérée dans un bistrot. Il m’a regardée, il m’a écoutée et il m’a dit “t’inquiète, j’appelle mes filles, elles vont un peu s’occuper des enfants”. Ensuite, j’ai vu trois nymphettes débarquer. A la plage, je les ai écoutées se battre pour savoir laquelle ferait à manger à leur père le soir pendant qu’il me parlait des livres qu’il avait lus. J’étais émerveillée.
Ensuite, il y a eu le voisin. Un après-midi, pendant que Têtard faisait la sieste (vu qu’ils n’étaient pas calés sur les mêmes horaires), je faisais la vaisselle. Curly en a profité pour traverser la cour, tourner à gauche, entrer dans la cour de la maison voisine, la traverser et monter l’escalier. Tout ça, à quatre pattes en marchant comme un varan. Il n’avance pas les bras vers l’avant, il fait un mouvement de rotation de l’épaule pour que son bras effectue un demi-cercle. Et il peut aller hyper vite. Grosso modo, lancé à pleine puissance, ça donne ça :
Du coup, j’ai fait connaissance avec le voisin, un mec très sympa qui avait deux fils, mais des grands, et me regardait avec la compassion que je lisais dans le regard des gens depuis le début de mon épopée monoparentale. Il a pris Curly dans ses bras, plus tard il a installé Têtard à une table, est allé nous chercher des croissants, m’a fait du café et m’a raconté qu’il était scénariste.
Là, j’aimerais que vous vous mettiez à ma place. Je suis dans la maison d’un inconnu qui berce mon bébé varan, je n’ai pas dormi depuis 48h, la veille au soir j’ai mangé du pâté étalé sur un BN fraise parce que j’avais plus de pain et que j’aurais bouffé n’importe quoi, j’ai passé la matinée à mimer une truie en train de gerber, j’en suis là, c’est-à-dire dans un autre espace-temps – ou un épisode de Doctor Who – quand cet homme me raconte que pendant 10 ans, il a été scénariste de… Smallville. (Au bout de dix ans, le pool de scénaristes a été remplacé par un logiciel.)
Pour les néophytes, Smallville, ça racontait l’adolescence de Superman.
Moment le plus WTF de mes vacances. Là, j’ai cru que je m’étais auto-définitivement-perdue pour moi-même.
Bref, à la fin de cette expérience, j’étais plutôt fière de moi. Une fierté pas partagée par le Chef qui m’a dit « je n’ai jamais vu des enfants aussi sales. Mais qu’est-ce que vous avez fait ?! » Je l’ai regardé les yeux exorbités, j’ai attrapé son bras pour le secouer en hurlant « MAIS ILS SONT EN VIE, EN VIE!! »
Et puis, je me suis rendue compte d’un truc : ni Têtard ni Curly ne garderont de souvenir de ces vacances. Aucun. Rien. Nada. On a vécu des trucs hyper forts ensemble et pschiit, ça a déjà été effacé de leurs mémoires pour faire de la place pour la visualisation de A et E, ou encore pour mémoriser le mot ouaho (qui signifie oiseau, n’est-ce pas). Quel gâchis…
Et maintenant, l’école, les feutres sur le mur, la soupe sur les genoux, et l’inévitable chien qui les suivra jusqu’à la maison pour avoir encore du goûter… :)
Dépêche-toi d’en faire deux ou trois autres, ça va te manquer.
Sinon, pas d’accord avec le dernier paragraphe : tu penses qu’ils n’ont rien conservé mais ça ressortira un jour (le jour où il ne faudrait pas, bien sûr) :
le 29 septembre, 2015 à 12 h 29 min– Maman ! Maman ! tu refais le cochon qui vomit ?
Bon, en fait, au bout de 10 ans, « Smallville » s’est arrêté. Mais ouais, c’était un peu le kamoulox tes vacances quand même. Heureusement que c’est la rentrée, tu vas pouvoir te reposer !
le 29 septembre, 2015 à 13 h 14 minJ’ai deux garçons (6 et 4). Après une ou deux expériences (ils se levaient encore plus tôt en vacances qu’à la maison), je me suis résignée à me dire que tant qu’ils faisaient encore la sieste, les vacances seraient plus sereines à la maison même si on est 2 adultes.
Même encore maintenant c’est sport mais déjà un peu moins. J’ai aussi toujours la furieuse impression que les autres gèrent mieux. Que c’est frustrant.
Peut-être que tu n’as pas le choix mais je ne comprends pas ton histoire de repas différents, à moins d’un régime spécial, Curly peut manger comme Tétard à 13 mois et pourquoi ne te prépares-tu pas par la même occasion une part pour toi?
le 29 septembre, 2015 à 13 h 25 minSur un BN chocolat, c’est peut-être meilleur… ^_^
Quelle épopée ! C’est savoureux ! :-)
le 29 septembre, 2015 à 14 h 05 minBonne tranche de rigolade, merci !
le 29 septembre, 2015 à 14 h 21 minLa comparaison avec le varan est super bien trouvée ! Je n’arrivais pas à mettre le doigt dessus à chaque fois que j’observais ma filleule avec cette démarche ! Et le reste de l’article est très drôle, comme d’hab.
le 29 septembre, 2015 à 16 h 11 minExcellent, j’ai rajeuni de cinq ans :
– le sommeil niqué,
– la vie amoureuse épisodique,
– les repas surréalistes que les menus sans goret à la cantine à coté, c’est piste verte,
– les pannes de couches,
– les regards compatissants,
– la collection de mégots,
– les vomitos dans le cou,
– les bavouilles sur l’épaule,
– les couches olympiques,
– les moments de panique passque tu peux jamais les avoir tous les deux en même temps dans le champ de vision,
– l’impression confuse et constante de ne rien maîtriser…
En même temps, j’ai adoré, parce-qu’au milieu de tout ça…
le 29 septembre, 2015 à 18 h 27 minHello,
Vieille maman de deux bébés nés à un an d’écart (c’est peu ou prou ce que tu vis), j’ai survécu. Pire, comme tu le dis si bien, j’ai aimé ces premières années -pourtant très éprouvantes. D’abord parce qu’en effet, c’est un petit exploit quotidien que de « boucler » chaque journée, et ça rend très fier (même si cette fierté est difficilement communicable à nos confrères humains), et ensuite parce qu’il y a quelque chose de jouissif à s’immerger dans deux autres êtres humains, à partager une intimité totale, à avoir une connaissance absolue de la psyché d’autrui, c’est une expérience unique, à mon avis.
Chacun vit cette expérience à sa façon, bien sûr, mais j’avais envie de partager avec toi trois petites astuces qui m’ont aidée, bien que mon expérience était pas mal différente, puisque j’étais tout le temps seule avec « elles ».
Le premier point, c’est l’anticipation : prévenir les bébés de tout ce qui va se passer, et de l’attitude qui était attendue (encore maintenant, mes filles se souviennent -à 18 ans !- du refrain avant d’entrer dans un magasin/lieu public quelconque : « Calme et discrétion », ou celui-ci au moment du coucher : « Pas de cris, pas de bruit, et surtout… (et là elles complétaient) pas de bêtises ! ». Bon, ça prend un certain temps à mettre en place, hein, c’est pas de la magie, c’est du martelage.
Le deuxième truc, c’est de s’inspirer de la discipline militaire. Elle a un côté marrant, on doit répondre un truc bien précis quand on donne un ordre. Ça plaît aux bébés (de 2/3 ans, hein, on est bien d’accord) autant que les cris d’animaux. On peut se faire répondre « Oui, mon capitaine », comme moi, ou « Oui mon général », si on est ambitieuse.
La troisième astuce, c’est d’être beaux. Déjà on ne va nulle part s’il n’y a pas de baignoire, parce que qui dit baignoire dit enfants propres, sentant bon et s’amusant, pendant que toi tu lis tranquillement (juste à côté) pendant une demi-heure. Ensuite quand on sort on les habille bien, et si possible assortis, et là on dispose du soutien moral de toute la communauté humaine, représentée par les vieilles dames, certes, mais bon. Le bonus psychologique donné par une sortie au jardin public où chaque vieille te félicite sur la beauté, la tenue, l’obéissance de tes bébés est inestimable pour ta santé mentale. Et ça peut même déboucher sur des offres de baby-sitting, que tu peux accepter si tu es du genre risque-tout.
En tous cas, merci pour tes hilarants articles, et bonne route !
le 29 septembre, 2015 à 21 h 21 min« J’avais l’impression de faire le chemin de croix d’une Cersei version Lidl. » <3
là, j'ai juste envie de me lever et de faire un slow clap :
le 29 septembre, 2015 à 21 h 28 minhttps://www.youtube.com/watch?v=TAryFIuRxmQ
Mais non ils n’ont pas déjà oublié. Au contraire ce qu’on vit à cet âge est inscrit à l’encre indélébile dans notre cerveau. C’est juste qu’après notre conscience n’y a plus accès (mais nos rêves si).
le 29 septembre, 2015 à 22 h 16 minJ’ai bien envie d’une vasectomie maintenant. Merci! :)
le 29 septembre, 2015 à 22 h 26 minMaman de jumeaux, je me reconnais partout !!!!! (sauf que je n’ai jamais croisé de scénariste). J’en suis arrivée à la même conclusion sur le syndrome de Stockholm ! Et même : je suis sûre que l’origine du syndrome est en fait un mécanisme de préservation de l’espèce pour nous empêcher d’abandonner nos enfants.
le 29 septembre, 2015 à 22 h 49 minAu début de l’été j’avais eu une envie de partir à l’aventure avec mon fils de 4 ans. J’avais vu des photos de vacances d’une copine, qui dormait à l’arrière de son break avec son gamin sur un matelas décathlon, ça faisait roots et ça sentait presque les années 80. J’ai tenté l’affaire avec un essai de 2 jours « safe » (au sens où il y avait une salle de bain et des chiottes) chez des potes dans un studio de vacances où on dort à 8 dans une pièce + balcon. Hé ben je suis rentrée chez moi et on a fait « l’aventure » à la maison, dans le jardin. J’ai tendu un drap entre 2 branches et ça nous faisait une cabane pour bouffer des glaces.
Merci pour tout ce que tu racontes, c’est énorme de voir à quel point on est tous et toutes en train de penser que les parents du trottoir d’en face s’en sortent mieux que nous, en fait. Et en lisant les comm, c’est encore plus parlant. Putain Titiou, en fait tu fais du lien social. DU LIEN SOCIAL.
le 29 septembre, 2015 à 23 h 56 minEt attends, t’es pas encore déléguée des parents d’élèves mais avec ton bol et ton talent pour attirer les situations croustillantes, ça ne saurait tarder…
mes filles ont fugué (« promenade ») à l’âge de 2 et 3 ans, le gars qui les a ramassées au bord de la route n’a pas voulu me les rendre avant l’arrivée des gendarmes
le 30 septembre, 2015 à 11 h 09 minet je les ai perdues/retrouvées cet été dans un aéroport (elles n’avaient ni papiers d’identité ni argent local ni notion de la langue), bref elles ont 14 et 15 , dorment beaucoup se lavent seules et ont des plus gros seins que moi , leur père est chouette c’est ce que je leur dis pour me défendre, au moins j’ai bien choisi…
bientôt tes garçons te feront des tartines et tu pourras remanger à ta faim, courage
tu devrais lire Ville Ranta (la jerusalem du pauvre / papa est un peu fatigué)…
le 30 septembre, 2015 à 11 h 17 minMandieu que j’ai ri! Merci!!
le 30 septembre, 2015 à 13 h 29 minC’est à ce moment la que sur la route de la plage, en passant près du bidonville, une Rom t’as offert un stérilet…
le 30 septembre, 2015 à 13 h 35 minMerci pour cette tranche de rigolade en 2 articles, merci de mettre des mots sur ce que je (nous) ressentons, et pourtant nous avons qu’un enfant.
le 1 octobre, 2015 à 14 h 12 minTu n’es pas seule et ça fait du bien de voir qu’on est à peu près tous pareil.
Moi c’est ta singularité de Titiou qui me plait, plus que le sentiment d’universalité du « on est toutes des vieilles mères moisies ».
Par ailleurs, photo parfaite de ta mère et de ta soeur.
le 1 octobre, 2015 à 16 h 00 minAller tu as déjà eu tout un tas de témoignages-feedback qui font se sentir moins seule, mais je ne peux pas résister à l’envie de te CC un de mes statuts Facebook dans le thème du jour alors que j’étais moi aussi mère célibataire quelques jours.
« La recette de la complète façon Axel (3 ans) :
– 1h du mat : Pipiiiiii
– 2h : Cacaaaaa
– 3h : Toux interminable qui se finit en jet de vomi façon l’Exorciste sur sa dévouée génitrice.
– 3h15 : récupération dans le lit sachant que c’est le début de la fin.
– 4h : Cauchemar de la culpabilisation (Hurlements dans la nuit + zapping Dolto « J’ai perdu ma maman qui va au travail » rien que ça+ la coupable désignée qui essaie péniblement de respirer avec un nain agrippé autour de sa tête à cet instant précis)
– 5h45 : « Maman, j’ai fini le gros dodo. Je veux le bib »
Cuite à point.
le 2 octobre, 2015 à 9 h 06 minC’est très drôle et très bien écrit, bravo!
le 2 octobre, 2015 à 12 h 07 minCoul le jeu des animaux :
le 3 octobre, 2015 à 22 h 07 minle lion qui chante
l’abeille qui louche
le singe qui pète
Mais le grand gagnant est :
le cochon qui vomit !
:D
Je ris tellement en te lisant!!! Avec mon mec on a également développé cette théorie selon laquelle avoir des enfants (bon un seul pour le moment, mais quand même…) c’était le syndrome de Stockholm porté à son paroxysme…!!! Ils t empêchent de dormir, te tyrannisent en exigeant a bouffer à coup de hurlements (parce qu’eux, ils ont la bouffe presidentielle!!!), te font oublier jusqu’à l existence mm de ce concept que l’on nomme communément « l’estime de soi » (la truie qui vomit quoi!!!!!), ils te foutent la honte…. Et malgré tout ca, comme tu dis, c’est une putain de drogue, et limite, plus ils t emmerdent, plus tu les aimes!
le 4 octobre, 2015 à 22 h 52 minContente de te retrouver avec cet excellent post en tous cas!
Mais du coup c’est bien ou pas les enfants ?
le 6 octobre, 2015 à 8 h 37 minOk, je suis un peine-à-jouir qui utilise des ronds de serviette. (en argent). O.o #mercipourcemoment de franche rigolade…
le 7 octobre, 2015 à 11 h 25 minPartie 1 et partie 2, j’en pleure encore de rire. Et je pensais être la seule à ne plus trop faire la différence entre mes « vraies » fringues et mon pyjama.. Merci. Vraiment.
le 7 octobre, 2015 à 19 h 52 minJ’adore,je ris encore : » du pâté étalé sur un BN fraise » c’est tellement ça!
le 7 octobre, 2015 à 22 h 18 minJ’ai pensé à Marjorie Poulet à la plage.
La photo de ta maman qui regarde ta sœur faire une crise est très belle.
Pour me sentir complètement normale, j’aurai aimé que tu avoues que toi aussi tu te demandes presque chaque jour pourquoi avoir fait ces p***** de gosses.
le 7 octobre, 2015 à 22 h 41 minMais ça fait quand même du bien d’en rigoler ! merci et bravo surtout (pour l’écriture)
sympa les nouveaux blogs de MagicMaman.com, on s’y croirait…
le 10 octobre, 2015 à 14 h 26 minsur ce, je vous laisse, j’ai vasectomie
Bonjour
Je n’ai pas encore d’enfants mais je voulais vous dire que c’est une des choses les plus drôles que j’ai jamais lu. Vraiment.
le 18 octobre, 2015 à 17 h 12 minNous sommes le 17/11 et je rigole.
le 17 novembre, 2015 à 13 h 05 minPutain, merci.